La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Tu mens, c’est pourquoi tu me vois ici. Je ne suis qu’une vieille femme, Hans, mais tu oublies que je suis terriblement arm'ee contre toi…
— Laetitia, que veux-tu ? parle ?…
La vieille Laetitia se redressait…
— Hans, faisait-elle, tu m’avais jur'e d’oublier l’enfant. Tu m’avais jur'e de faire qu’il soit pour toi comme mort et je t’avais promis, moi, que l’enfant ne saurait jamais rien avant qu’il ait vingt ans. Hans, le pacte tient toujours, mais `a une condition, une seule – et ne t’y trompe point, tu sais ce que vaut ma parole – accepte-la ou tu es perdu.
— Laetitia, que veux-tu ?
— Rends-moi les papiers que tu as vol'es. Rends-moi le coffret.
— Je n’ai pas vol'e le coffret.
— Tu as vol'e le coffret, r'ep'eta-t-elle, une premi`ere fois et c’est Teddy, oui Teddy, qui s’en est apercu, qui est all'e pour le reprendre aux Docks. Oh ! ne t’y trompe pas, Hans, je suis renseign'ee. C’est parce que Teddy reprenait le coffret que tu as mis le feu aux entrep^ots.
— Laetitia…
— Tu pensais que l’enfant p'erirait et qu’avec lui tout dispara^itrait… Parbleu, Hans, tu avais oubli'e la fatalit'e. Mais j’ai pu savoir que le coffret avait disparu, avait 'et'e vol'e par un 'etranger, un 'etranger que l’on conduisait alors `a la maison de fous…
— Oh, celui-l`a.
— Tais-toi, reprit la vieille femme. Dans la maison de fous, tu as 'et'e reprendre ce coffret… Ne le nie pas. Eh bien, rends-le-moi maintenant, ou sans cela, prends garde, Hans Elders. Car de m^eme que je suis venue ici, j’irai demain tout dire `a la justice.
Hans Elders, passa la main sur son front d’un geste machinal :
— Tais-toi, tu te trompes, Laetitia, tu crois que j’avais vol'e ce coffret dans un but criminel ? Rien de plus faux. Tiens, 'ecoute, la preuve que je n’avais que de bonnes intentions, c’est qu’en ce moment m^eme, je pourrais te tuer, et je ne le fais pas… vois ce revolver…
Laetitia se mit `a rire :
— Non, non, dit-elle, je n’ai pas peur de ton revolver, Hans, et je n’en ai pas peur, parce que tu ne peux pas me tuer, parce que c’est de lui que tu aurais peur si tu me tuais.
— De qui ?
— De lui… et de Teddy.
Hans Elders, un instant, demeurait silencieux, puis il r'ep'etait, comme affol'e :
— Mais enfin, que veux-tu ?
— Ce coffret.
— Je ne l’ai plus.
— Tu l’as pris…
— Oui, Laetitia, je l’avais pris pour le d'etruire, parce que, vois-tu, je ne sais quoi nous menace, me menace, moi au moins. Il y a des moments o`u je me demande s’il ne va pas revenir… Et comme toi, vois-tu, je ne voudrais pas que, gr^ace au contenu du coffret, le
— Rends-moi le coffret.
— 'Ecoute, crois-moi ! Je ne te mens pas. C’'etait pour cela que j’avais pris ce coffret, pour cela que je l’ai vol'e, mais je ne l’ai plus. Non. Je ne l’ai plus. Je te jure qu’on me l’a repris. Tiens, voyons, quand tu me menaces crois-tu que si je l’avais, je ne te le rendrais pas ?
Laetitia venait de sortir du cabinet de travail et Hans Elders, maintenant, seul dans la pi`ece, debout pr`es de son bureau, r'efl'echissait.
— Bah ! dit-il enfin, `a mi-voix. Lui est mort. L’enfant n’est qu’un enfant. Quant `a Laetitia, elle est vieille, si vieille qu’elle mourra bient^ot.
Hans Elders 'eteignit la lampe, quitta la pi`ece. O`u se trouvait sa fille Winie ?
Mais `a peine Hans Elders avait-il quitt'e le cabinet de travail, qu’il s’y 'eleva comme un bruit.
Le bruit sourd de quelqu’un qui bouge pr'ecautionneusement, qui, faisant grande attention, se laisse glisser, touche le sol…
Si quelque observateur se f^ut alors trouv'e dans le parc qui entourait Diamond House, il aurait vu en ce moment, la fen^etre du cabinet de travail de Hans Elders s’entreb^ailler lentement… une ombre enjamber la barre d’appui de cette fen^etre.
La silhouette d’un homme se profilait un instant sur les murailles de la maison. Cet homme rabattit les volets de fer, puis, se penchant, rampant presque, se dissimula derri`ere les massifs, traversa tout le jardin en sautant la cl^oture, et partit dans la m^eme direction o`u, quelques instants auparavant, la vieille Laetitia s’en 'etait all'ee `a pas menus.
14 – ON NE RIT PAS DE « LUI »
Comme cela lui arrivait souvent, le jeune garcon, ce soir-l`a, n’'etait pas rentr'e `a la ferme. O`u 'etait-il ? O`u vagabondait-il ?
En quel endroit du veld cet intr'epide cavalier errait-il encore dans la nuit mauvaise ?
Soudain, un pas d’homme, un pas pr'ecis, appuy'e, le pas de quelqu’un qui rentre chez lui ou qui, du moins, est certain de recevoir bon accueil.
La porte de la grande salle o`u se trouvait la vieille femme s’ouvrit. Entra un homme v^etu d’un long manteau, coiff'e d’un chapeau boer, dont les bords, exag'er'ement longs, 'etaient rabattus sur le visage. Laetitia s’'etait lev'ee :
— Qui demandez-vous ?
L’homme, tr`es calme, s’approcha de la vieille femme, la regarda avant de r'epondre.
Il articula enfin, d’une voix basse et richement timbr'ee :
— Bonsoir, c’est moi.
L’'etranger insistait :
— Oui, c’est moi. Vous me reconnaissez maintenant ?
Et comme Laetitia, les mains jointes, se taisait encore, il insistait :
— Allons ! sotte que vous ^etes, ne pouvez-vous me souhaitez la bienvenue ? pensiez-vous donc, comme Hans Elders, que j’'etais mort ?
Laetitia fit « non » de la t^ete…
— Dans ce cas, reprit l’'etranger, vous voyez que vous 'etiez mieux inspir'ee que lui : j’aurais plut^ot cru le contraire. Je me serais davantage fi'e `a l’intelligence de Hans Elders qu’`a la v^otre, Laetitia… bah, peu importe, apr`es tout. Mais nous ne sommes pas ici pour prononcer des paroles oiseuses. Voyons, vous me reconnaissez bien, n’est-ce pas ? R'epondez ? Allons, dites-le donc.
Laetitia parla enfin :