Cendrillon
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3. Lisez la 3e partie et faites le devoir !
Enfin l'heureux jour arriva, on partit, et Cendrillon les suivit des yeux le plus longtemps qu'elle put; lorsqu'elle ne les vit plus, elle se mit `a pleurer. Sa marraine, qui la vit tout en pleurs, lui demanda ce qu'elle avait :
–"Je voudrais bien… je voudrais bien…"
Elle pleurait si fort qu'elle ne put achever. Sa marraine, qui 'etait f'ee, lui dit:
–"Tu voudrais bien aller au bal, n'est-ce pas ?
–" H'elas oui" dit Cendrillon en soupirant.
–" H'e bien, seras-tu bonne fille ?" dit sa marraine, je t'y ferai aller. Elle la mena dans sa chambre, et lui dit :
–"Va dans le jardin et apporte-moi une citrouille."
Cendrillon alla aussit^ot cueillir la plus belle qu'elle put trouver, et la porta `a sa marraine, ne pouvant deviner comment cette citrouille pourrait la faire aller au bal. Sa marraine la creusa, et n'ayant laiss'e que l''ecorce, la frappa de sa baguette, et la citrouille fut aussit^ot chang'ee en un beau carrosse tout dor'e. Ensuite elle alla regarder dans sa sourici`ere, o`u elle trouva six souris toutes en vie ; elle dit `a Cendrillon de lever un peu la trappe de la sourici`ere, et `a chaque souris qui sortait, elle lui donnait un coup de sa baguette, et la souris 'etait aussit^ot chang'ee en un beau cheval; ce qui fit un bel attelage de six chevaux, d'un beau gris de souris pommel'e. Comme elle 'etait en peine de quoi elle ferait un cocher :
–"Je vais voir, dit Cendrillon, s'il n'y a point quelque rat dans la rati`ere, nous en ferons un cocher."
–" Tu as raison», dit sa marraine " va voir."
Cendrillon lui apporta la rati`ere, o`u il y avait trois gros rats. La f'ee en prit un d'entre les trois, `a cause de sa ma^itresse barbe, et l'ayant touch'e, il fut chang'e en un gros cocher, qui avait une des plus belles moustaches qu'on ait jamais vues. Ensuite elle lui dit :
–"Va dans le jardin, tu y trouveras six l'ezards derri`ere l'arrosoir, apporte- les-moi."
Elle ne les eut pas plus t^ot apport'es, que la marraine les changea en six laquais, qui mont`erent aussit^ot derri`ere le carrosse avec leurs habits chamarr'es, et qui s'y tenaient accroch'es, comme s'ils n'eussent fait autre chose toute leur vie. La f'ee dit alors `a
Cendrillon :
–"H'e bien, voil`a de quoi aller au bal, n'es-tu pas bien aise ?
–" Oui, mais est-ce que j'irai comme ca avec mes vilains habits ?"
Sa marraine ne fit que la toucher avec sa baguette, et en m^eme temps ses habits furent chang'es en des habits de drap d'or et d'argent tout chamarr'es de pierreries; elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde. Quand elle fut ainsi par'ee, elle monta en carrosse; mais sa marraine lui recommanda instamment de ne pas d'epasser minuit, l'avertissant que si elle demeurait au bal un moment de plus, son carrosse redeviendrait citrouille, ses chevaux des souris, ses laquais des l'ezards, et que ses vieux habits reprendraient leur premi`ere forme. Elle promit `a sa marraine qu'elle ne manquerait pas de sortir du bal avant minuit.
4. Lisez la 4e partie et faites le devoir !
Elle part, ne se sentant pas de joie. Le fils du roi, qu'on alla avertir qu'il venait d'arriver une grande princesse qu'on ne connaissait point, courut la recevoir; il lui donna la main `a la descente du carrosse, et la mena dans la salle o`u 'etait la compagnie. Il se fit alors un grand silence; on cessa de danser, et les violons ne jou`erent plus, tant on 'etait attentif `a contempler les grandes beaut'es de cette inconnue. On n'entendait qu'un bruit confus :
–"Ha, qu'elle est belle !"
