Когда пред нею старцы, стражи лона,Склонились, друг до друга говоря:«Смотрите, розоперстая заря!»,Она возникла в мире вне закона.Как сладкий звук, превыше вихрей стона,Как царская добыча для царя,Как песнь весны, как пламя алтаря,Как лунный серп в опале небосклона.Как миг любви, что сам себе закон,Как звон оков законченного плена,Как в ливне быстрых радуг перемена.Как в сне веков единый верный сон,Дочь лебедя, волны вскипевшей пена,Грань торжества, звезда средь жен, Елена.Lorsque se sont pench'es devant elle les vieuxQui l'un `a l'autre se disaient, gardiens obscurs,Levez les yeux! Voici l'aurore aux doigts de rose:Hors de la loi du monde elle se manifeste.Comme un son doux plus haut qu'un tourbillon de plaintes,Comme un butin royal pour un Roi, comme un chantDe printemps, comme une flamme devant l'autel,Comme un croissant de lune en l'opale du ciel,Comme un moment d'amour qui est sa propre loi,Comme le bruit des fers d'un captif qui s'en va,Comme au cours d'une averse un arc-en-ciel qui change,Comme parmi des songes de si`ecles, le songeUnique et qui ne trahit point, Fille de cygne,'Ecume de la vague, borne de triomphe, 'EtoileParmi les femmes… H'el`ene!
Traduitpar Phil'eas Lebesgue
Звездный
витязь/Un preux parmi les 'etoiles
Не бог, но самый сильный брат богов,Трудов свершитель самых трудных. Кто ты?Из мира изгонял ты нечистоты.И, вольный, был содругом всех рабов.Когда свистит вокруг твоих столбовМорская буря, порваны темноты.Ты гидр губил. Но пчел, творящих соты,Не трогал ты на чашечках цветков.Ты был как вышний ствол глухого леса.Но также прясть могла рука твоя.Когда ж земная порвалась завеса, —Ты отошел в небесные края.И солнце мчит себя, мечту тая —Догнать в путях созвездье Геркулеса.Non un dieu, mais le plus puissant fr`ere des dieux,H'eros des travaux les plus rudes, qui es-tu?De toute impuret'e tu nettoyais le mondeEt, libre, tu 'etais le soutien des esclaves.Quand la temp^ete siffle autour de tes colonnes,On voit se d'echirer tout `a coup les t'en`ebres;L'hydre tu la tuais, mais tu ne touchais point`A l'abeille qui fait son miel au creux des fleurs.Tu semblais l'arbre le plus haut d'un bois 'epais;Mais ta puissante main savait aussi filerEt, lorsque le rideau terrestre s'est fendu,Tu as fui aux pays du ciel, et le Soleil,En son essor, poursuit sans rel^ache le r^eveD'atteindre un jour la constellation d'Hercule.
Traduit par Phil'eas Lebesgue
Из книги «Дар земле»
(Париж, «Рус. земля», 1921)
Ниника/Ninica
Ты нашла кусочек янтаря,Он тебе дороже был червонца,И вскричала, радостью горя:«Я нашла, смотри, кусочек солнца!»Затаив желание свое,Ты вбежала в море прочь от няниИ вскричала: «Море все мое!»И была как птица в океане.Ты схватила красный карандашИ проворно на клочке бумагиНачертила огненный миражСолнечной молниеносной саги.Ты взросла, как тополь молодой,От смолистых капель благовонный,И пошел, — как путник за звездой, —За тобой — путем судьбы — влюбленный.Я не знаю, в чем твой час теперь,Между нами — реки, горы, степи,Но везде в тюрьме ты сломишь дверьИ, играя, разорвешь ты цепи.Tu as trouv'e un morceau d'ambre,Il te fut plus cher qu'un 'ecu.Et la joie te br^ulant, ne t'es-tu pas 'ecri'ee«Vois, j'ai trouv'e un morceau du soleil»?Mais tu as cach'e ton d'esir,Loin de ta bonne, en courant, tu es entr'ee dans la mer.Ne t'es-tu pas 'ecri'ee: «La mer tout enti`ere est а moi!»Tu 'etais dans l'oc'ean comme un oiseau.Tu t'es jet'ee sur le crayon rougeEt tu as sur le papier promptementTrac'e le mirage enflamm'eD'un mythe solaire porteur d''eclairs.Tu as grandi comme un jeune peuplierCharg'e de la senteur des gouttes de r'esine;Et, comme un routier derri`ere une 'etoile,L'amoureux t'a suivi sur la route du destin.J'ignore ce qu'est ton heure pr'esente,Des monts, des fleuves, des steppes nous s'eparent;Mais partout tu sauras briser les portes de prisonEt, en jouant, rompre toutes les cha^ines.
