Том 6. Художественная проза
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Ces sectaires ont un tr`es grand respect pour les monast`eres chr'etiens qui sont dans leurs environs. Quand ils vont les visiter, ils ^otent leurs chaussures avant d'entrer dans l'enceinte et marchant pieds nus, ils baisent la porte et les murs; ils croient par l`a s'assurer la protection du saint dont le couvent porte le nom. S'il leur arrive, pendant une maladie, de voir en r^eve quelque monast`ere, ils ne sont pas plut^ot gu'eris qu'ils vont le visiter, et y porter des offrandes d'encens, de cire, de miel, ou de quelque autre chose. Ils y demeurent environ un quart d'heure, et en baisent de nouveau les murailles avant de se retirer. Ils ne font aucune difficult'e de baiser les mains du patriarche ou de l''ev^eque, qui est sup'erieur du monast`ere. Quant aux mosqu'ees des Turcs, ils s'abstiennent d'y entrer.
Les Y'ezidis reconnaissent pour chef de leur religion, le scheikh qui gouverne la tribu `a laquelle est confi'ee la garde du tombeau du scheikh Adi, restaurateur de leur secte. Ce tombeau se trouve dans la juridiction du prince d'Amadia. Le chef de cette tribu doit toujours ^etre pris parmi les descendants du scheikh Y'ezid: il est confirm'e dans sa place, sur la demande des Y'ezidis, et moyennant un pr'esent de quelques bourses, par le prince d'Amadia. Le respect, que ces sectaires portent au chef de leur religion, est si grand, qu'ils s'estiment tr`es heureux quand ils peuvent obtenir une de ses vieilles chemises, pour leur servir de linceul: ils croient que cela leur assure une place plus avantageuse dans l'autre monde. Quelques-uns donnent jusqu'`a quarante piastres pour une semblable relique, et s'ils ne peuvent l'obtenir toute enti`ere, ils se contentent d'en avoir une portion. Quelquefois le scheikh lui-m^eme envoie une de ses chemises en pr'esent. Les Y'ezidis font passer secr`etement `a ce chef supr^eme une portion de tous leurs brigandages, pour l'indemniser de d'epenses que lui occasionne l'hospitalit'e qu'il exerce envers ceux de sa secte.
Le chef des Y'ezidis a toujours pr`es de lui un autre personnage qu'ils appellent kotchek, et sans le conseil duquel il n'entreprend rien. Celui-ci est regard'e comme l'oracle du chef, parce qu'il a le privil`ege de recevoir imm'ediatement des r'ev'elations du Diable. Aussi quand un Y'ezidi h'esite s'il doit entreprendre quelque affaire importante, il va trouver le kotchek, et lui demander un avis, qu'il n'obtient point n'eanmoins sans qu'il lui en co^ute quelque argent. Avant de satisfaire `a la consultation, le kotchek, pour donner plus de poids `a sa r'eponse, s''etend tout de son long par terre, et se couvrant il dort, ou fait semblant de dormir, apr`es quoi il dit qu'il lui a 'et'e r'ev'el'e pendant son sommeil telle ou telle d'ecision: quelquefois il prend un d'elai de deux ou trois nuits, pour donner sa r'eponse. L'exemple suivant fera voir, combien est grande la confiance que l'on a en ses r'ev'elations. Jusqu'`a il y a environ quarante ans, les femmes des Y'ezidis portaient comme les femmes Arabes, afin d''epargner le savon, des chemises bleues teintes avec l'indigo. Un matin, lorsque l'on s'y attendait le moins, le kotchekalla trouver le chef de la secte, et lui d'eclara que pendant la nuit pr'ec'edente il lui avait 'et'e r'ev'el'e, qui le bleu 'etait une couleur de mauvais augure et qui d'eplaisait au Diable. Il n'en fallut pas d'avantage pour que l'on envoy^at sur le champ `a toutes les tribus par des expr`es, l'ordre de proscrire la couleur bleue, de se d'efaire de touts les v^etements qui 'etaient de cette couleur, et d'y substituer des habits blancs. Cet ordre fut ex'ecut'e avec une telle exactitude, que si aujourd'hui un Y'ezidi se trouvant log'e chez un Turc ou chez un Chr'etien, on lui donnait une couverture de lit bleue, il dormirait plut^ot avec ses seuls v^etements, que de faire usage de cette couverture, f^ut ce m^eme dans la saison la plus froide.
Il est d'efendu aux Y'ezidis d'ajuster leurs moustaches avec des ciseaux, ils doivent les laisser cro^itre naturellement: aussi y en a-t-il parmi eux dont on apercoit `a peine la bouche.
