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Се 30 avril 1821.

Vous m ’avez permis de vous 'ecrire, Madame: cette faveur me comble de joie: je pourrai donc confier au papier les sentiments que ma bouche, trop ti-mide pr`es de vous, n’a jamais os'e avouer. Il fut un moment o`u j’aurais pu ha-zarder cet aveu, mais dans ce moment je n’ai su que vous adorer: j’a vu le ciel se d'evoiler devant moi et tout mon ^etre est devenu le sanctuaire o`u br^ulait l’encens le plus pur `a la divinit'e que j’adore. Femme divine! vous m’avez vu plus humble et plus circonspect que jamais; `a peine osai-je articuler quelques mots entrecoup'es, `a peine osai-je vous prodiguer des caresses les plus chastes, lors m^eme que je ne pouvais plus ma^itriser mes sentiments… Vous rirez en li-sant ces lignes, Madame! Vous rirez d’une pauvre cr'eature qui s’est enhardie jusqu ’`a vous adorer et m^eme `a vous le dire; et bien! mon 'etat est d'ej`a `a plaindre, il ne pourra pas le devenir davantage; je me suis r'esign'e `a tout. Mais, du moins, imitez en indulgence ces habitants du ciel dont vous ^etes ici la plus belle image; laissez-moi mon erreur, laissez-moi au moins un simulacre de f'elicit'e.

Chose 'etrange: j’affectais l’indiff'erence et m^eme la froideur et en m^eme temps mon coeur s’embr^asais. J’aurais peut-^etre d^u vous cacher ma d'efaite pour m’'epargner la honte de para^itre ridicule `a vos yeux; mais c’est un si grand bonheur pour moi de pouvoir vous dire que je m’'etourdis sur les suites, que cet aveu pourra amener. Pardon, Madame, mille fois pardon si j’ai pu vous d'eplaire: plaignez-moi plut^ot: l’esp'erance est cach'ee pour moi sous une cr^epe fun`ebre.

Tout `a vous pour la vie O. Somoff.
Ce 1 Mai 1821.

Ah, Madame, quelle soir 'ee que celle d’hier! Mon coeur se brise jusqu’en ce moment-si, malgr'e la contenance affect'ee que je t^achais de prendre… Soyez sinc`ere et convenez que vous avez voulu m’humilier, et de quelle mani`ere… Ce vin que vous me feriez `a boire; non, plut^ot un poison prompt et efficace qu’une goutte de ce vin, et le fatal je ne veux pas est parti de ma bouche. Oh! de quoi ne l’aurais-je rachet'e un moment apr`es — j’ai 'et'e `a la torture tout le reste du souper; je me suis cru perdu sans ressource dans votre esprit: un seul mot m’a rendu `a la vie. C’est vous qui 1’avez prononc'e, ce mot de gr^ace et de salut: j’ai vu que vous ne vous f^achiez plus et mes remords n’en 'etaient que plus puissants.

J ’ai 'et'e souvent victime de mes premiers mouvements: un emportement momentan'e avait co^ut'e bien de larmes `a ma m`ere, `a la seule flemme qui aurait partag'e avec vous, si elle vivait encore, les sentiments de tendresse et d’adora-tion que je vous voue maintenant sans partage. Et hier… ^o que je voudrais perdre m^eme le souvenir de cette soir'ee! `a c^ot'e de moi 1’on m’insultait par un sourire infernal qui voulait dire: tu es perdu et j’en suis tr`es aise! L’on ne se donnait pas m^eme la peine de me cacher sa joie… Oh! si l’on voyait mes yeux enflamm'es, mon sang qui se portait `a la t^ete; si l’on entendait le mot d’insulte et de menace qui volait d'ej`a sur ma bouche.

Cependant j ’ai su me dompter. Dieu veuille lui pardonner comme je lui ai pardonn'e cette fois-ci.

