Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Il tenait un revolver `a la main, il semblait menacant et farouche, et, `a son apparition, la Recuerda et Fandor contemplant enfin son visage en pleine lumi`ere, pouss`erent un m^eme cri :
— Fant^omas !
C’'etait en effet Fant^omas qui sortait de la chambre de l’infant. Si Fandor 'etait parvenu `a se glisser `a l’int'erieur de l’Escurial pour y chercher H'el`ene, qu’il croyait enferm'ee, depuis l’incident du bracelet, Fant^omas, de son c^ot'e, avait r'eussi `a gagner les appartements de don Eugenio. Et, tandis que Fandor se d'eguisait en garde civil pour ne point attirer l’attention, Fant^omas, de son c^ot'e, n’h'esitait pas `a s’habiller en infant afin de tenter l’un de ces coups d’audace dont il 'etait coutumier.
`A peine la Recuerda eut-elle hurl'e le nom de Fant^omas qu’elle tirait de son sein un poignard effil'e et se pr'ecipitait vers le G'enie du Crime.
— Fant^omas, hurlait la Recuerda, c’est toi que j’'etais venu chercher ici ! Ah, tu pensais y trouver ta fille, et c’est la Mort qui t’attend ! Allons, je vais venger Backefelder, je vais venger mon amant !
Elle s’'etait si brusquement jet'ee sur le bandit que Fant^omas, n’avait pas eu le temps de se mettre en garde.
La Recuerda leva son poignard, inexorable. Elle allait frapper. Or, Fandor, si stup'efait qu’il f^ut, avait d'ej`a retrouv'e son sang-froid. Un meurtre allait se commettre sous ses yeux. Il ne pensa m^eme pas que c’'etait Fant^omas qui allait en ^etre victime. C’est sans r'efl'echir, qu’il se pr'ecipita en avant, se saisit de la Recuerda, la forca `a reculer, lui tordant la main, lui arrachant son poignard.
Mais Fandor allait ^etre mal r'ecompens'e de son action g'en'ereuse. Fant^omas, lui aussi, s’'etait ressaisi. D'elivr'e de la Recuerda en une seconde, il retrouvait son habituelle pr'esence d’esprit.
— J'er^ome Fandor, hurla-t-il, avec une ironie terrible, vous m’avez sauv'e la vie et je vous en remercie.
Il avait bondi en arri`ere. La lumi`ere 'electrique s’'eteignit et Fandor, une chaise recue en pleine poitrine, s’'ecroula. Des bruits de pas retentissaient. Fandor se relevait `a peine que la lumi`ere soudain se ralluma.
Fandor n’'etait plus seul dans la pi`ece avec Fant^omas et la Recuerda. Autour de lui, devant lui, se trouvaient maintenant une dizaine de gardes civils. La Recuerda avait disparu. Fant^omas, v^etu de ses habits de cour, calme et digne comme un v'eritable infant, d'eclarait en pur castillan et d’une voix qui ne tremblait pas :
— Hol`a gardes, emparez-vous de cet homme, je vous ai appel'es au secours, car il 'etait l`a pour m’assassiner.
Fandor n’'etait pas encore revenu de sa stup'efaction que les gardes l’emmenaient.
18 – MYST`ERE AU PONT CAULAINCOURT
— Les tramways sont en panne. Les tramways sont en panne.
Le petit chasseur de la Brasserie Walter, place Clichy, venait de p'en'etrer dans l’'etablissement `a une allure de boulet de canon. Le gosse, habill'e de rouge, semblait affol'e. M. Walter, le patron, courut `a lui, le saisit par le bras :
— Eh bien, quoi, petit imb'ecile, grommela-t-il, qu’est-ce qui te prend ? Je vais te fiche `a la porte. En voil`a des histoires. Qu’est-ce que ca peut bien te faire qu’ils soient en panne, les tramways ?
Mais le gamin jeta un regard terrifi'e vers son patron :
— Ce sont les tramways d’Enghien, s’'ecria-t-il.
— Et alors ? fit M. Walter qui ne comprenait pas.
— Il y en a un d’arr^et'e sur le pont Caulaincourt.
Un bourdonnement s’'etait 'elev'e dans la salle. Encore le pont Caulaincourt, quelle 'emotion ! La caissi`ere s’agitait derri`ere son comptoir, appelait les ma^itres d’h^otel, stimulait les garcons :
— M'efiance, leur disait-elle, avec tout ce remue-m'enage il y a des gens qui vont s’en aller sans r'egler.
Descendant des hauteurs de la rue Caulaincourt, une cinquantaine de personnes arrivaient en courant et se m^elaient `a la foule qui circulait place Clichy. Que se passait-il donc ?
Le boulevard de Clichy 'etait d’ailleurs encombr'e par une demi-douzaine de ces v'ehicules qui assurent le service entre Enghien et la place de la Trinit'e. Le courant manquait. La lumi`ere s’'etait 'eteinte, mais alors que la client`ele, habitu'ee `a ces sortes d’arr^ets, demeurait `a l’ordinaire paisible et patiente, ce jour-l`a, des gens s’'etaient avanc'es hors de la voiture, comme gagn'ees par une inqui'etude qui semblait leur ^etre transmise par les voyageurs de la voiture pr'ec'edente qui se trouvait arr^et'ee sur le pont Caulaincourt.
La panique 'etait n'ee du fait que le courant, cessant brusquement sur la ligne, un des tramways s’'etait immobilis'e net au milieu du pont. Ah, ca n’avait pas 'et'e long ! En d'epit des objurgations du conducteur, tout le monde 'etait descendu, on avait fui au galop, en direction de la place Clichy.
Et soudain, cris joyeux. L’'electricit'e s’'etait rallum'ee.
Le calme 'etait revenu 'egalement dans la vaste salle de la Brasserie Waltero`u les consommateurs continuaient, les uns `a vider leur bock, les autres `a souper.
On ne parlait que du Pont Caulaincourt et de ses fant^omes. Deux messieurs causaient `a l’entr'ee de la salle de billard. Un monsieur d’un certain ^age d'ej`a, `a l’apparence cossue, aux allures communes, et un homme jeune, 'el'egant, bien b^ati, rac'e. Cependant que ce dernier observait curieusement son interlocuteur et ne prononcait que de vagues monosyllabes, le vieux monsieur, fort bavard, paraissait tout heureux de trouver quelqu’un `a qui causer. Et il plaisantait sur les myst`eres, il racontait des histoires invraisemblables qui avaient toutes plus ou moins trait aux 'ev'enements bizarres et dramatiques qui, depuis quelque temps survenaient aux abords du pont Caulaincourt et pr'eoccupaient tout Paris.
Au vieil homme, le monsieur distingu'e, r'epondait aimablement.
Celui-ci en veine de confidence, d'eclarait :
— Je suis M. Person, entrepreneur de maconnerie, `a Saint-Ouen. J’ai l`a une tr`es grosse affaire qui me rapporte bien et cependant le m'etier est dur, il faut tout le temps aller et venir, se coucher tard, se lever de bonne heure.
— Ah ! fit son jeune interlocuteur, qui paraissait m'ediocrement int'eress'e. Cependant, il r'epondit, lorsque le vieux monsieur lui demanda, par politesse :