La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Place, r'ep'etait-il.
Et l’on s’'ecartait.
Et si Juve, lui, bondissait vers Fant^omas dans le dessein de l’arr^eter co^ute que co^ute, Fant^omas, devancant son mouvement, avait le temps de sortir de l’ossuaire, de franchir les quelques m`etres qui les s'eparaient de l’enceinte du cimeti`ere. Il cria :
— Merci Juve, vous venez de sauver ma fille. Je vous sauverai Fandor.
Le bandit, `a ce moment, sauta sur le cheval que Teddy avait abandonn'e pour s’avancer vers l’ossuaire.
Il piqua des deux, il allait dispara^itre.
— Mal'ediction, hurla Juve, c’est Fant^omas qui s’'echappe.
Le policier fouilla dans sa poche, tira son revolver… s’appr^eta `a faire feu.
Mais `a ce moment il chancela, bouscul'e, `a moiti'e assomm'e par un formidable coup de poing.
Juve avait `a peine le temps de reconna^itre son agresseur.
Teddy venait de sauver la vie `a Fant^omas.
28 – UN DUEL AU SABRE
— Bon Dieu de bon Dieu, mais il n’y a pas moyen de dormir tranquille ? Voil`a qu’on fait un raffut de tous les diables. Qu’est-ce qui se passe donc ? Est-ce `a moi que l’on en veut ou bien nul ne soupconne-t-il ma pr'esence ? C’est dangereux de me montrer, et, d’un autre c^ot'e, je ne peux pas rester dans l’incertitude. Voil`a bien dix minutes que j’entends tout ce potin, ma patience est `a bout.
Tout ce potin.
Celui qui parlait exag'erait, 'evidemment.
On entendait `a peine, en effet, dans la cour de la grande ferme de Teddy, que quelques chuchotements qu’accompagnaient par moments des pas pr'ecautionneux.
Mais ces bruits, si l'egers fussent-ils, avaient valeur de vacarme, tant ils prenaient de sens pour le dormeur qui s’en plaignait.
'Etrange dormeur, en v'erit'e, et 'etrange 'etait aussi sa chambre `a coucher.
Les b^atiments composant la ferme de Teddy comportaient une s'erie de b^atiments group'ees autour de la maison d’habitation. Plus loin, un peu `a l’'ecart, se trouvait une sorte de grand hangar, dont le rez-de-chauss'ee servait `a remiser les machines agricoles, tandis que le premier 'etage, sur'elev'e, 'etait transform'e en grenier `a fourrage.
Et c’'etait dans ce hangar, du beau milieu d’un tas de foin, que la voix railleuse avait parl'e, qu’un personnage s’'etait plaint.
Bient^ot, d’ailleurs, ce personnage se faisait voir.
Il 'emergeait du fourrage, les cheveux en d'esordre, parsem'es de brindilles dor'ees, les v^etements assez chiffonn'es.
Ce personnage, c’'etait Fandor.
Fandor et Teddy, lorsqu’ils avaient quitt'e les berges de la rivi`ere o`u le journaliste, sans l’opportune intervention de l’extraordinaire jeune fille, e^ut trouv'e une mort tragique, s’'etaient rendus `a la ferme. L`a, Teddy avait persuad'e Fandor de se tenir coi, quelque temps au moins, cach'e dans le grenier.
— Je vous en supplie, avait dit Teddy, 'ecoutez-moi, faites ce que je vous dis. Que vous 'echappiez aux recherches pendant quelques jours et vous serez tranquille, hors d’affaires, sauv'e. Car une fois le jugement rendu au sujet de la mort de ce pauvre Jupiter, nul ne songera plus `a vous poursuivre. Tandis qu’en ce moment, si l’on vous trouvait…
Il ne convenait pas au caract`ere de Fandor de se cacher, de se dissimuler. Courageux comme il l’'etait, le journaliste aurait cent fois pr'ef'er'e lutter face `a face avec ses adversaires, mais il est 'evident que Teddy avait raison.
L’accusation, et m^eme les accusations qui pesaient sur lui, si sottes qu’elles fussent, avaient leur importance. Il convenait de ne pas les n'egliger, d’y prendre garde et de ne pas agir en leur endroit `a la l'eg`ere.
Fandor s’'etait r'esign'e, avait 'ecout'e les avis de Teddy, s’'etait cach'e, se cachait.
« Apr`es tout, pensait le jeune homme, dans l’int'er^et m^eme de mes recherches, il convient que je ne me fasse pas sottement arr^eter. Gagnons du temps, nous verrons ensuite comment agir.
Teddy lui avait affirm'e qu’elle partait se renseigner sur l’'etat actuel des poursuites dirig'ees contre lui.
Fandor, confiant dans la parole de la jeune fille, l’avait laiss'e faire et, fid`ele `a la promesse qu’il lui avait donn'ee, s’'etait enfoui dans une botte de foin pour y sommeiller, comme en la plus tranquille des cachettes.
Malheureusement, au beau milieu de son somme, voil`a que Fandor 'etait r'eveill'e par les all'ees et venues qu’il avait entendues dans la cour.
Le journaliste, ne pensant pas qu’il pouvait s’agir de ceux qui le poursuivaient et se croyant bien `a l’abri de toutes esp`eces de recherches, venait de commettre une v'eritable imprudence. Avec sa bravoure tranquille et son insouciance ordinaire, il traversa le grenier et, pour se rendre compte des motifs du bruit, passait la t^ete `a l’une des lucarnes du grenier.
Fandor 'etait mal inspir'e. Il s’en rendit compte imm'ediatement, car `a peine 'etait-il apparu `a la lucarne que des exclamations furieuses le salu`erent.
— L`a… l`a… le voil`a… nous le tenons… hardi… fermez le hangar.
H'e, parbleu, Fandor, maintenant, comprenait `a merveille la situation.
Il 'etait pris, sottement pris, ridiculement pris.
Par la trahison, sans doute, de quelque voisin, qui l’avait vu entrer avec Teddy, les soldats, faisant office de policemen et lanc'es `a sa poursuite, avaient d^u ^etre avertis qu’il se trouvait cach'e dans le hangar `a fourrage.
Sans bruit, ils avaient entour'e le b^atiment, et maintenant Fandor ne pouvait plus s’'echapper.
Le journaliste n’'etait pas 'emu.
Il y avait longtemps qu’il s’'etait fait `a l’id'ee que ses aventures finiraient mal un jour.
Et Fandor, laconiquement, se d'eclara `a lui-m^eme :
« Ca y est, je suis boucl'e.
Instinctivement, pourtant, alors que les soldats hurlaient dans la cour de la ferme, Fandor s’'etait jet'e en arri`ere, `a l’int'erieur du grenier.
Il chercha, jetant autour de lui un regard de b^ete prise au pi`ege, si une issue s’offrait `a lui.