Comment arrive-t-il, madame, que loin de vous je ne pense qu ’`a vous? que lorsque je veux adresser un mot de compliment `a une dame, votre nom est toujours sur mes l`evres? Que tout ce qui n’est pas vous, m’ennuie mortelle-ment? Hier j’ai 'et'e chez Izma"iloff; triste et r^eveur, je ne disais que des mots sans suite. Arrive votre 'epoux… et comme si quelque chose m’avait 'el'ectris'e, je suis devenu gai et causeur; j’ai concu l’espoir de vous revoir dans la soir'ee m^eme.

Monsieur votre 'epoux a eu la bont'e de m’inviter `a passer chez vous et je ne me le suis pas fait r'ep'eter une seconde fois; j’ai vol'e vers votre maison de sorte que j ’y suis arriv'e, `a pied, presqu’en m^eme temps que la drochki de monsieur Ponomareff. Vainement je vous cherchais des yeux, vainement je rappe-lais ma ga^it'e; elle s’est envol'ee pour le reste de la soir'ee, et mon ^ame l’'etait aussi pour d'ecouvrir vos traces.

Adieu, madame! mon coeur n ’est pas encore `a sa place: une inqui'etude mortelle l’oppresse encore, Il se peut bien que vous n’avez pas tout-`a-fait oub-li'e ma faute; d ites-moi comment dois-je l’expier?

Votre esclave, soumis et repentant O. Somoff.
Ce 2 Mai 1921.

J’ai pass'e une nuit blanche, Madame: mais cette nuit 'etait d'elicieuse; le plaisir ranime les forces: la preuve en est que je ne suis pas du tout abattu. Je n’ai 'et'e s'epar'e de vous que par l’espace d’une chambre, j’ai 'et'e berc'e par le souvenir de vous avoir vue endormie devant mes yeux; je respirais le m^eme air que vous, l’air qui recevait des vibrations de voire haleine: que de d'elices! que de bonheur! Et ce bras nu glissant dessus la couverture, et cette figure enchanteresse plong'ee dans le sommeil, ce repos, cette tranquillit'e de l’^ame qui se peignait sur vos traits… j’y serais rest'e jusqu’`a votre r'eveil, si votre 'epoux ne m’avait entra^in'e hors de la chambre. Aussi je n’ai pas pens'e `a dor-mir: une seule fois je me sentis la paupiere appesantie, mais cette esp`ece d’as-souvissement avait ses douceurs: votre image s’y reproduisait sous mille formes immortelles.

De gr ^ace, apprenez-moi. Madame! pourquoi j’ai 'et'e trait'e d’abord si froidement dans la soir'ee d’hier? Par quelle faute me suis-je attir'e cette esp`ece de d'edain avec lequel vous m’avez alors entendu et r'epondu? Est-ce ma lettre? Qu’y avez vous trouv'e qui p^ut vous blesser? Non! vous n’avez pas d^u donner une fausse interpr'etation aux expressions des sentiments les plus vrais et les plus purs.

Enseignez-moi `a vous peindre les sentimens! pourquoi suis-je `a demi muet en votre pr'esence? C’est par le respect que m’impose la vue de l’objet que j’adore

pour la vie O. Somoff.
Ce 3 Mai 1821.

Une assez belle matin 'ee et la perspective d’une tr`es belle journ'ee — telles 'etaient mes esp'erances d’hier. Madame! oh! qu’elles 'etaient loin de se r'ealiser. Pourquoi suis-je all'e sur cette fatale barque? Pourquoi ne suis-je pas retourn'e sur mes pas tout en arrivant chez vous? Pourquoi le malin m’a t-il pouss'e dans la barque o`u vous 'etiez avec votre 'epoux? — Je l’ai attrapp'e ce regard de d'edain que vous m’avez lanc'e, il m’a glac'e le sang. D’autres regards que vous promeniez loin du bateau, annoncaient plus d’int'er^et… J’ai eu l’hon-neur de vous dire, Madame, qu’un rien est capable de m’indisposer et d’^oter ma ga ^iet'e pour le reste de la journ'ee. Convenez que le triste r^ole que J’ai d^u jouer hier, n’'etait pas fa^ite pour m’'egayer. Et pourquoi ne pas me laisser partir apr`es avoir vu que tous mes efforts pour me rendre restant soient peu suppor-tables, restaient sans effet.

