Полное собрание сочинений. Том 76
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304. И. Ф. Наживину.
1906 г. Октября 30. Я. П.
Спасибо вам, милый Ив[ан] Фед[орович], что помните обо мне и сообщаете такие радостные известия. Помогай им бог. Впрочем, те слова, к[оторые] сказаны Куртышом, суть выражения не мыслей и чувств Куртыша, а проявления бога.
Всё яснее и яснее сознаю последнее время, что жизнь не счастливая, а блаженная, как это верно подразделяет Фихте, достигается только заменой своей воли волей бога, предоставлением ему жить через тебя. Испытываю
Только держите себя открытым и пустым для прохождения через вас бога, и вы перестанете быть недовольным собой, за что я вас не осуждаю, а жалею.
Привет вашей милой жене.
Лев Толстой.
Печатается по копировальной книге № 7, лл. 154—155.
Датируется на основании пометы на конверте письма адресата: «Отв. 30 окт.». Впервые опубликовано почти полностью адресатом в его статье «О Льве Николаевиче» — «О Толстом», изд. «Книга», М. 1909, стр. 167.
Ответ на письмо Наживина от 6 ноября н. с. 1906 г., в котором он сообщал об Иконникове, Сокоре и Куртыше, отказавшихся от военной службы.
305. Ку Хун-мину. Письмо к китайцу от октября 1906 г.
См. т. 36, стр. 290—299.
306. Полю Сабатье (Paul Sabatier).
1906 г. Ноября 7/20.
Cher Monsieur Sabatier,
Je viens de recevoir votre lettre, ainsi que le livre et les deux brochures. Il se trouve que l'individu, qui devait remettre la lettre et les livres `a Mr. Birukoff les a gard'e plus d’un mois chez lui, et je ne les ai recu qu’apresent.1 Ceci est la cause du retard de ma r'eponse.
J’ai lu avec grand int'er^et votre livre, ainsi que la brochure italienne.
La question qui y est trait'ee est de la plus grande importance et, comme je vous connais pour un homme sinc`ere, je me permettrai de l’^etre compl`etement avec vous et vous dirai toute ma pens'ee.
Je crois qu’en toutes choses il n’y a rien de plus faux que les demi-mesures et qu’il est impossible d’enter la verit'e et le bien sur le mensonge et le mal. La religion est la verit'e et le bien, l’'eglise le mensonge et le mal.
C’est pourquoi il m’est impossible de me mettre au point de vue de ceux, qui croient que l’'eglise est une organisation indispensable pour la religion et qu’il ne faut que la r'eformer pour qu’elle devienne une institution bienfaisante pour l’humanit'e.
L’Eglise n’a jamais 'et'e qu’une institution mensong`ere et cruelle qui, en vue des avantages qu’elle pouvait acqu'erir du pouvoir temporel pour ceux qui faisaient partie de cette institution a perverti et d'enatur'e la vraie doctrine chr'etienne.
Tous les Concordats n’ont jamais 'et'e pour elle autre chose que des accommodements entre l’Eglise et l’Etat, par lesquels l’Eglise promettait son aide `a l’'etat en vue des avantages mat'eriels que lui accordait ce dernier.
Le Christianisme n’a jamais 'et'e pour l’Eglise qu’un pr'etexte. On me dira qu’il y a eu, et qu’il y a jusqu’`a pr'esent, dans le monde catholique des individus, hommes et femmes, d’une sainte vie, mais la saintet'e de ces individus n’est pas atteinte gr^ace aux enseignements de l’Eglise, mais plut^ot malgr'e elle.
En somme j’ai 'et'e surtout 'etonn'e en lisant votre livre (qui est tr`es bien 'ecrit et a de belles pages) d’y trouver sur le th`eme de l’avenir du catholicisme et de la religion en g'en'eral des raisonnements de diff'erents Monseigneurs et auteurs la"iques que vous y citez, qui feraient penser que ni Voltaire, ni Rousseau, ni Kant, ni Channing,2 ni Lammenais,3 ni beaucoup d’autres grands esprits qui ont trait'e ce sujet, n’ont jamais exist'e.
Tout ce qui peut se dire `a pr'esent sur la question du rapport de la vraie religion et du catholicisme a 'et'e dit depuis longtemps et dit de mani`ere `a 'epuiser compl`etement la question.
Il n’y a qu’`a relire Voltaire, Kant (son livre
«On me dit qu’il fallait une r'ev'elation», dit Rousseau dans sa Proffession de foi du Vicaire Savoyard, «pour apprendre aux hommes la mani`ere dont Dieu voulait ^etre servi, on assigne en preuve la diversit'e des cultes bizarres qu’ils ont institu'es et l’on ne voit pas que cette diversit'e m^eme vient de la fantaisie des r'ev'elations. D`es que les peuples se sont avis'es de faire parler Dieu, chacun l’a fait parler `a sa mode et lui a fait dire ce qu’il a voulu. Si l’on n’eut 'ecout'e que ce que Dieu dit au coeur ae i’homme il n’y aurait jamais eu qu'une religion sur la terre».
Notre devoir `a nous et `a nos contemporains n’est pas de r'ep'eter vaguement des choses qui ont 'et'e si bien dites des si`ecles avant nous, mais de t^acher de pr'eciser les principes de la vraie religion, qui doit remplacer les affreuses superstitions de l’Eglise, que fait semblant de professer a pr'esent l’humanit'e chr'etienne.
L homme, comme ^etre raisonnable, n’a jamais vecu sans 'etablir un rapport spirituel entre son existence et l’Infini que nous appelions Dieu. Ce rapport, qui n’est autre que la religion, a toujours 'et'e la force dirigeante de toutes les actions conscientes de l’homme, et a toujours evolu'e conformement au d'eveloppement de l’humanit'e.
La vraie doctrine chr'etienne a l’'epoque o`u elle a paru, 'etant beaucoup audessus de la facult'e de conception des masses, ne fut accept'ee dans son vrai sens que par une toute petite minorit'e. La grande masse, habitu'ee `a une adoration religieuse du pouvoir temporel, ne pouvant comprendre cette doctrine dans son v'eritable sens, accepta avec facilit'e la doctrine quasi-chr'etienne falsifi'ee par l’Eglise qui n’exigeait qu’une adoration ext'erieure de Dieu, des saints, des images et en partie de personnages rev^etus de qualit'es surnaturelles.