Traduit par Emmanuel Rais et Jacques Robert
Из книги «В раздвинутой дали»
(Белград, 1929)
Обетование/La terre promise
Сомкни усталые ресницы,На то, что было, не смотри.Закрыв глаза, читай страницы,Что светят ярко там внутри.Из бездны ада мы бежали,И Море бьет о чуждый брег.Но заключили мы скрижалиВ недосягаемый ковчег.Храни нетронутость святыни,Которой перемены нет.И знай — от века и донынеНам светит негасимый свет.Когда ж ягненок с волком рядомПойдут одну зарю встречать.Вдруг разомкнётся нам над кладомТеперь сомкнутая печать.Ne regarde plus le pass'e,Clos tes yeux las, ^o doux visage,Tu liras ainsi le messageSur ces ardents feuillets trac'e.Fuyant un infernal ab^ime,Port'es au rivage 'etranger,Notre table des lois nous m^imesDans une arche, hors du danger…Et, la gardant toujours enti`ere,Inalt'erable d'esormais,Nous resterons dans sa lumi`ereD`es `a pr'esent et pour jamais.Quand iront vers l'aube nouvelleLe loup avec l'angneau, alorsNous briserons le sceau qui c`eleJalousement notre tr'esor.
`A l'heure de minuit, en la touffeur des marais,`A peine perceptibles, sans bruit fr^olent-lent les roseaux.De quoi chuchottent-ils? De quoi parlent-ils?Pourquoi, parmi eux, de petits feux s'allument-ils?Ils 'etincellent, clignotent, — et ne sont plus…Et de nouveau scintille la lueur errante.`A l'heure de minuit fr^olent-lent les roseaux:Les crapeaux y nichent, les serpents y sifflent.Une Face moribonde frissonne dans le marais:Et c'est la Lune meurtrie, qui, tristement, s'affaissa.L'odeur de vase s'exhale, l'humidit'e rampe…La vase mouvante attirera, pressera, enlisera.— «Qui? Pourquoi?» — disent les roseaux.Pourquoi, parmi nous, s'allument les feux petits?Mais la Lune triste s'affaissa dans son silence.Elle ne sait pas. Elle descend, plus bas encore, sa face.Et r'ep'etant le soupir de l'^etre qui p'erit, —Avec angoisse, sans bruit, fr^olent-lent les roseaux.
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Включены варианты французских переводов из Бальмонта.
Traduit par Alexandra de Holstein et Ren'e Ghil
Камыши/Les roseaux
Lorsqu'arrive minuit dans les marais d'esertsLes roseaux doucement soupirent dans les airs.Que disent les roseaux, pourquoi donc ces murmures?Pourquoi des feux follets br^ulent dans leur verdure?Ces errantes clart'es sur le miroir des eauxSe rallument ou bien s''eteignent de nouveau.Les roseaux de minuit s'inclinent et bruissent,Ils cachent des crapauds, de longs serpents y glissent.Le visage pench'e d'un livide croissantSe mire dans les eaux, tremblant, 'evanescent.Oh! l'odeur de la vase, 'etrangement sauvage,Il aspire, il 'etreint, l'attirant mar'ecage…«Qui donc est-ce… Pourquoi? Demandent les roseaux,Pourquoi br^ulent ainsi des flammes sur nos eaux?»Mais le croissant se tait tristement qui l'ignore,Et penche son profil plus bas, plus bas encore…Les roseaux chuchotant dans la nuit de saphir,D'une ^ame disparue 'evoquent les soupirs.