Je me perds dans le labyrinthe de mes conjectures `a l’'egard de l’impor-tant personnage d’hier au soir; Madame assure qu’elle ne peut pas le souffrir, que c’est bien l’^etre le plus vain et le plus insolent etc. etc. et cependant les proc'ed'es de Madame envers ce m^eme personnage prouvent le contraire. J’ai voulu vous conjurer `a me mettre sur la voie de me conduire envers un autre jeune homme et j’ai remarqu'e que vous avez cherch'e `a 'eluder cet entretien, qu’`a travers le peu de mots que vous avez daign'e me dire percait une esp`ece de crainte — tr`es outrageante pour moi. Quoi, Madame, Vous, douce, d’un esprit sup'erieur, et d’un admirable aplomb dans vos d'emarches, vous craind-riez un oiseau comme celui-l`a: il suffirait d’une attitude assur'ee pour lui en imposer. Et suis-je `a votre sentiment un ^etre aussi m'eprisable pour que l’on craigne de s’abaisser en me parlant?.. De gr^ace, Madame! dites-le moi, pour que je puisse agir en cons'equence. Je ne le sens que trop et je le r'ep`ete encore: j’aurais d^u me confiner dans mon r'eduit et ne jamais me rapprocher de vous: il e^ut suffi de vous en avoir vue une seule fois pour m’'eclairer sur les dangers que je courais. Mon pauvre coeur est incorrigible et les malheurs qu’il a d'ej`a essay'es n’avaient pas r'eussi `a le mettre `a m^eme de se tenir sur ses gardes. Mais ces m^emes malheurs ont contribu'e `a d'ebrouiller un peu ma cerveille, de sorte qu’avec cet air b^enet que vous me connaissez, j’ai `a pr'esent un certain tact pour voir les choses comme elles sont. J’ai ri int'erieurement, puis en en-tendant le ma^itre Celiboron disserter sur l’amour platonique, j’ai parl'e expr`es d’amour sensuel pour lui faire comprendre l’inconvenance de la conversation o`u il s’embarque. Est-ce `a lui d’en parler? L’aveugle ne pourra-t-il jamais ju-ger de la peinture, et le sourd de la musique?

Pardon, Madame, si ce griffonage vous ennuie. Le sort est jet 'e, il n’est plus `a r'etracter, arrive soit qui arrive: mais je ne suis pas morveux <нрзб.>

Votre esclave, qui meurt <нрзб.>
Ce 5 Mai, 1821

Je l’ai vu couler, ce sang si beau, si vermeil, j’ai vu se marier son doux vermillon `a la blancheur 'eblouissante du plus joli pied du monde, de la jambe la mieux arrondie que j’aie eu le bonheur de voir de ma vie. Oui, Madame, j’'etais ravi, extasi'e; et un moment apr`es je vous en voulais mortellement. Peut-on m'enager si peu une sant'e pr'ecieuse comme vous le fa^ites? Et pourquoi? pour le vain plaisir de braver les dangers, ou plut^ot, si j’ose le deviner, pour le plaisir de narguer tout le monde. J’ai pouss'e jusqu’`a l’imprudence le tendre int'er^et que je vous porte. Grondez-moi, Madame! j’ai perdu le t^ete, j’ai 'et'e b^ete, je ne comprenais plus ce que je disais. Et quel en fut le prix? Madame m’a refus'e une manche qu’elle-m^eme m’avait promis un instant d’avance. Ah! si vous voulez me faire perdre le souvenir p 'enible de ce refus, consentez 'a me faire une gr^ace que je vous demande au nom de cet amour qui me consume: c’est de me remettre l’appareil ensanglant'e qui a 'et'e mis sur votre pied apr`es la saign'ee.

