Габили Дидье-Жорж
Биография
`a Saumur. Il passe son enfance et son adolescence `a Tours. Il interrompt volontairement ses 'etudes secondaires en 1971 ; exerce divers m'etiers, acqu'erant en autodidacte une culture litt'eraire, philosophique, picturale et cin'ematographique ; d'ebuts d'une activit'e d''ecriture r'eguli`ere. Il est acteur au d'ebut des ann'ees soixante-dix. Il joue notamment dans le Nuage amoureux de Nazim Hikmet mis en sc`ene par Mehmet Ulusoy, dans la P'erichole mise en sc`ene au Th'e^atre de l'Unit'e parJacques Livchine, et dans Si l’'et'e revenait d’Arthur Adamov sous la direction de Gilles Chavassieux. C'est l`a qu'il rencontre Bernard Dort, `a qui il fait lire son premier texte de th'e^atre, Chute du rien : "une pi`ece pl'ethorique avec quarante personnages, une pi`ece sur le r^eve, sur l'impossibilit'e de r^ever le monde, une pi`ece qui se demandait ce que l'on pouvait bien faire avec le th'e^atre en dehors de ce foutu th'e^atre du quotidien omnipr'esent `a l''epoque". B. Dort reconna^itra imm'ediatement en D.-G. Gabily "un des artisans les plus aigus et les plus exigeants de notre temps".
En 1974, il rencontre le directeur du Centre Dramatique de Tours, Andr'e Cellier, qui lui confie une partie du travail avec les acteurs. Et en 1978, il met en sc`ene "Tambours dans la nuit" de Brecht, `a Paris, au Dix-Huit Th'e^atre. Il sort tr`es endett'e d'un travail qu'il a, dit-il, peu aim'e… Par ailleurs, ses pi`eces commencent `a int'eresser Th'e^atre Ouvert. L'une d'elles, "L'Emploi du Temps", est mise en sc`ene par le Th'e^atre de l'Est Lyonnais. Ce qu'il voit de la mise en sc`ene (il sort au bout de dix minutes) est pour lui une v'eritable d'eception : il juge la mise en sc`ene "totalement d'ecorative et absconse", et il ne reconna^it pas le texte qu'il a 'ecrit. Premi`ere grande coupure, motrice, fondamentale. Ann'ees d'errance.
En 1982, au Mans, il rencontre Le Th'e^atre du Radeau et Francois Tanguy (`a qui il d'edicacera plus tard "Enfoncures"). Andr'e Cellier est nomm'e au Centre Dramatique du Maine et lui propose de s'y int'egrer. D.-G. Gabily acceptera ses commandes d''ecriture ("Scarron", 1983, "Le Jeu de la commune", 1986), et exprimera le souhait de travailler essentiellement sur un atelier. Il repartira quelques mois plus tard, en d'esaccord artistique et ne trouvant pas sa place dans ce type d'institution.
Les ann'ees qui suivent, il organise r'eguli`erement des rencontres avec des acteurs sur des p'eriodes de quatre ou cinq mois. Il pose ainsi les premiers jalons d'une exp'erience limite et souvent radicale. Le premier Groupe T'chan'G na^itra de ces rencontres r'eguli`eres.
En 1986, il monte "L'Echange" de Claudel dans le garage souterrain du Centre Dramatique du Maine, pr^et'e par A. Cellier. C'est le premier travail dont il est fier, avec des acteurs qu'il aime.
Si ce n'est par l'interm'ediaire des acteurs de "L'Echange" qui, entr'es dans les 'ecoles nationales (TNS, Chaillot) continueront `a fr'equenter l'atelier qu'il dirige, il n'entretient presque plus aucun contact avec le th'e^atre. Entre pi`eces de commande ("Ev'enements", 1988), sc'enarios et petits m'etiers, il se consacre `a l''ecriture (son premier roman, "Physiologie d'un accouplement", para^it chez Actes Sud en 1988) et `a la formation d'acteurs. Il organise r'eguli`erement des stages tous les 'et'es, le groupe d'acteurs s''etoffe de gens qui lui sont pr'esent'es par les acteurs de "L'Echange".
Apr`es les "Travaux Orestiens" (d'apr`es "L'Orestie" d'Eschyle, traduction Paul Claudel), en 1989, ceux-ci lui proposent de monter "Scarron". Il refuse tout en leur promettant d''ecrire un texte pour eux, une pi`ece "qui soit `a leur bouche et qui, dans le m^eme temps, pose des questions dramaturgiques fortes". Dans ce but, il leur demande de travailler avec lui encore deux ans sans organiser de repr'esentation publique. Le Groupe T'chan'G! est cr'e'e. D.-G. Gabily dirige toujours l'atelier de formation pendant que le premier groupe d'acteurs s'engage avec lui dans un long travail sur cinq "Ph`edre(s) et Hippolyte(s)" (Euripide, S'en`eque, Garnier, Racine, Ritsos) entre 1990 et1991, pendant qu'il 'ecrit "Violences". Dans le m^eme temps, il a termin'e l''ecriture d' "Ossia, variations `a la m'emoire d'Ossip et Nadejda Mandelstam, pour A. Cellier et H. Roussel, qui lui ont command'e la pi`ece, que D.-G. Gabily met en sc`ene au Th'e^atre Poche Montparnasse en 1990, puis au TNS en 1991. Il a 'egalement achev'e l''ecriture d'un nouveau roman, "A trois voix". L''editeur refuse le manuscrit dans son int'egralit'e mais publie un des r'ecits : "Couvre-feux" (Actes Sud, 1990).
