Comme quoi Napol'eon n'a jamais exist'e... = Почему Наполеона никогда не было
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3) On pr'etend que sa m`ere se nommait Letitia. Mais sous le nom de Letitia, qui veut dire la joie, on a voulu d'esigner l'aurore, dont la lumi`ere naissante r'epand la joie dans toute la nature; l'aurore, qui enfante au monde le soleil, comme disent les po`etes, en lui ouvrant, avec ses doigts de rose, les portes de l'Orient.
Encore est-il bien remarquable que, suivant la mythologie grecque, la m`ere d'Apollon s'appelait Leto, ou L`et^o. Mais si de Leto les Romains firent Latone, m`ere d'Apollon, on a mieux aim'e, dans notre si`ecle, en faire Letitia, parce que laetitia est le substantif du verbe laetor ou de l'inusit'e laeto, qui voulait dire inspirer la joie.
Il est donc certain que cette Letitia est prise, comme son fils, dans la mythologie grecque.
4) D'apr`es ce qu'on en raconte, ce fils de Letitia avait trois soeurs, et il est indubitable que ces trois soeurs sont les trois Gr^aces, qui, avec les Muses, leurs compagnes, faisaient l'ornement et les charmes de la cour d'Apollon, leur fr`ere.
5) On dit que ce moderne Apollon avait quatre fr`eres. Or, ces quatre fr`eres sont les quatre saisons de l'ann'ee, comme nous allons le prouver. Mais d'abord, qu'on ne s'effarouche point en voyant les saisons repr'esent'ees par des hommes plut^ot que par des femmes. Cela ne doit pas m^eme para^itre nouveau, car, en francais, des quatre saisons de l'ann'ee, une seule est f'eminine, c'est l'automne; et encore nos grammairiens sontpeu d'accord `a cet 'egard. Mais en latin autumnus n'est pas plus f'eminin que les trois autres saisons; ainsi, point de difficult'e l`a-dessus. Les quatre fr`eres de Napol'eon peuvent repr'esenter les quatre saisons de l'ann'ee; et ce qui suit va prouver qu'ils les repr'esentent r'eellement.
Des quatre fr`eres de Napol'eon, trois, dit-on, furent rois; et ces trois rois sont le Printemps, qui r`egne sur les fleurs; l''Et'e, qui r`egne sur les moissons, et l'Automne, qui r`egne sur les fruits. Et comme ces trois saisons tiennent tout de la puissante influence du soleil, on nous dit que les trois fr`eres de Napol'eon tenaient de lui leur royaut'e et ne r'egnaient que par lui. Et quand on ajoute que, des quatre fr`eres de Napol'eon, il y en eut un qui ne fut point roi, c'est parce que, des quatre saisons de l'ann'ee, il en est une qui ne r`egne sur rien: c'est l'Hiver.
Mais si, pour infirmer notre parall`ele, on pr'etendait que l'hiver n'est pas sans empire, et qu'on voul^ut lui attribuer la triste principaut'e des neiges et des frimas, qui, dans cette f^acheuse saison, blanchissent nos campagnes, notre r'eponse serait toute pr^ete: c'est, dirions-nous, ce qu'on a voulu nous indiquer par la vaine et ridicule principaut'e dont on pr'etend que ce fr`ere de Napol'eon a 'et'e rev^etu apr`es la d'ecadence de toute sa famille, principaut'e qu'on a attach'ee au village de Canino, de pr'ef'erence `a tout autre, parce que canino vient de cani, qui veut dire les cheveux blancs de la froide vieillesse, ce qui rappelle l'hiver. Car, aux yeux des po`etes, les for^ets qui couronnent nos coteaux en sont la chevelure, et quand l'hiver les couvre de ses frimas, ce sont les cheveux blancs de la nature d'efaillante, dans la vieillesse de l'ann'ee: Cum gelidus crescit canis in montivus humor.
Ainsi, le pr'etendu prince de Canino n'est que l'hiver personnifi'e; l'hiver qui commence quand il en reste plus rien des trois belles saisons, et que le soleil est dans le plus grand 'eloignement de nos contr'ees envahies par les fougueux enfants du Nord, nom que les po`etes donnent aux vents qui, venant de ces contr'ees, d'ecolorent nos campagnes et les couvrent d'une odieuse blancheur; ce qui a fourni le sujet de la fabuleuse invasion des peuples du Nord dans la France, o`u ils auraient fait dispara^itre un drapeau de diverses couleurs, dont elle 'etait embellie, pour y substituer un drapeau blanc qui l'aurait couverte tout enti`ere, apr`es l''eloignement du fabuleux Napol'eon. Mais il serait inutile de r'ep'eter que ce n'est qu'un embl`eme des frimas que les vents du Nord nous apportent durant l'hiver, `a la place des aimables couleurs que le soleil maintenait dans nos contr'ees, avant que par son d'eclin il se f^ut 'eloign'e de nous; toutes choses dont il est facile de voir l'analogie avec les fables ing'enieuses que l'on a imagin'ees dans notre si`ecle.