Je le porterai souvent sur mon c oeur et peut-^etre parviendra-t-il `a soula-ger les peines que ce pauvre coeur endure. Le sang frais et pur a toujours eu la vertu de neutraliser les effets d'evorants d’un poison lent et infaillible.

Je crus remarquer quelque chose de sinistre dans les regards de M. le Bel-vison: se pourrait-il? Non, loin de moi cette id 'ee, elle me serre le coeur.

Une mis 'erable petite conqu^ete comme celle de mon pauvre individu, ne peut flatter personne: aussi je ne m'erite pas qu’on me m'enage: on peut me per-mettre d’attraper l’ombre du bonheur quand on n’a rien de mieux `a faire. Mais je me rappelle bien que vous m’avez autoris'e `a vous suivre partout. Oui, Madame, je vous suivrai comme votre ombre, je vous suivrai partout, au risque d’^etre soufflet'e ou chass'e par vous. Foi d’homme d’honneur, je le ferai (sauf de blesser les convenances) et je vous r'ep'eterai sans cesse

Tout `a vous, de coeur et d’^ame O. Somoff.
Ce 8 Mai, 1821.

Une journ 'ee enti`ere sans vous voir, Madame! jugez de ma peine cruelle! Depuis quelque temps je suis si accoutum'e, si heureux d’^etre pr`es de vous, que tous les instants que je passe loin de vous me semblent perdues pour mon existence. H'elas! je me cr'ee un bonheur bas'e sur m a perte! je m’enivre dans une coupe dont le fond contient ma mort.

Ce 9 Mai 1821.

Encore vingt-quatre heures mortelles! mon ^ame se dechire. Si vous m’avez vu pleurer, comme un enfant, pleurer `a chaudes larmes dans mon lit, et manger mes ennuis en pr'esence des personnes qui me connaissent, peut-^etre que vous n’auriez pas ri de mes tourments; peut-^etre que vous auriez m^eme 'et'e attendrie en me voyant souffrir. Je ne peux ni rien penser, ni rien faire; la pre-mi`ere id'ee, la premi`ere image qui se pr'esente `a mon esprit, c’est toujours vous. Je veux tracer quelques lignes, et c’est votre portrait que je vois sur le papier, je veux articuler quelque phrase, et c’est votre nom que je prononce in-volontairement: je me tais, je r^eve et je ne r^eve que vous.

J’ai fait, dans la nuit d’hier, un r^eve qui semble pronostiquer ma future destin'ee. D’abord c’est toujours votre image qui m’avait apparu: elle planait au-dessus de ma t^ete, elle avait quelque chose d’incorporel, elle 'etait entour'ee d’une clart'e c'eleste. Ensuite j’ai vu qu’on me mariait `a feue ma m`ere. Un froid mortel a coul'e dans mes veines, je me suis 'eveill'e en sursaut et j’essuyai la sueur mortelle qui inondait mon visage. J’ai cru lire dans le livre du destin: c’est vous. Madame, oui, c’est vous qui ne tarderez pas de me marier `a la mort. Ne croyez pas que je vous en accuse, c’est mon sort, c’'etait 'ecrit l`a-haut o`u peut-^etre m^eme avant que j aie commenc'e d’exister. C’est l`a qu’il 'etait prescrit que je devrais ^etre un jour entra^in'e par un charme irr'esistible, entra^in'e sous les lois d’une femme incomparable, que dis-je? d’une divinit'e `a qui je sacrifie tous les pulsations de mon coeur, tout le souffle de ma vie, et qui devrait me payer d’une indiff'erence, d’une froideur, qui opprime le coeur malheureux et qui abreuve mes jours d’une amertume de la mort.

