La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Pourquoi n’^etes-vous pas mont'e `a l’arbre vous-m^eme ? Vous auriez vu s’il pr'esentait quelque chose d’anormal, il doit s’y trouver un objet qui motive la visite de Hans. Il ne vient pas l`a uniquement pour causer avec les petits oiseaux.
— C’est bien ce que je me suis dit, et je suis mont'e `a l’arbre, je n’ai rien trouv'e.
— 'Etrange.
Depuis qu’il ne s’agissait plus de Winie, le jeune homme semblait avoir repris tout son sang-froid.
— R'ecapitulons ce que nous savons. Vous dites qu’il grimpe dans un arbre ?
— Oui.
— Est-ce qu’il porte quelque chose `a la main ?
— Non, plusieurs fois il portait une canne, mais il l’a toujours laiss'ee au pied de l’arbre en montant.
— Et en repartant ?
— Rien de plus.
— C’est donc qu’il ne va rien chercher et qu’il se d'erange uniquement pour voir un objet que nous ne pouvons d'eterminer. Est-ce que vous connaissez exactement la position du latanier ?
— `A coup s^ur.
— Eh bien, conduisez-moi, peut-^etre que je serai plus heureux que vous.
Avec des pr'ecautions infinies, les deux jeunes gens sortirent du parc, ils franchirent la grille et bient^ot ils se trouv`erent en pleine campagne.
Malgr'e la lumi`ere, la promenade 'etait lugubre.
Teddy, habitu'e au paysage d'esol'e de la nuit, ne ressentait aucune 'emotion et marchait d’un pas aussi assur'e que s’il e^ut 'et'e dans les rues de Durban, en plein midi.
Mais Fandor voyait une arm'ee de g'eants aux membres tordus qui ne lui disait rien que vaille.
Tout en causant, on avait p'en'etr'e dans la for^et, on marchait maintenant dans les broussailles et les feuilles mortes, les baobabs et les lataniers recouvraient ces intrus du berceau de leurs branches 'enormes. L’arbre du voyageur les caressait du large 'eventail de ses feuilles, tandis que les raphias g'eants, laissant retomber leurs lianes jusqu’`a terre, entravaient leur marche et risquaient `a chaque instant de les faire tomber.
Au bruit qu’ils faisaient, de gros oiseaux nocturnes s’envolaient avec de lourds battements d’ailes et des hululements `a n’en plus finir.
— Vous avez beau dire, cher Teddy, tout cela n’est pas gai. Enfin, puisque le vin est tir'e, il faut le boire. D’ailleurs, nous voil`a arriv'es et cet 'enorme latanier que vous apercevez l`a-bas, est l’arbre de Hans.
Cet arbre se dressait dans le coin d’une clairi`ere embaum'ee du parfum des tamariniers. Jusqu’au niveau des premi`eres pousses, il avait un tronc lisse et parfaitement droit, puis il se divisait en grosses branches qui poussaient dans toutes les directions et allaient m^eler leurs larges feuilles `a celles des autres arbres. Teddy monta rapidement jusqu’`a ce premier 'etage, o`u il s’arr^eta pour examiner le lieu o`u il se trouvait.
— Fandor, est-ce que vous n’avez pas pu distinguer de quel c^ot'e se dirigeait Hans Elders lorsqu’il 'etait arriv'e ici ?
— Non. Vous savez Teddy, on ne voit pas d’ici.
— Il n’y a pas de traces ? Si Hans portait ses bottes de chasse, les clous ont d^u 'erafler l’'ecorce.
La lune venait de se cacher derri`ere un 'epais nuage, mais Teddy avait allum'e un briquet et s’'etait mis `a examiner les branches.
Tout `a coup, il appela Fandor :
— Ca y est, j’ai trouv'e, sur une grosse branche, il y a des traces de clous… De plus j’ai un tout petit morceau d’'etoffe d'echir'ee qui a certainement appartenu `a un v^etement de Hans.
C’est de ce c^ot'e qu’il se dirigea. D’en bas, Fandor suivait la progression lente du lumignon sur l’arbre.
— Vous avez trouv'e quelque chose ?
— Non, Fandor, rien.
Au moment o`u Teddy allait recommencer son escalade, la lune reprit tout son 'eclat. Un rayon p'en'etra dans le tronc et l’illumina soudain. Teddy se pencha brusquement. Le briquet lui 'echappa des mains. Teddy se frotta les yeux avant de pousser un hurlement de triomphe :
— La t^ete de mort.
— Quoi ?
— J’ai trouv'e le cr^ane, Fandor.
— Vous l’avez ?
— Non, je ne l’ai pas, mais je le vois, il est au fond du tronc d’un arbre creux qui se trouve au-dessous de moi. Cherchez un pal'etuvier frapp'e par la foudre. C’est celui-l`a…
Teddy n’avait pas encore fini de parler que Fandor s’'etait pr'ecipit'e, il ne sentait pas les broussailles qui d'echiraient ses v^etements, ni les 'epines qui lui entraient dans le corps. `A travers les crevasses dans lesquelles il risquait de tomber et les buissons qu’il traversait en courant, d'ej`a il avait atteint le pied du pal'etuvier, il en avait fait le tour.
Tout `a la joie de retrouver enfin l’objet dont on avait tant regrett'e la disparition, il ne songeait plus aux difficult'es qui pouvaient survenir. Il ne voyait qu’une chose : monter le long du tronc, se laisser glisser `a l’int'erieur et s’emparer du cr^ane.
Il 'etait d'ej`a `a moiti'e hauteur quand tout `a coup il s’arr^eta : des sifflements aigus s’'elevaient et, des bruits m'etalliques comme ceux d’anneaux d’acier qui rebondissent sur la pierre.
Par tous les trous, par toutes les crevasses du vieil arbre `a moiti'e pourri, une arm'ee de serpents r'eveill'es en sursaut se glissait et marchait sur lui. Il en surgissait de partout et de toutes les formes, la t^ete menacante et la bouche suintant d’immonde venin.
Fandor braquait son browning. Mais, du haut de l’arbre, Teddy lui hurla :
— Ne tirez pas… au nom du ciel, ou vous ^etes mort. Fuyez, fuyez ! Moi je me charge d’aller prendre le cr^ane sans aucun danger.
Fandor n’h'esita pas, il l^acha donc l’arbre et, dans un effort violent des pieds et des mains, il fit un bond 'enorme qui le transporta `a plusieurs m`etres du tronc…
Il 'etait `a peine remis de son 'emotion que Teddy, qui 'etait descendu en h^ate du latanier, retombait `a ses pieds.
Il lui demanda aussit^ot :
— Que comptiez-vous donc faire ? Vous ne pouvez pas songer `a p'en'etrer dans l’arbre, au milieu de tous ces serpents ?
— Mais si.
— C’'etait la mort certaine pour vous… Laissez-moi faire. Vous ignorez sans doute que moi et les serpents nous sommes de vieux amis ? Il y a longtemps que ma nourrice Laetitia m’a appris `a les charmer.
— ^Etes-vous s^ur de r'eussir au moins ?
— Parfaitement s^ur, `a condition toutefois que vous ayez soin de vous 'eloigner assez pour ne pas distraire les serpents du charme o`u je vais les plonger. Surtout, n’intervenez jamais, car ce serait ma mort imm'ediate.