La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Vous serez beaucoup mieux ici, mon cher. Vous irez faire la cour `a Winifred. Amusez-vous bien, amusez-vous bien.
Et Teddy, enfoncant rageusement les 'eperons dans les flancs de la b^ete, disparut dans les fourr'es.
Fandor demeura songeur un instant.
Il se d'ecida ensuite `a retourner `a Diamond House, o`u 'evidemment l’avait pr'ec'ed'e la charmante Winifred…
— Oh ! oh ! pensait Fandor lorsqu’il eut regagn'e le jeu de tennis devant lequel on prenait le th'e, oh ! oh ! d'ecid'ement, mon petit ami Teddy a quelque chose qui le turlupine. Mais quel est l’organe attaqu'e ? Est-ce le cerveau ou est-ce le coeur ?
13 –
Hans Elders se leva, quitta son bureau sur lequel il avait 'etal'e papiers, documents, livres de comptes, alla prendre sur la chemin'ee une petite sonnette au timbre argentin, qu’il secoua violemment.
Un domestique accourut :
Hans Elders, la voix br`eve et la mine ennuy'ee, l’interrogea :
— Beaucoup de personnes attendent, Tom ?
— Quatre voyageurs, monsieur.
— Bien ! tu vas les faire entrer, l’un apr`es l’autre, et seulement quand je sonnerai. G'erard est l`a ?
— Oui, monsieur, G'erard est l`a.
— Fais-le venir tout de suite.
Tandis que le domestique s’'eloignait, Hans Elders fit des pr'eparatifs.
Il tira l’un des tiroirs de son bureau. Un tiroir enti`erement doubl'e d’acier. Devant lui, sur le buvard de son sous-main, il 'etala un carr'e de velours noir, puis, il v'erifia avec un scrupule extr^eme l’armement d’un long revolver qu’il posa `a sa droite, sur sa table m^eme, bien `a port'ee de sa main et qu’il dissimula aux regards, en jetant n'egligemment dessus un journal d'epli'e. Cela fait, Hans Elders s’approcha de la fen^etre, rabattit les volets, ferma la crois'ee, tira les grands rideaux. La pi`ece 'etait `a peine 'eclair'ee par une lampe 'electrique, dont l’abat-jour, long et bas, laissait tout juste filtrer un rayon de lumi`ere sur le bureau de Hans Elders.
Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit, le premier visiteur faisait son apparition. C’'etait un homme bizarre, dont l’aspect frappait au premier regard, d’une taille au-dessus de la moyenne. Le front 'elev'e, large, d'egarni, donnait une impression de volont'e farouche, que soulignait encore le double trait des sourcils, tr`es fournis, tr`es noirs, plant'es bas et se joignant presque, ce qui parait toute la physionomie d’un air de t'enacit'e remarquable.
Le visiteur 'etait v^etu `a la facon des paysans boers, moiti'e chasseur, moiti'e guerrier.
Il portait la courte veste `a collet montant, le pantalon de velours, large et bouffant, de hautes bottes `a l’'ecuy`ere tach'ees de boue. Sur la t^ete, un de ces larges chapeaux de feutre caboss'e, qui sans doute avait vu bien des orages, bien des temp^etes…
Au travers du corps enfin, deux bandouli`eres, qui n’'etaient autres que des ceintures formant cartouchi`eres, s’entrechoquaient en cliquetant. Un manche de poignard, des coutelas, sortaient `a moiti'e de sa poche. Sous la veste, on devinait le renflement d’un long Colt, comme en portent toujours ceux qui sont appel'es `a parcourir le veld et le plus souvent `a y d'efendre leur vie.
Hans Elders salua l’arrivant sur un ton qu’il voulait cordial :
— Bonjour, G'erard.
— Bonjour, Hans Elders ! que le diable soit de votre domestique. Il pr'etendait me faire attendre.
— Tom a des ordres, G'erard.
— Possible, mais j’ai des habitudes. Quand je vais chez un de mes 'egaux, je n’aime pas trouver la porte ferm'ee, ni attendre, ni user de formules protocolaires. Ou je me f^ache.
Apr`es un instant de silence, Elders prit la parole :
— Et alors G'erard, sais-tu qu’il y a pr`es de quatre mois que je ne t’ai vu ?
— Cela t’a manqu'e, Hans Elders ?
— L`a n’est pas la question, G'erard. As-tu du neuf ?
— Cela d'epend.
— Comment, cela d'epend ?
— Oui, qu’entends-tu par du neuf ?
Hans Elders, cette fois, haussa les 'epaules :
— G'erard, tu me fais piti'e, fit-il d’un ton d'edaigneux, allons-nous, toi et moi, ruser ensemble ? Te voici, c’est aujourd’hui jour convenu. Si tu es l`a, j’imagine, en cons'equence que tu as des affaires `a me proposer ? Montre et je te dirai mon prix.
— Je montrerai, si cela me pla^it, r'epondait-il, et je ferai affaire avec toi, Hans, si cela me convient.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Ceci, Hans : que j’en ai assez, et que si cela ne te va pas que j’en aie assez, je t’avouerai que j’en ai trop.
— De quoi ?
Hans Elders avant d’interroger ainsi nettement, celui qui paraissait plus son ennemi que son ami, avait imperceptiblement tressailli. Il avait commenc'e `a causer avec ce G'erard en se tenant renvers'e dans son fauteuil, les deux mains dans ses poches, d’un geste tout naturel, il venait de s’accouder `a son bureau, la main droite appuy'ee au bord du meuble, contre le journal d'epli'e.
— Tu me le demandes ?
— Oui ?
— Hans Elders, j’en ai assez de te voir ma^itre de Diamond House, de Diamond City. Assez que tu joues au patron, que tu donnes des ordres, que tu fasses l’imb'ecile. Voil`a. Tu dis qu’il y a quatre mois que tu ne m’as pas vu ? tu aurais pu rester plus longtemps sans avoir ma visite. Je pensais ne pas revenir. Je voulais t’oublier. Tu 'etais un camarade, et cela m’ennuierait qu’il t’arrive malheur.
— Il ne m’arrivera pas malheur, G'erard.
— Tu n’en sais rien. Autre chose. Tu ne me demandes pas d’o`u je viens, Hans ? De loin. J’ai voyag'e. J’ai fait le veld, pass'e les montagnes. J’ai jou'e, j’ai perdu. J’ai 'et'e `a la ville.
— Au Cap ?
— Ou ailleurs. J’ai lu les journaux.
— Eh bien ?
— Eh bien ! tu m’as menti, Hans.
— Ah ?
— Oui. Ne fais pas l’'etonn'e. Il n’est pas mort.
Hans Elders haussa les 'epaules une fois encore :