Ma pauvre t ^ete s’'egare, c’est un 'etat d’exaltation, c’est une fi`evre lente que j’'eprouve. Je ne peux plus 'ecrire, je peux pleurer.

Pardon, Madame, si j ’ose Vous d'eceler une partie de ce trouble de mon ^ame, de ce d'erangement de mes id'ees… Oh! qu’il m’est doux de pouvoir dire encore

Tout `a vous, jusqu’`a ma derni `ere respiration O. Somoff.
<Ce 11 Mai 1821>

…Madame m’a dit au souper d’avant hier, que je la compromettrai. En quoi, donc, Madame, je me rappelle bien de n’avoir dit tout ce temps-l`a, que des choses tr`es indiff'erentes, et j’esp`ere que je n’ai nullement vous trahi. Au-cun mot, aucun geste ne m’ont 'echapp'e qui aient pu pr^eter `a faire allusion `a quelque chose.

Oh, ma cousine, ma ch `ere Nanine! pardonne si j’ose ici faire une com-paraison qui ne sera peut-^etre pas tout `a l’avantage de tes charmes qui jadis naissaient sous la pression de ma main amoureuse. Je dois le confesser, quoi-que tu fusses plus belle et moi plus jeune: je n’ai jamais ressenti un plus grand bonheur aupr`es de toi. Je connais toutes les sinuosit'es, tous les contours de ton beau corps, je nageais dans le plaisir, sans oser jamais franchir les bornes que tu me pr'escrivais. Couch'es l’un `a c^ot'e de l’autre, nous passions des nuits en-ti`eres; mille et mille fois je touchais d'ej`a au fa^ite du bonheur: mais un mot suppliant, une larme de tes yeux me d'esarmaient: tu craignais l’inceste.

Любовница,
сестрица!
Подруга, милый друг!

Pardonne, je le r 'ep`ete, si, dans ce moment-ci, quand j’ai douze ans de plus qu’alors, je n’ai pas pu tenir contre le charme qui seduisait, et si j’ai trouv'e ce sein dans toute la pl'enitude d’une beaut'e faite, cette bouche vermeil-le, ces baisers de feu, pr'ef'erable `a tout ce que j’ai vu chez toi, `a tout ce que j’ai recu de toi. Jamais je n’ai 'et'e aussi amoureux, que dans cet embrassement subit,

Oh maravigli `a! Amor, ch’appena 'e nato Gi`a grande vola e gi`a trionfa armato.

Et vous, pauvre Catiche! vos quinze ans et les faveurs dont vous m ’avez combl'e ne sont `a pr'esent que gliss'es sur la surface de mon souvenir. Cet esprit sup'erieur, les gr^aces d’une 'education soign'ee, ces talents s'eduisants, joints `a des yeux qui n ’ont que tr`es peu de pareils, `a une humeur au-dessus de tout ce que l’on s’imagine, `a une gorge dont l’'elasticit'e semble repousser une main t'em'eraire, une gorge qu’est un probl`eme chez une femme mari'ee depuis 9 ans, tant pour la forme que pour la fermet'e — enfin ce jeu d’une physionomie anim'ee, — tout cela ferait oublier les f'elicit'es du s'ejour des dieux.

О, моя кузина, моя дорогая Нанина! прости, если я осмелюсь сейчас сделать сравнение, которое, возможно, не вполне польстит твоим прелестям, расцветавшим когда-то под моей влюбленной рукой. Я должен в этом признаться: хотя ты была прекраснее, а я моложе, но никогда я не ощущал большего счастья рядом с тобой. Я знал все изгибы, все очертания твоего прекрасного тела, я купался в наслаждении, не смея преступить границы, которые ты мне поставила. Лежа друг с другом рядом, мы проводили целые ночи; тысячи и тысячи раз я достигал уже вершины блаженства, но одно слово мольбы, слеза на твоих глазах меня обезоруживали; ты боялась инцеста.

Любовница, сестрица! Подруга, милый друг!

