Путешествие к центру Земли / Voyage au centre de la Terre
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« Quelle sera la dur'ee de la travers'ee ? demanda mon oncle au capitaine.
– Une dizaine de jours, r'epondit ce dernier, soyez tranquille, monsieur Lidenbrock, nous arriverons. »
La travers'ee n’offrit aucun incident remarquable. Je supportai assez bien les 'epreuves de la mer ; mon oncle, `a son grand d'epit, et `a sa honte plus grande encore, ne cessa pas d’^etre malade.
Il ne put donc entreprendre le capitaine Bjarne sur la question du Sneffels, sur les moyens de communication, sur les facilit'es de transport ; il dut remettre ces explications `a son arriv'ee et passa tout son temps 'etendu dans sa cabine, dont les cloisons craquaient par les grands coups de tangage. Il faut l’avouer, il m'eritait un peu son sort.
En sortant d’une temp^ete qui forca la go'elette de fuir `a sec de toile [48] , on releva dans l’est la balise de la pointe Skagen, dont les roches dangereuses se prolongent `a une grande distance sous les flots. Un pilote islandais vint `a bord, et, trois heures plus tard, la Valkyrie mouillait devant Reykjawik, dans la baie de Faxa.
Mon oncle avait h^ate d’abandonner sa prison flottante, pour ne pas dire son h^opital. Mais avant de quitter le pont de la go'elette, il m’entra^ina `a l’avant, et l`a, du doigt, il me montra une haute montagne `a deux pointes, un double c^one couvert de neiges 'eternelles.
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En sortant d’une temp^ete qui forca la go'elette de fuir `a sec de toile… –
« Le Sneffels ! s’'ecria-t-il, le Sneffels ! »
Puis, apr`es m’avoir recommand'e du geste un silence absolu, il descendit dans le canot qui l’attendait. Je le suivis, et bient^ot nous marchions sur le sol de l’Islande.
Tout d’abord apparut un homme de bonne figure et rev^etu d’un costume de g'en'eral. Ce n’'etait cependant qu’un simple magistrat, le gouverneur de l’^ile, M. le baron Trampe en personne. Le professeur remit au gouverneur ses lettres de Copenhague, et il s’'etablit en danois une courte conversation. Le baron Trampe se mettait enti`erement `a la disposition du professeur Lidenbrock.
Un charmant homme, et dont le concours nous devint fort pr'ecieux, ce fut M. Fridriksson, professeur de sciences naturelles `a l’'ecole de Reykjawik. Sur trois chambres dont se composait sa maison, cet excellent homme en mit deux `a notre disposition, et bient^ot nous y f^umes install'es avec nos bagages.
« Eh bien, Axel, me dit mon oncle, cela va, et le plus difficile est fait.
– Comment, le plus difficile ? m’'ecriai-je.
– Sans doute, nous n’avons plus qu’`a descendre.
– Si vous le prenez ainsi, vous avez raison ; mais enfin, apr`es avoir descendu, il faudra remonter, j’imagine ?
– Oh ! cela ne m’inqui`ete gu`ere ! Voyons ! il n’y a pas de temps `a perdre. Je vais me rendre `a la biblioth`eque. Peut-^etre s’y trouve-t-il quelque manuscrit de Saknussemm, et je serais bien aise de le consulter.
– Alors, pendant ce temps, je vais visiter la ville. Est-ce que vous n’en ferez pas autant ?
– Oh ! cela m’int'eresse m'ediocrement. Ce qui est curieux dans cette terre d’Islande n’est pas dessus, mais dessous. »
Je sortis et j’errai au hasard.
S’'egarer dans les deux rues de Reykjawik n’e^ut pas 'et'e chose facile.
La plus longue des deux rues de Reykjawik est parall`ele au rivage ; l`a demeurent les marchands et les n'egociants ; l’autre rue, situ'ee plus `a l’ouest, court vers un petit lac, entre les maisons de l’'ev^eque et des autres personnages 'etrangers au commerce.
J’eus bient^ot arpent'e ces voies mornes et tristes ; j’entrevoyais parfois un bout de gazon d'ecolor'e, comme un vieux tapis de laine r^ap'e par l’usage, ou bien quelque apparence de verger, dont les rares l'egumes, pommes de terre, choux et laitues, eussent figur'e `a l’aise sur une table lilliputienne ; quelques girofl'ees maladives essayaient aussi de prendre un petit air de soleil.
Entre le petit lac et la ville s’'elevait l’'eglise, b^atie dans le go^ut protestant et construite en pierres calcin'ees dont les volcans font eux-m^emes les frais d’extraction [49] .
Sur une 'eminence voisine, j’apercus l’'Ecole Nationale, o`u, comme je l’appris plus tard de notre h^ote, on professait l’h'ebreu, l’anglais, le francais et le danois, quatre langues dont, `a ma honte, je ne connaissais pas le premier mot.
Apr`es une bonne promenade, lorsque je rentrai dans la maison de M. Fridriksson, mon oncle s’y trouvait d'ej`a en compagnie de son h^ote.
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construite en pierres calcin'ees dont les volcans font eux-m^emes les frais d’extraction –
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Le d^iner 'etait pr^et ; il fut d'evor'e avec avidit'e par le professeur Lidenbrock, dont la di`ete forc'ee du bord avait chang'e l’estomac en un gouffre profond. La conversation se fit en langue indig`ene, que mon oncle entrem^elait d’allemand et M. Fridriksson de latin. Elle roula sur des questions scientifiques, comme il convient `a des savants.
Tout d’abord, M. Fridriksson s’enquit aupr`es de mon oncle du r'esultat de ses recherches `a la biblioth`eque.
« Votre biblioth`eque ! s’'ecria ce dernier, elle ne se compose que de livres d'epareill'es sur des rayons presque d'eserts.
– Comment ! r'epondit M. Fridriksson, nous poss'edons huit mille volumes, dont beaucoup sont pr'ecieux et rares, des ouvrages en vieille langue Scandinave, et toutes les nouveaut'es dont Copenhague nous approvisionne chaque ann'ee.
– O`u prenez-vous ces huit mille volumes ? Pour mon compte…
– Oh ! monsieur Lidenbrock, ils courent le pays. On a le go^ut de l’'etude dans notre vieille ^ile de glace ! Pas un fermier, pas un p^echeur qui ne sache lire et ne lise. Nous pensons que des livres, au lieu de moisir derri`ere une grille de fer, loin des regards curieux, sont destin'es `a s’user sous les yeux des lecteurs. Aussi ces volumes passent-ils de main en main, feuillet'es, lus et relus, et souvent ils ne reviennent `a leur rayon qu’apr`es un an ou deux d’absence.
– En attendant, r'epondit mon oncle avec un certain d'epit, les 'etrangers…
– Que voulez-vous ! les 'etrangers ont chez eux leurs biblioth`eques, et, avant tout, il faut que nos paysans s’instruisent. Je vous le r'ep`ete, l’amour de l’'etude est dans le sang islandais. Maintenant veuillez m’indiquer les livres que vous esp'eriez trouver `a notre biblioth`eque, et je pourrai peut-^etre vous renseigner `a leur 'egard.
Je regardai mon oncle. Il h'esita `a r'epondre. Cela touchait directement `a ses projets. Cependant, apr`es avoir r'efl'echi, il se d'ecida `a parler.