Le roi m^eme, tout vieux qu'il 'etait, ne lassait pas de la regarder, et de dire tout bas `a la reine qu'il y avait longtemps qu'il n'avait vu une si belle et si aimable dame. Toutes les dames 'etaient attentives `a consid'erer sa coiffure et ses habits, pour en avoir d`es le lendemain de semblables, pourvu qu'il se trouv^at des 'etoffes assez belles, et des ouvriers assez habiles.
Le fils du roi la mit `a la place d'honneur, et ensuite la prit pour la mener danser : elle dansa avec tant de gr^ace, qu'on l'admira encore davantage. On apporta une fort belle collation, dont le jeune prince ne mangea point, tant il 'etait occup'e `a la contempler. Elle alla s'asseoir aupr`es de ses soeurs, et leur fit mille honn^etet'es : elle leur fit part des oranges et des citrons que le Prince lui avait donn'es, ce qui les 'etonna fort, car elles ne la connaissaient point. Lorsqu'elles causaient ainsi, Cendrillon entendit sonner onze heures trois quarts : elle fit aussit^ot une grande r'ev'erence `a la compagnie, et s'en alla le plus vite qu'elle put.
5. Lisez la 5e partie et faites le devoir !
D`es qu'elle fut arriv'ee, elle alla trouver sa marraine, et apr`es l'avoir remerci'ee, elle lui dit qu'elle souhaiterait bien aller encore le lendemain au bal, parce que le fils du roi l'en avait pri'ee. Comme elle 'etait occup'ee `a raconter `a sa marraine tout ce qui s''etait pass'e au bal, les deux soeurs frapp`erent `a la porte ; Cendrillon alla leur ouvrir :
–"Que vous avez mis longtemps `a revenir !" leur dit-elle en b^aillant, en se frottant les yeux, et en s''etendant comme si elle n'e^ut fait que de se r'eveiller; elle n'avait cependant pas eu envie de dormir depuis qu'elles s''etaient quitt'ees.
–"Si tu 'etais venue au bal, lui dit une de ses soeurs, tu ne t'y serais pas ennuy'ee : il y est venu la plus belle princesse, la plus belle qu'on puisse jamais voir; elle nous a fait mille civilit'es, elle nous a donn'e des oranges et des citrons."
Cendrillon ne se sentait pas de joie : elle leur demanda le nom de cette princesse; mais elles lui r'epondirent qu'on ne la connaissait pas, que le fils du roi en 'etait fort en peine, et qu'il donnerait toutes choses au monde pour savoir qui elle 'etait. Cendrillon sourit et leur dit :
–"Elle 'etait donc bien belle ? Mon Dieu, que vous ^etes heureuses, ne pourrais-je point la voir ? H'elas ! Mademoiselle Javotte, pr^etez-moi votre habit jaune que vous mettez tous les jours."
–" Vraiment», dit Mademoiselle Javotte, " je suis de cet avis ! Pr^etez votre habit `a un vilain Cedrillon comme cela, il faudrait que je fusse bien folle."
6. Lisez la 6e partie et faites le devoir !
Cendrillon s'attendait bien `a ce refus, et elle en fut bien aise, car elle aurait 'et'e grandement embarrass'ee si sa soeur e^ut bien voulu lui pr^eter son habit. Le lendemain les deux soeurs furent au bal, et Cendrillon aussi, mais encore plus par'ee que la premi`ere fois. Le fils du roi fut toujours aupr`es d'elle, et ne cessa de lui conter des douceurs; la jeune demoiselle ne s'ennuyait point, et oublia ce que sa marraine lui avait recommand'e; de sorte qu'elle entendit sonner le premier coup de minuit, lorsqu'elle ne croyait pas qu'il f^ut encore onze heures : elle se leva et s'enfuit aussi l'eg`erement qu'aurait fait une biche. Le prince la suivit, mais il ne put l'attraper; elle laissa tomber une de ses pantoufles de verre, que le prince ramassa bien soigneusement. Cendrillon arriva chez elle bien essouffl'ee, sans carrosse, sans laquais, et avec ses m'echants habits, rien ne lui 'etant rest'e de toute sa magnificence qu'une de ses petites pantoufles, la pareille de celle qu'elle avait laiss'ee tomber. On demanda aux gardes de la porte du palais s'ils n'avaient point vu sortir une princesse; ils dirent qu'ils n'avaient vu sortir personne, qu'une jeune fille fort mal v^etue, et qui avait plus l'air d'une paysanne que d'une demoiselle.