Еще раз прости, если теперь, когда я старше на двенадцать лет, я не смог устоять против очарования, соблазнившего меня, если я предпочел эту грудь во всей полноте созревшей красоты, этот алый рот, эти страстные поцелуи всему, что я когда-то видел в тебе, всему, что я получал от тебя. Никогда я не был так влюблен, как во время этих внезапных объятий.

Oh maravigli `a! Amor, ch’appena 'e nato Gi`a grande vola e gi`a trionfa armato [817] .

A вы, бедная Катишь! ваши пятнадцать лет и милости, которыми вы меня осыпали, ныне оставили лишь едва заметный след в моей памяти. Выдающийся ум, прелести хорошего воспитания, обольстительные дарования в соединении с глазками, равным которым найдется очень немного, нравом, превосходящим всяческое воображение; грудью, чья эластичность должна была бы оттолкнуть всякую бестрепетную руку, — грудью, которая обычно составляет проблему для женщины, находящейся замужем более 9 лет, как в отношении формы, так и упругости — наконец, эта игра оживленного лица — все это заставило бы забыть блаженство рая.

817

О диво! Любовь только еще родилась, а уже большая: летит и торжествует (ит.).

Се 19 Mai 1821.

Et c ’est moi qui eu os'e renouveller la m^eme dispute! Que me sont donc les Grands de la terre, auxquels je n’envie rien, pas m^eme le sort d’^etre vant'e dans tout l’ univers. Pardon, Madame, je suis pr^et `a expier ma faute par toutes sortes de sacrifices que vous aurez la bont'e de m’imposer. Combien de fois, apr`es m’^etre s'epar'e de Mr. Kouschinnikoff et me trouvant seul sur un fr^ele bateau me suis-je r'ep'et'e:

Вперед люби, да будь умнее, И знай, пустая голова, Что всякой логики сильнее Прелестной женщины слова.

Ces vers, je me les suis grav 'e dans la m'emoire, comme le pr'ecepte de ma conduite `a l’avenir. Tandis que je faisais ces reflexions, la brise s’'elevait, les vagues venaient en 'ecumant se briser aux bords de ma nacelle, un pauvre rameur maussade comme on nous repr'esente Caron, travaillait de toute la force de ses bras nerveux. Faut-il vous dire la v'erit'e, Madame? Il m’est arriv'e mainte et mainte fois de d'esirer que le vent par son souffle violent ou bien les vagues par leurs chocs m’eussent arrach'e de mon embarcation et plong'e dans fin fond de la Neva: tant j’'etais m'econtent de moi-m^eme. Ce n’est pas que je ne fusse puni, en expiation de mon crime, ayant gagn'e un gros rhume et quel-ques petites attaques de rhumatisme par-ci par-l`a, mais je l’ai bien m'erit'e.

Pour Dieu, Madame, ne revenons plus sur le chapitre des Grands de la terre: c ’est une bien triste mati`ere pour moi: je les estime quand ils sont bons, je les plaigne quand ils sont m'echants. Voil`a ma profession de foi sui leur compte.

J ’ai une toute autre sur le V^otre, Madame! Vous ^etes ma divinit'e! Je n’ose plus vous dire que je vous aime d’amour, mais il m’est permis, il m’est doux de r'ep'eter que je vous adore, que je vous d'eifie: je tiens beaucoup `a cela.

J ’ai encore un aveu `a vous faire. Madame: j’ai fait des tentatives pour pacifier mon pauvre coeur, pour apaiser le feu qui le d'evore; mais, h'elas! ne le fait pas qui veut. Encore une fois: je m’'etourdie sur ma future destin'ee, je cours droit au pr'ecipice la t^ete la premi`ere, je n’ose plus vous le dire et je m’en ressens davantage.

Combien l ’homme est faible et versatile dans ses projets: je vous ai promis d’^etre gai dans mes lettres et je suis tout au plus neutre: quan d est-ce que je me corrigerai?

