Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— Non, ce n’est pas possible.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
L’agent sortit de l’int'erieur de la voiture, il tenait des v^etements, des v^etements noirs, fins et souples, et un plastron blanc.
— Encore, grogna L'eon.
Il s’approchait de l’agent, mais il s’arr^eta court. Derri`ere lui, un g'emissement venait de retentir, qui s’'etait 'echapp'e des l`evres de M. Person.
— Vol'e, murmurait Person, vol'e, je n’ai plus mon portefeuille. Disparu.
— Qu’est-ce que vous dites ?
— Oui, monsieur, j’ai 'et'e odieusement d'epouill'e. Figurez-vous que j’avais vingt mille francs en billets de banque. Ils ont disparu. Ah, mon Dieu, ah, mon Dieu !
***
— Enfin, mon cher Juve, y comprenez-vous quelque chose ?
— Rien, dit Juve.
Le policier se trouvait au Palais de Justice, dans le cabinet du juge d’instruction qui avait remplac'e l’infortun'e Mourier, myst'erieusement assassin'e quarante-huit heures plus t^ot.
Or, le magistrat qui avait pris la suite du d'efunt n’'etait autre que M. Fuselier, juge habile et document'e, qui, `a maintes reprises, avait eu `a intervenir dans des proc`es, dans des enqu^etes auxquelles Juve 'etait m^el'e, et non pas Juve tout seul, mais encore et aussi Fandor, enfin et surtout, Fant^omas.
— Non, mon cher monsieur Fuselier, j’avoue que les myst`eres se multiplient autour de nous. Ils sont tragiques. Et ils restent incompr'ehensibles. Je n’y comprends rien.
— H'elas, fit Fuselier, c’est `a peu pr`es comme moi. Ce pauvre Mourier a laiss'e des affaires embrouill'ees, dossiers mal tenus, enqu^etes en d'esordre. Il 'etait de la vieille 'ecole et ne proc'edait point dans ses instructions avec la m'eticuleuse m'ethode de la jeune g'en'eration.
« 'Ecoutez, reprit Fuselier, vous ^etes, mon cher ami, le seul inspecteur de la S^uret'e en qui j’aie confiance et sur lequel je puisse compter. Nous avons, non seulement des relations l’un et l’autre qui remontent `a pas mal d’ann'ees, mais encore une intimit'e, une camaraderie, qui me permettent, m’adressant `a vous, de solliciter bien plus le concours d’un ami que l’appui d’un collaborateur.
— Exact. Mais o`u voulez-vous en venir ?
— `A ceci, fit Fuselier : la S^uret'e g'en'erale, les inspecteurs ordinaires, M. Havard lui-m^eme, sont des gens que je tiens pour parfaitement incapables de nous sortir de cet imbroglio. Il faut que nous marchions ensemble Juve. Vous allez avec moi vous occuper de toutes les instructions dont je suis charg'e. L’affaire de la Maison d’Or, vous savez bien ce vol `a l’esbroufe [12] qui a 'et'e commis avec une audace sans pareille. L’histoire 'egalement de ce malheureux homme auquel on a coup'e les oreilles, victime encore de Fant^omas, assur'ement. Enfin, Juve, il faut tirer au clair la s'equestration dont vous avez 'et'e victime et aussi il est indispensable que nous venions `a bout de cette ahurissante affaire du spectre de la rue Caulaincourt, qui non seulement terrifie, assassine, mais vole encore !
— H'elas, murmura Juve, je ne puis vous promettre mon concours pour le moment. Il est une chose qui prime tout pour moi, c’est Fandor. O`u est-il ? Qu’est-il devenu ? O`u pourrais-je le retrouver ? L`a pour moi est le principal probl`eme et j’'eprouve `a son 'egard de telles appr'ehensions que je me sens incapable de m’occuper d’autre chose.
— Je vous en prie, Juve, cela ne vous emp^echerait pas de rechercher Fandor, tout en enqu^etant pour mon compte.
Le magistrat s’arr^eta, on venait de frapper `a sa porte :
— Qu’est-ce que c’est ?
Un jeune attach'e du Parquet se pr'esenta :
— Monsieur le juge, fit-il, c’est de la part du procureur g'en'eral. Une plainte qu’on vient de lui adresser et qui peut avoir un int'er^et pour les affaires que vous instruisez.
L’attach'e du Parquet se retira apr`es avoir remis une lettre au magistrat. Celui-ci la lut rapidement, puis la d'eposa sur un coin de son bureau.
— Est-il indiscret de vous demander… ?
— Mais non, fit Fuselier, seulement la chose n’a qu’une importance m'ediocre, c’est l’infant d’Espagne, don Eugenio qui se plaint qu’on lui a vol'e sa voiture. Je me demande quel rapport cela peut avoir avec les affaires dont je suis charg'e. Mon cabinet n’est pas le bureau des objets perdus.
Mais Juve qui s’'etait pench'e par-dessus l’'epaule du magistrat pour lire le document qu’il avait recu poussa une exclamation :
— Mais sa voiture, c’est le n° 67.921.
— Peut-^etre. C’est bien cela, en effet.
— Mais savez-vous, monsieur Fuselier, que c’est la voiture retrouv'ee cette nuit au pont Caulaincourt ? La voiture dans lequel 'etait ce nomm'e Person, l’entrepreneur de maconnerie qui, apr`es avoir racont'e `a un inconnu trouv'e au caf'e qu’il avait vingt mille francs sur lui, a 'et'e d'epouill'e.
Juve mit son chapeau, prit cong'e :
— Eh bien, d'eclara-t-il, en s’en allant, je change d’avis. Fuselier, comptez sur moi pour m’occuper de toutes ces affaires.
Puis le policier, `a toute allure, descendit l’escalier de l’instruction, quitta le Palais de Justice, sauta dans un taxi-auto.
***
— J’ai de la chance, murmurait Juve.
Et le policier, sans s’asseoir, comme l’avait invit'e `a le faire un vieux domestique en livr'ee, allait et venait dans un salon richement meubl'e, mais dont les meubles couverts de housses pour la plupart tendaient `a prouver que la pi`ece 'etait rarement habit'ee.
Juve, en quittant Fuselier, s’'etait fait conduire directement rue Erlanger. Il n’esp'erait gu`ere rencontrer l’infant d’Espagne, mais avait eu la chance d’apprendre que Son Altesse Royale ne demandait pas mieux que de le recevoir.
Quelques instants plus tard, don Eugenio rejoignait le policier :
— Monseigneur, d'eclara Juve, en s’inclinant respectueusement, je vous suis adress'e par la Pr'efecture de Police au sujet de la plainte que vous avez port'ee. On vous a vol'e votre voiture automobile ?