La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
Шрифт:
— Mais, interrompit Fandor, tout cela ne m’explique pas…
— … L’affaire des cartouches n’est-ce pas ? Rien n’est plus simple, mon cher ami… Hans Elders a simul'e un vol et il a pr'ecieusement rang'e l’argent d'erob'e au brave n`egre Jupiter. Le hasard d’un fusil qu’il a fallu charger m’a fait d'ecouvrir la cachette de Hans Elders, et le contenu des cartouches roses. Je les ai prises pour rendre `a Jupiter sa petite fortune. Et voil`a. Jupiter depuis ce soir est en possession de son argent. Voyons, Fandor, ai-je eu tort et en bonne 'equit'e est-ce commettre un vol que voler un voleur pour d'esint'eresser le vol'e ?
— Il faudra tirer Wilson Drag d’affaire.
— Oui, ce pauvre garcon expie ch`erement son incorrection.
— Quelle incorrection ? interrogea Fandor.
Teddy rougit, un peu embarrass'e :
— Ne vous ai-je pas dit qu’il avait fait sa ma^itresse de Winifred Elders ?
— Oh ! s’'ecria Fandor, si ce n’est que cela…
Fandor n’insista pas, il comprenait que Teddy avait des principes avec lesquels il convenait de ne pas transiger. Fandor avait d’ailleurs une autre question `a poser `a son bizarre petit camarade.
— R'epondez-moi, dit-il franchement, vous pouviez ne rien dire tout `a l’heure et c’est tr`es dur ce que vous avez fait : accuser le lieutenant d’un crime dont il est innocent, pourquoi ?
— Je vous l’ai dit, Fandor, pour 'eviter qu’il ne se batte avec vous. Pour vous sauver.
— Pour me sauver, r'ep'etait tout bas Fandor, perplexe.
Puis, fixant `a nouveau le jeune homme :
— Pourquoi vouliez-vous tant me sauver ?
Teddy parut horriblement g^en'e par cette question. Fandor r'ep'eta sa question.
Elle eut pour r'esultat de faire fuir Teddy qui, avant de se s'eparer de Fandor, lui lancait cette phrase 'enigmatique :
— Vous le saurez lorsque nous aurons retrouv'e la fameuse t^ete de mort.
Puis il disparut.
11 – UNE BONNE FARCE
'Etrange cavalier.
Apr`es un temps de galopade folle, o`u il avait fait preuve d’une extraordinaire habilet'e pour diriger sa b^ete, la relever quand elle butait aux pierres du chemin, la calmer quand elle s’effarait d’un aspect plus sinistre du paysage, il venait, reprenant rudement les r^enes, de se mettre au pas.
Le cheval qu’il montait, imp'etueux, ardent, acceptait mal cette allure tranquille, mais son ma^itre devait ^etre un cavalier hors ligne, car indiff'erent `a ses r'evoltes fr'emissantes, il le maintenait sans apparence d’effort, le forcait `a se plier `a son caprice.
Les lieux par lesquels passait ce cavalier eussent encore ajout'e `a l’'epouvante que pouvait causer sa seule apparition : Ravins, collines, rivi`eres dess'ech'ees avec, par endroit, des blocs de rochers, 'ecroul'es de la montagne, obstruant le chemin ; ailleurs, un torrent qui coupait la route, se ruant aux bords escarp'es de son lit d'evalant avec fracas, pour se perdre, plus loin, dans une vall'ee.
Mais le cavalier connaissait, probablement pour l’avoir maintes fois suivie, la route qu’il avait emprunt'ee cette nuit. C’est avec une main ferme qu’il dirigeait sa monture, il ne paraissait avoir aucune difficult'e `a s’orienter et, ne prenait souci de rien, sauf des trois b^etes qu’il sifflait par moments, et par moments encore, encourageait de la voix :
— Ta"iaut ! petits ! l`a ! c’est beau ! et n’aboyez pas !
Les chiens, superbes b^etes, comprenaient avec une intelligence quasi-humaine les recommandations de leur ma^itre. `A sa voix, de brefs frissons leur couraient le long de l’'echine. Leur t^ete f'eroce se levait vers lui, dans leurs yeux un regard d’affection brillait et puis ils sautaient vers lui comme pour qu^eter une caresse, une flatterie de la main, et cela en poussant un court grognement rauque qui, sans doute, affolait le cheval, car la b^ete alors pointait, ruait et force 'etait au cavalier de la calmer, de la pousser en avant en usant de toute sa vigueur.
— Dr^ole d’endroit ! dr^ole de course disait `a haute voix le cavalier, qui maintenant souriait presque. Je me demande si je n’ai point tort de faire ce que je vais faire et si je n’emploie pas des moyens trop romanesques. J’aurais pu d'eposer ma trouvaille chez lui. Mais serait-ce prudent ? Il hospitalise sans cesse n’importe qui. Si par hasard il n’'etait pas seul cette nuit je risquerais de lui faire cette restitution pour qu’un autre en profite. Tant pis, je vais l’intriguer un peu. Le jeu en vaut d’ailleurs la peine.
Le cavalier soudain interrompait son monologue brutalement, il venait d’arr^eter sa monture, net, au tournant d’un ravin.
— Tiens ! fit-il presque `a voix haute, je suis arriv'e ? c’est curieux comme la nuit les distances paraissent plus courtes que le jour. J’'etais si absorb'e par mes r'eflexions qu’en v'erit'e je ne me doutais nullement que j’'etais d'ej`a au carrefour. Allons ! D'ecidons-nous…
D’un mouvement souple, d’un saut l'eger qui e^ut prouv'e `a qui ne s’en serait pas encore apercu qu’il 'etait jeune, tr`es jeune, le myst'erieux cavalier qui ce soir-l`a chevauchait sur les plateaux d'eserts des collines qui avoisinent la ville de Durban, descendit de cheval.
Il r'efl'echit quelques instants.
Puis, de l’une des fontes de la selle il tira une longe, la passa `a la gourmette du mors, puis il attacha l’extr'emit'e de la corde `a la branche basse d’un arbre.
— L`a, mon ami, d'eclara-t-il, et t^achez de ne point hennir.
Son cheval attach'e, le cavalier maintenant s’occupa des chiens. Il les siffla, les rassembla : en un tour de main il passa au collier des trois superbes animaux une autre corde, qu’il attacha aussi `a un arbre voisin.
— Et maintenant nous allons rire, s’'ecria le cavalier de la nuit.
Ses chiens attach'es, il revint vers son cheval et ouvrit soigneusement un paquet pris au trousquin de sa selle. Ce paquet d'efait, il alla le faire flairer aux chiens…
— Voyez cela, mes petits amis, leur dit-il, `a voix basse et comme persuad'e que les b^etes devaient comprendre ses paroles, c’est de la viande, de la bonne viande, et comme il y a toute une journ'ee que vous n’avez mang'e, j’imagine qu’elle vous fera plaisir.