Souffrez, du moins, Madame, que je continue toujours de me nommer

Tout `a vous pour la vie Orest Somoff.
Ce 23 Mai 1821.

Vous l ’avez prononc'e, Madame! vous m’avez rendu le droit de vous con-ter mes peines, de vous parler de mon amour? H'elas, ce droit est le seul qui me soit r'eserv'e: je n’ai, pour toute r'ealit'e que mes tourments et la libert'e de g'emir. D’autres, plus heureux que moi, respirent la douce haleine de la rose; je n’en recueille que les 'epines. Oh! pourquoi ne puis-je r'epandre mon ^ame sur ce papier? pourquoi ne puis-je pas 'ecrire avec le sang de mon coeur: ces caract `eres seraient br^ulants, ils vous auraient embras'es des m^emes feux dont ce pauvre coeur est consum'e!

Croiriez-vous, Madame, qu ’il m’arrive souvent d’^etre plus heureux, seul et loin de vous, qu’en votre pr'esence? Je vais vous expliquer cette 'enigme: vot-re image est toujours avec moi: tout mon ^etre intellectuel en est rempli:

… Je t’aime en cent facons, Pour toi seule je tiens ma plume: Je te chante dans mes chancons, Je te lis dans chaque volume. Qu’une beaut'e m’offre ses traits, Je te cherche sur son visage: Dans les tableaux, dans les portraits, Je veux d'em^eler ton image.

Voil `a la peinture la plus vraie de ce qui passe dans mon coeur, dans mon imagination, enfin dans tout mon individu. Que je suis f^ach'e que ce ne soit pas moi-m^eme qui ait fait ces vers! ils expriment si bien ce que j’'eprouve et que je sens… H'e bien, Madame, ajoutez `a cela le doux souvenir de ce que j’ai entendu, de ce que j’ai vu, et ces mots de bont'e, ces mots de consolation qui flattaient de temps en temps mon oreille. «Вот милая попинька! O`u est mon Oreste? Jouez, mon ange!» — Croyez-vous que je les oublierai? Ja sais bien comme je viens de le dire, que c’'etaient seulement des mots de bont'e, des mots de consolation, des expressions presque banales, mais je vous le r'ep`ete, et je le r'ep'eterai toujours: mon coeur aime `a se tromper, il est tout `a ces illusions… Aussi la r'ealit'e est trop dure pour lui… je vois bien que j’ai cess'e m^eme d’^etre l’objet de votre indulgence: quelquefois je suis l`a, pr`es de vous, et vous avez l’air de ne pas vous en apercevoir [818] . Oh! c’est l’unique occasion o`u je fais des reproches am`eres `a la nature, `a la providence de ne m’avoir pas combl'e de leurs dons.

Pourquoi en effet ne m ’ont-elles pas donn'e une figure attrayante, une taille avantageuse, des talents agr'eables surtout celle de plaire, un esprit aigre et cultiv'e, enfin tout ce peut attirer et attacher. De tous leurs dons, elles ne m’ont laiss'e en partage qu’un coeur tendre et aimant et une ^ame 'elev'ee au-des-sus de mon 'etat, deux choses qui au lieu de faire le bonheur de celui qui les poss`ede, ne contribuent qu’`a le rendre encore plus malheureux. Ayez piti'e de moi, Madame; rendez-moi du moins mon bonheur illusoire, ce bonheur qui m’a 'et'e accord'e nagu`eres: je vous jure, je fais le serment le plus solennel d’^etre aussi circonspect que vous l’exigez, de vous 'epargner la peine de me faire encore les m^emes reproches que votre jolie bouche m’avait prononc'e autre jour.