6) Selon les m^emes fables, Napol'eon eut deux femmes; aussi en avait-on attribu'e deux au Soleil. Ces deux femmes du Soleil 'etaient la Lune et la Terre: la Lune, selon les Grecs (c'est Plutarque qui l'atteste), et la Terre, selon les 'Egyptiens; avec cette diff'erence bien remarquable que, de l'une (c'est-`a-dire la Lune), le Soleil n'eut point de post'erit'e, et que de l'autre il eut un fils, un fils unique; c'est le petit Horus, fils d'Osiris et d'Isis, c'est-`a-dire du Soleil et de la Terre, comme on le voit dans l'Histoire du Ciel, tome 1, page 61 et suivantes. C'est une all'egorie 'egyptienne, dans laquelle le petit Horus, n'e de la Terre f'econd'ee par le Soleil, repr'esente les fruits de l'agriculture; et pr'ecis'ement on a plac'e la naissance du pr'etendu fils de Napol'eon au20 mars, `a l''equinoxe du printemps, parce que c'est au printemps que les productions de l'agriculture prennent leur grand d'eveloppement.
7) On dit que Napol'eon mit fin `a un fl'eau d'evastateur qui terrorisait toute la France, et qu'on nomma l'hydre de la R'evolution. Or, une hydre est un serpent, et peu importe l'esp`ece, surtout quand il s'agit d'une fable. C'est le serpent Python, reptile 'enorme qui 'etait pour la Gr`ece l'objet d'une extr^eme terreur, qu'Apollon dissipa en tuant ce monstre, ce qui fut son premier exploit; et c'est pour cela qu'on nous dit que Napol'eon commenca son r`egne en 'etouffant la R'evolution francaise, aussi chim'erique que tout le reste; car on voit bien que r'evolution est emprunt'e du mot latin revolutus, qui signale un serpent roul'e surlui-m^eme. C'est Python, et rien de plus.
8) Le c'el`ebre guerrier du XIXe si`ecle avait, dit-on douze mar'echaux de son empire `a la t^ete de ses arm'ees, et quatre en non-activit'e. Or les douze premiers (comme bien entendu) sont les douze signes du zodiaque, marchant sous les ordres du soleil Napol'eon, et commandant chacun une division de l'innombrable arm'ee des 'etoiles, qui est appel'ee milice c'eleste dans la Bible, et se trouve partag'ee en douze parties, correspondant aux douze signes du zodiaque. Tels sont les douze mar'echaux qui, suivant nos fabuleuses chroniques, 'etaient en activit'e de service sous l'empereur Napol'eon; et les quatre autres, vraisemblablement, sont les quatre points cardinaux qui, immobiles au milieu du mouvement g'en'eral, sont fort bien repr'esent'es par la non-activit'e dont il s'agit.
Ainsi, tous ces mar'echaux, tant actifs qu'inactifs, sont des ^etres purement symboliques, qui n'ont pas eu plus de r'ealit'e que leur chef.
9) On nous dit que ce chef de tant de brillantes arm'ees avait parcouru glorieusement les contr'ees du Midi, mais qu'ayant trop p'en'etr'e dans le Nord, il ne put s'y maintenir. Or, tout cela caract'erise parfaitement la marche du soleil.
Le soleil, on le sait bien, domine en souverain dans le Midi, comme on le dit de l'empereur Napol'eon. Mais ce qu'il y a de bien remarquable, c'est qu'apr`es l''equinoxe du printemps le soleil cherche `a gagner les r'egions septentrionales, en s''eloignant de l''equateur. Mais au bout de trois mois de marche vers ces contr'ees, il rencontre le tropique bor'eal qui le force `a reculer et `a revenir sur ses pas vers le Midi, en suivant le signe du Cancer, c'est-`a-dire de l''Ecrevisse, signe auquel on a donn'e ce nom (dit Macrobe) pour exprimer la marche r'etrograde du soleil dans cet endroit de la sph`ere. et c'est l`a-dessus qu'on a calqu'e l'imaginaire exp'edition de Napol'eon vers le Nord, vers Moscow, et la retraite humiliante dont on dit qu'elle fut suivie.
Ainsi tout ce qu'on nous raconte des succ`es ou des revers de cet 'etrange guerrier, ne sont que des allusions relatives au cours du soleil.
10) Enfin, et ceci n'a besoin d'aucune explication, le soleil se l`eve `a l'Orient et se couche `a l'Occident, comme tout le monde le sait. Mais pour des spectateurs situ'es aux extr'emit'es des terres, le soleil para^it sortir, le matin, des mers orientales, et se plonger, le soir, dans les mers occidentales. C'est ainsi, d'ailleurs, que tous les po`etes nous d'epeignent son lever et son coucher. Et c'est l`a tout ce que nous devons entendre quand on nous dit que Napol'eon vint par mer de l'Orient (de l''Egypte) pour r'egner sur la France, et qu'il a 'et'e dispara^itre dans les mers occidentales, apr`es un r`egne de douze ans, qui ne sont autre chose que les douze heures du jour, les douze heures pendant lesquelles le soleil brille sur l'horizon.