Cette secte a aussi ses satrapes, qui sont connus du c^ot'e d'Alep sous le nom de fakiran, et que le vulgaire appelle karabasche, parce qu'ils portent sur la t^ete un bonnet noiravec des bandelettes de m^eme couleur. Leur manteau ou aba, est pareillement noir, mais leurs habits de dessous sont blancs. Ces gens-l`a sont en tr`es petit nombre; partout o`u ils vont, on leur baise les mains, et on les recoit comme des ministres de b'en'ediction, et des pr'esages de bonne fortune. Quand on les appelle aupr`es d'un malade, ils lui imposent les mains sur le cou et sur les 'epaules et sont bien r'ecompens'es de leurs peines. S'ils sont mand'es pour assurer `a un mort le bonheur dans l'autre monde avant de v^etir le cadavre, ils le dressent sur ses pieds, et lui touchent l'eg`erement le cou et les 'epaules; ensuite ils le frappent de la paume de la main droite, lui adressant en m^eme temps ces mots en langue kourde, ara b'ehescht, c'est-`a-dire vas en paradis. Ils sont ch`erement pay'es pour cette c'er'emonie, et ne se contentent point d'une modique r'etribution.
Les Y'ezidis croient que les ^ames des morts vont dans un lieu de repos, o`u elles jouissent d'un degr'e de f'elicit'e plus ou moins grand, en proportion de leurs m'erites; et qu'elles apparaissent quelquefois en songe `a leurs parents et `a leurs amis, pour leur donner avis de ce qu'elles d'esirent. Cette croyance leur est commune avec les Turcs. Ils sont persuad'es aussi qu'au jour du jugement universel, ils s'introduiront dans le paradis, les armes `a la main.
Les Y'ezidis sont partag'es en plusieurs peuplades ou tribus, ind'ependantes les unes des autres. Le chef supr^eme de leur secte n'a d'autorit'e, pour le temporel, que sur la seule tribu: n'eanmoins, lorsque plusieurs tribus sont en diff'erent les unes avec les autres, il est de son devoir d'employer sa m'ediation pour les concilier, et il est rare que les efforts qu'il fait pour cela ne soient pas couronn'es d'un heureux succ`es. Quelques-unes de leurs tribus demeurent dans les domaines du prince Gioulemerk, d'autres dans le territoire du prince de G'ezir`eh; il y en a qui font leur r'esidence dans les montagnes d'ependantes du gouvernement de Diarb'ekir, d'autres sont dans le ressort du prince d'Amadia. Du nombre de ces derni`eres est la plus noble de toutes les tribus, qui est connue sous le nom de scheikhan, et dont le scheikh, qu'ils appellent mir, c'est-`a-dire, princeest le chef supr^eme de la religion, et le gardien du tombeau du scheikh Adi. Les chefs des villages occup'es par cette tribu descendent tous d'une m^eme famille, et pourraient se disputer la primatie, s'il survenait entre eux quelque division. Cependant entre toutes leurs peuplades, la plus puissante et la plus redoutable est celle qui habite la montagne de Singiar, entre Moussol et le fleuve Khabour, et qui est divis'ee entre deux scheikhs, dont l'un commande `a la partie du Levant, et autre `a celle du Midi. La montagne du Singiar fertile en diverses sortes de fruits, est d'un acc`es tr`es difficile, et la peuplade qui l'occupe met sur pied plus de six mille fusiliers, sans compter la cavalerie arm'ee de lances. Il ne se passe gu`ere d'ann'ee, que quelque grosse caravane ne soit d'epouill'ee par cette tribu. Les Y'ezidis de cette montagne ont soutenu plusieurs guerres contre les pachas de Moussol et de Bagdad; dans ces occasions, apr`es qu'il y a eu beaucoup de sang r'epandu de part et d'autre, le tout finit par s'arranger moyennant de l'argent. Ces Y'ezidis sont redout'es en tout lieu, `a cause de leur cruaut'e: lorsqu'ils exercent leurs brigandages arm'es, ils ne se bornent pas `a d'epouiller les personnes qui tombent entre leurs mains, ils les tuent toutes sans exception; si dans le nombre il se trouve de sch'erifs, descendants de Mahomet, ou des docteurs musulmans, ils les font p'erir d'une mani`ere plus barbare, et avec plus de plaisir, croyant acqu'erir par-l`a un plus grand m'erite.
Le Grand-Seigneur tol`ere les Y'ezidis dans ses 'etats, parce que, suivant l'opinion des docteurs mahom'etans, l'on doit consid'erer comme fid`ele et vrai croyant, tout homme qui fait profession des dogmes fondamentaux il n'y a point d'antre Dieu que Dieu, et Mahomet est l'ap^otre de Dieu, quoique d'ailleurs il manque `a tous les autres pr'eceptes de la loi musulmane.