Enfin Violences (un diptyque) est cr'e'e au Th'e^atre de la Cit'e internationale, en septembre 1991. C'est la premi`ere manifestation publique du groupe T'chan'G!, d'une dur'ee de plus de sept heures (voir l'article de Jean-Pierre Thibaudat, Lib'eration du 10 octobre 1991).
Tandis que la guerre du Golfe 'eclate, il 'ecrit "Enfoncures" (oratorio-mat'eriau) et "L'Au-del`a" (roman) qui para^it en 1992. Il 'ecrit une pi`ece sur le mythe de Dom Juan, command'ee par Anne Torr`es : "Chim`ere et autres bestioles", travers'ee, elle, par la guerre des Balkans. En 1992 et 1993, le Groupe T'chan'G! dans son entier (l'atelier de formation d'acteurs ET le groupe d'acteurs professionnels) est accueilli au Th'e^atre de la Bastille et au Festival d'Avignon pour deux cr'eations : "Des Cercueils de zinc", d'apr`es le recueil de t'emoignages sur la guerre d'Afghanistan de Svetlana Alexievitch, et "Enfoncures", qui entrem^ele le r'ecit des derniers jours de la vie de H"olderlin avec les premiers jours de la guerre du Golfe. `A deux reprises, en 1993, puis en 1995, le Th'e^atre National de Bretagne propose `a D.-G. Gabily de faire travailler les 'el`eves de l''ecole. L'occasion pour lui de poursuivre l'atelier : "Qu'est-ce qu'une 'ecriture? Comment se fabrique un texte? Qu'est-ce que la po'etique?" sont pour lui des questions essentielles. Il s'agit de "tenter de faire acc'eder les acteurs `a la po'etique du texte avant m^eme de les faire acc'eder au sens". Ils travaillent sur l'alexandrin, la langue de Garnier, de M"uller, d'Eschyle… Un des deux ateliers sera pr'esent'e `a La Passerelle, Sc`ene Nationale de Saint-Brieuc : "Les Juifves", de Robert Garnier (janvier 1993).
Il 'ecrit "TDM3 (Th'e^atre du M'epris 3)" en 1994, en r'eponse `a une commande de Christian Colin, en r'ef'erence au film de Godard et au roman d'Alberto Moravia. "Je vais parler d'amour au th'e^atre", note-t-il, "Ce sera l'acte des b^etes / C'est le voyage d'Ulysse que je vais raconter".
En 1994, il fait partie, avec Michel Azama, Eug`ene Durif, Roland Fichet, Philippe Minyana, Jean-Marie Piemme et No"elle Renaude, du comit'e de r'edaction qui fonde la revueProspero, qui devient Les Cahiers de Prospero, publi'ee par le Centre National des 'Ecritures du Spectacle. Il y publiera plusieurs textes. Il n'a pas les moyens pour monter les cinq "Ph`edre(s) et Hippolyte(s) dont il avait d'ej`a pr'esent'e une 'ebauche en 1990 (au Mans, dans la salle pr^et'ee par le Th'e^atre de l'Enfumeraie), et il est contraint d''ecrire ce qui s'appellera (`a juste de titre, puisqu'il doit 'ecrire au fur et `a mesure de la cr'eation, la nuit pour les r'ep'etitions du lendemain) "Gibiers du Temps" : "un texte g'en'erique sur ce que nous sommes, comment nous sommes dans le monde `a travers le mythe de Ph`edre." Gibiers du temps est cr'e'e en 1994-1995 2, variation sur le th`eme mythologique de Ph`edre et Hippolyte, avec ses trois « 'epoques » : Th'es'ee, Voix et Ph`edre, fragments d'agonie, o`u Gabily 'evoque des figures de la mythologie grecque : Ph`edre, Th'es'ee, la Pythie,Hercule, Herm`es, les Amazones… et les confronte `a notre 'epoque, `a la brutalit'e de notre monde. Chaque pi`ece a 'et'e mont'ee dans un th'e^atre diff'erent partenaire du projet, o`u le Groupe T'chan'G 'etait en r'esidence.
Dominique Pitoiset lui commande une suite `a "La Dispute" de Marivaux, ce sera "Contention, un baisser de rideau" (1995). Le texte ne sera pas mont'e, et sera 'edit'e apr`es sa mort.
Didier-Georges Gabily meurt `a Paris le 20 ao^ut 1996, des suites d’une op'eration, alors qu’il est depuis juillet en r'ep'etition au th'e^atre des Amandiers `a Nanterre avec le Groupe T'chan'G d’un diptyque associant sa propre pi`ece Chim`ere et autres bestioles au Dom Juan de Moli`ere. Le Groupe T'chan'G d'ecide de poursuivre ce travail de cr'eation et joue en octobre 1996 au Th'e^atre National de Bretagne le spectacle Dom Juan / Chim`ere, avant de se dissoudre.
Les archives de Didier-Georges Gabily sont d'epos'ees `a l’IMEC en 2005 ; ce fonds a ensuite 'et'e compl'et'e par des enregistrements d''emissions radiophoniques sur l'auteur.