Et en quoi suis-je fautif? J ’a toujours 'et'e si respectueux, si soumis devant vous, Madame (en m^eme temps que j’ai vu un jeune homme se permettre de vous faire les r'eprimandes un peu dures en pr'esence de tout le monde: voil`a `a qui peut vous compromettre et pr^eter au scandale…)

Veuillez bien, Madame, me pardonner ma franchise excessive: c ’est dans l’inter^et de tout ce qui vous concerne, et par cons'equent de tout ce qui m’est plus cher que ma vie, que je me suis permis de vous exprimer mon sentiment `a ce sujet. Si vous saviez toute la force de mon amour, vous ne vous f^acheriez point de ma sinc'erit'e. Je tombe `a vos pieds, je m’an'eantis en disant toujou rs

Tout `a vous pour la vie O. Somoff.

818

Tandis que je vous vois si affectueuse envers les autres, si ing 'enieuse `a leur procurer des occasions de pouvoir vous dire leurs sentiments, si prompte `a aller les chercher vous-m^eme. Et je suis l`a, et je reste seul, absorb'e dans mes tristes pens'ees… (Вписано на полях.)

Ce 25 Mai, 1821.

Ce n ’est donc que mon talent d’'ecrire que vous voyez dans mes lettres, Madame. L’'eloge que vous en avez fait hier n’'etait qu’une satire contre mon coeur: aussi vous avez pu remarquer mon embarras et mes sottes r'eponses `a vos aimables compliments: j’'etais p'etrifi'e, an'eanti. Ah, Madame! si par piti'e seulement vous m’eussiez dit: tu as un coeur, tu sais aimer, je le vois; ces expressions ne peuvent partir que d’un coeur aimant, elles ne sont point enve-lopp'ees dans une froide recherche des mots et dans le fade jargon d’un amant trouv'e dans mille romans. C’aurait 'et'e plus flatteur pour moi que toutes les lo-uanges pompeuses des toutes les acad'emies du monde. Mais ici je vois que Madame a voulu seulement plaisanter sur mon amour et tourner en ridicule mon pauvre coeur: quelle r'ecompense!.. Vous avez beau faire. Madame! je vous aimerai toujours: ni vos rigueurs, ni vos plaisanteries n’'etoufferont jamais une passion qui va chaque jour croissant, qui fait mes peines, qui f’ait mes d'elices, et qui enfin n’expirera qu’avec le dernier souffle de ma vie.

Qu ’il est p'enible, le moment fatal o`u l’on voit tomber le bandeau rose qui couvrait nos yeux, laissant apercevoir, dans le lointain, un demi-bonheur et des demi-jouissances! Qu’il est p'enible, dis-je, cet 'etat o`u le coeur se voit d'etromp'e! Voici pr'ecis'ement l’'etat o`u je me trouve, Madame! Les esp'erances se sont toutes envol'ees: un vide affreux que rien ne remplit, r`egne `a pr'esent dans mon coeur… Autrefois il s’ouvrait `a la douce amiti'e, depuis quelque temps il a os'e palpiter pour l’amour…

Eh bien, Madame! l ’amour l’ayant tromp'e et le d'esir m^eme de l’amiti'e. Vous, Madame, vous ne le croyez pas, j’ai vu par tout ce que vous m’avez dit que vous n’en croyez rien; ou du moins, si vous condescendez `a le croire, ce sentiment ne fait qu’effleurer votre coeur sans y laisser aucune trace, tandis qu’il se grave dans le mien `a de traits de feu, `a de traits ineffacables.

Hier j ’ai os'e encore me disputer avec vous, et vous, ange de bont'e, vous excusez cet exc`es de folie? Je vous prie, Madame, de me faire la gr^ace d’impo-ser `a l’avenir silence `a cette langue hardie qui devient alors comme antipode de mon coeur. Quelques fortes que puissent ^etre mes raisons, il suffit que vous me disiez: C’est mon opinion! et vous verrez que je rentrerai aussit^ot dans mon caract `ere, dans celui d’un amant humble et soumis, comme je le suis toujours et comme je veux toujours l’^etre pour

Tout `a vous pour la vie O. Somoff.
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