D'un autre c^ot'e les princes kurdes souffrent les Y'ezidis pour leur int'er^et particulier: ils t^achent m^eme d'attirer un plus grand nombre de tribus de cette nation, dans leurs domaines; car les Y'ezidis 'etant d'un courage `a toute 'epreuve, bons soldats tant de pied que de cheval, et tr`es-propres `a faire un coup de main et `a piller de nuit les campagnes et les villages, ces princes s'en servent avec beaucoup d'avantage, soit pour r'eduire celles des tribus mahom'etanes de leur ressort qui leur refusent l'ob'eissance, soit pour combattre les autres princes, quand ils sont en guerre avec eux. D'ailleurs les Mahom'etans sont dans la ferme persuasion que tout homme qui p'erit de la main d'un de ces sectaires, meurt martyr; aussi le prince Amadia a-t-il soin de tenir toujours aupr`es de lui un bourreau de cette nation, pour ex'ecuter les sentences de mort contre les Turcs. Les Y'ezidis ont la m^eme opinion relativement aux Turcs, et la chose est r'eciproque: si un Turc tue un Y'ezidi, il fait une action tr`es agr'eable `a Dieu, et si un Y'ezidi tue un Turc, il fait une
Il est permis aux Turcs, lorsqu'ils sont en guerre avec les Y'ezidis, de faire esclaves leurs femmes et leurs enfants, et de les garder pour leur propre usage, ou de les vendre; les Y'ezidis n'ayant pas la m^eme permission `a l''egard de Turcs, font tout p'erir. Si un Y'ezidi veut se faire Turc, il suffit, pour toute profession de foi, qu'il maudisse le Diable, et ensuite qu'il apprenne `a son aise `a faire les pri`eres `a la mani`ere des Turcs: car les Y'ezidis recoivent la circoncision huit jours apr`es leur naissance.
Tous les Y'ezidis parlent la langue kurde; il y en a parmi eux qui savent le turc ou l'arabe, parce qu'ils ont souvent occasion de fr'equenter des personnes qui parlent l'une ou l'autre de ces langues, et `a cause de l'avantage qu'ils trouvent `a traiter leurs propres affaires avec plus de s^uret'e, en ne se servant point d'interpr`etes.
Sans doute les Y'ezidis ont bien d'autres erreurs ou superstitions, mais comme ils n'ont aucun livre, celles que j'ai expos'ees sont les seules dont j'aie pu me procurer la connaissance. D'ailleurs beaucoup de choses, chez eux, sont sujettes `a changer, en cons'equence des pr'etendues r'ev'elations de leur kotchek, ce qui augmente la difficult'e de conna^itre `a fond leur doctrine.
I. Заметка о секте Езидов (перевод)
Из многих сект, возникших в Месопотамии среди мусульман после смерти их пророка, нет ни одной, которая была бы столь же ненавистна для всех прочих, как секта езидов. Имя езидов происходит от шейха Едиза, основателя их секты и заклятого врага рода Али. Учение, которое они исповедуют, есть смесь манихейства, магометанства и верований древних персов. Оно сохраняется среди них по преданию и переходит от отца к сыну без помощи какой бы то ни было книги; ибо им запрещено обучаться чтению и письму. Это отсутствие книг и есть, без сомнения, причина того, что магометанские историки говорят об этой секте лишь вскользь, называя этим именем людей, погрязших в богохульстве, жестоких, диких, проклятых богом и изменивших вере своего пророка. Вследствие этого о верованиях езидов нельзя получить никаких точных сведений, кроме того, что удастся в настоящее время наблюдать в их среде.
Первое правило езидов — заручиться дружбой дьявола и с мечом в руках вставать на его защиту. Потому они воздерживаются не только от произнесения его имени, но даже и от употребления какого-либо выражения, близкого по созвучию к его имени. Например, река на обычном языке называется шатт, и так как это слово имеет отдаленное сходство со словом шайтан, именем дьявола, езиды называют реку аве мазен, т. е. большая вода. Точно так же турки часто проклинают дьявола, пользуясь для этого словом наль, т. е. проклятие. Езиды тщательно избегают всех слов, имеющих какое-нибудь соответствие с данным словом. И вместо слова наль, означающего также подкова, они говорят соль, т. е. подошва башмаков лошади, и заменяют словом солькер, т. е. сапожник, обычное слово нальбенда, что значит кузнец. Всякий, кто посещает места, ими обитаемые, должен очень внимательно остерегаться, как бы не произнести слов дьяволи проклятый, и особенно: будь проклят дьявол;иначе он сильно рискует подвергнуться побоям и даже смерти. Когда езиды по делам приезжают в турецкие города, нельзя им нанести большего оскорбления, как проклясть в их присутствии дьявола, а если того, кто совершил эту неосторожность, езиды встретят в пути и узнают, то он подвергается большой опасности испытать на себе их месть. Не раз случалось, что члены этой секты, схваченные за какое-нибудь преступление турецкими властями и приговоренные к смерти, предпочитали казнь предоставленной им возможности избегнуть ее, прокляв дьявола.