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L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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Juve n’avait plus, d’un coup de pied, qu’`a briser la vitre, qu’`a s’'elancer face au bandit, revolver au poing.

***

— Rendez-vous ou je vous tue.

Fant^omas, d’abord, recula lentement, un mauvais regard dans les yeux.

— Juve, Juve, murmura-t-il.

Le policier r'ep'eta :

— Haut les mains o`u je tire.

Fant^omas, brusquement, 'eclata de rire.

— Allons donc, cria-t-il, vous ne pouvez pas tirer. Regardez votre arme.

Son exclamation 'etait si naturelle que Juve, une seconde, baissait les yeux, consid'erait, en effet, son revolver.

Cette simple distraction suffit `a Fant^omas. Au moment m^eme, il bondit vers la porte du cabinet, il l’ouvrit, il la ferma derri`ere lui, il se jeta dans le vestibule.

— Hardi ! criait Juve.

Les deux hommes secou`erent la porte du cabinet de travail, elle 'etait ferm'ee, mais c’'etait l`a un pi`etre obstacle. `A coups d’'epaules, `a coups de pieds, les battants furent enfonc'es.

— Il a pris par l’escalier, criait Fandor se pr'ecipitant.

— Nous le rattraperons ! hurla Juve, s’'elancant derri`ere son ami.

Ils 'etaient `a ce moment dans les vestibule de l’appartement. Or, ils le longeaient en courant `a toute vitesse, brusquement, ils 'etaient pr'ecipit'es sur le sol, ils roul`erent l’un sur l’autre, immobilis'es, ligot'es `a moiti'e, incapables de se relever.

Du plafond, un filet aux mailles fines et lest'e par des contrepoids, venait de tomber sur eux, 'evidemment pr'ecipit'e par Fant^omas.

Juve et Fandor, emp^etr'es dans ce pi`ege d’un nouveau genre, devaient perdre de longues minutes avant de pouvoir reconqu'erir la libert'e de leurs mouvements, comme un braconnier prend des oiseaux dans son filet de panneautage, Fant^omas avait pris Juve et Fandor.

27 – SOUS LE DIVAN

Il faisait nuit et par les rues d'esertes qui avoisinent le boulevard Raspail, dans sa partie la plus 'eloign'ee du faubourg Saint-Germain, deux hommes avancaient `a grands pas.

C’'etaient Juve et Fandor. Les deux amis qui s’'etaient retrouv'es dans des circonstances v'eritablement extraordinaires, semblaient ne plus vouloir se quitter d'esormais et jouer partie li'ee, pour mieux se mettre `a la poursuite de leur redoutable adversaire et de ses sinistres complices. Ils avancaient rapidement, sans mot dire, pr'eoccup'es l’un et l’autre.

— O`u allons-nous Juve ?

— Rue Froidevaux, derri`ere le cimeti`ere Montparnasse.

— C’est gai, murmura le journaliste, vous avez toujours des trouvailles d`es que l’occasion se pr'esente pour nous de passer ensemble une bonne soir'ee. Si j’avais 'et'e consult'e sur notre itin'eraire, je vous avoue que j’aurais choisi, de pr'ef'erence, les boulevards et la place de l’Op'era.

— Vas-y, grommela Juve, fais de l’esprit, Fandor, c’est de ton ^age. Seulement, je ne vois gu`ere Fant^omas donnant ouvertement ses rendez-vous dans un caf'e des boulevards, comme ceux auxquels tu penses.

— Nous allons `a un rendez-vous de Fant^omas ?

— Non, du moins pas ce soir. Mais nous allons simplement 'etudier le terrain sur o`u aura lieu demain la bataille entre le mis'erable bandit et nous-m^emes, le terrain, sur lequel, j’esp`ere bien, il viendra se faire prendre, ce qui nous permettra en m^eme temps de tirer d’affaire et d’arracher des griffes de ce mis'erable la malheureuse famille Granjeard.

— C’est le troisi`eme acte d’un vaudeville, tout le monde se retrouve.

— Dis plut^ot qu’il s’agit peut-^etre de l’'epilogue d’un drame `a 'episodes.

— Je vois ce que c’est, fit Fandor, il va encore y avoir de la casse. Juve, comment savez-vous que Fant^omas a rendez-vous avec les Granjeard ?

— 'Ecoute, Fant^omas a eu l’audace de se pr'esenter sous mon nom chez les Granjeard. Il doit rencontrer ceux-ci au restaurant de L’'Epervier. La famille affol'ee de Saint-Denis, a promis d’apporter `a Fant^omas une somme assez coquette, il ne s’agit de pas moins d’un million. Avec ce qu’il a d'ej`a touch'e, cela fera deux millions. Puisque tu d'esires le savoir, Fandor, nous allons nous occuper de les reprendre, ces millions et c’est pour cela que nous nous rendons de ce pas `a L’'Epervier, o`u nous allons 'etudier le terrain. Fant^omas porte toujours sur lui, j’en ai acquis la preuve il y a quelques jours, les deux paquets de cinq cent mille francs qu’il a escroqu'es `a la famille Granjeard. Ce sera de bonne prise pour nous. Et maintenant, plus un mot, nous sommes arriv'es.

Fandor, machinalement, s’arr^eta, 'ecarquilla les yeux, regarda autour de lui. Le journaliste 'etait avec le policier dans une rue assez large, mais compl`etement d'eserte et fort mal 'eclair'ee. Pas de boutiques.

Quelques jardins venaient en bordure du trottoir, derri`ere lequel s’'elevait de petites masures, aux allures louches.

— C’est plein de gaiet'e, murmura Fandor qui, pour attendre une explication que Juve allait certainement lui fournir, s’'etait install'e sur le brancard d’une balayeuse d'etel'ee, abandonn'ee au bord de la chauss'ee.

Juve d'esigna `a son ami, visible plus loin, la masse sombre d’une petite maison s'epar'ee de la rue par une terrasse surmont'ee d’un balcon de pierre. Les fen^etres du premier 'etage de cet immeuble s’ouvraient sur la terrasse. Contrairement aux autres habitations de la rue, cette vieille baraque 'etait tout illumin'ee `a l’int'erieur.

— Voil`a, murmura Juve, le restaurant de L’'Epervier.

— L’'Epervier ? dit-il, j’ai entendu parler de cela autrefois. Qu’est-ce que c’est donc ?

— C’est un tr`es ancien vide-bouteilles. Et c’est rest'e un mauvais lieu.

— Vous parlez comme un livre et comme un dictionnaire, Juve. Vous offrez quoi ? Champagne,

« Drapeau am'ericain » ou saladier de vin rouge ? Je vous avoue que si cela n’a pas d’inconv'enient, je vote pour la premi`ere solution.

— Nous allons nous introduire dans cet immeuble sans frapper `a la porte, et sans demander notre chemin.

— Entrer par la fen^etre, je vois ca.

— En effet.

Ce soir-l`a, il y avait assur'ement une soci'et'e nombreuse qui festoyait au premier 'etage, car on entendait du dehors le cliquetis de la vaisselle et le tintement des fourchettes.

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