La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
Шрифт:
— Oui, malgr'e tout le monde, malgr'e Fant^omas, je sauverai Fandor.
30 – LE VOL DE LA « PACIFIC »
Seul sur sa locomotive, l’ing'enieur, ou tout au moins le personnage qui s’'etait donn'e pour tel aux employ'es de la Compagnie, attendait les signaux pour d'emarrer.
La puissante « Pacific », d’une force de 24.000 CV, haletait doucement, cependant qu’`a l’int'erieur de ses flancs grondait une demi-tonne de charbon de terre enflamm'e.
Par un hasard incroyable, l’ing'enieur, qui n’'etait autre que Juve, se trouvait seul sur la machine que successivement ses deux pilotes avaient abandonn'ee et voici pourquoi : contrairement aux usages, le chauffeur de la locomotive, qui depuis deux heures d'ej`a s’occupait de sa machine, lui prodiguant tous ses soins, alimentant son foyer et ses r'eservoirs, prenant la pr'ecaution de graisser et d’huiler ses moindres rouages, avait quitt'e son poste `a quelques minutes m^eme du moment o`u la manoeuvre allait se faire.
La machine, en effet, 'etait sortie du d'ep^ot. On l’avait amen'ee sur la voie de garage et refoul'ee jusqu’au wagon p'enitentiaire auquel les hommes d’'equipe n’allaient pas tarder `a l’accrocher.
Il 'etait environ une heure quatorze, l’express venant de V'erulam et que devait prendre cette machine en gare de Durban avait 'et'e signal'e.
***
Juve, voulant jouer avec un imperturbable sang-froid son r^ole d’ing'enieur de la Compagnie, 'etait arriv'e quelques instants auparavant. Il 'etait mont'e sur la locomotive et n’y avait trouv'e que le m'ecanicien qu’il avait interrog'e avec une certaine curiosit'e sur la disparition du chauffeur.
Quelques instants auparavant, il avait dit qu’il retournait chercher un marteau oubli'e pr`es du tas de charbon, mais son absence 'etait trop longue pour ^etre justifi'ee.
— 'Ecoutez, dit Juve au m'ecanicien, apr`es avoir regard'e sa montre, vous allez me faire le plaisir d’aller me chercher tout de suite votre camarade.
— Vous n’y pensez pas, monsieur l’ing'enieur. Vous savez que les r`eglements m’interdisent d’abandonner ma machine, sous pression.
— C’est exact, mais n’oubliez pas que vous avez un sup'erieur `a bord. D’ailleurs, je prends l’enti`ere responsabilit'e de cet ordre.
Le m'ecanicien partit donc `a la recherche de son compagnon.
Juve, rest'e seul, poussa un soupir de soulagement.
L’absence inopin'ee du chauffeur lui avait permis d’'eloigner le m'ecanicien.
Si, entre-temps, le chauffeur revenait, Juve l’enverrait aussit^ot courir apr`es le m'ecanicien en lui donnant une indication telle qu’il ne pourrait le rencontrer avant longtemps.
Juve, en effet, tenait `a demeurer seul `a bord le plus longtemps possible. En policier complet qu’il 'etait, le maniement d’une locomotive n’'etait pas fait pour l’'epouvanter.
Pour l’instant, il 'etait sur des charbons ardents.
Un quart d’heure auparavant, en effet, il avait vu amener au wagon cellulaire le malheureux J'er^ome Fandor, entre quatre ge^oliers. Mais les hommes, apr`es avoir install'e leur prisonnier dans la voiture p'enitentiaire, s’'etaient retir'es, laissant l’infortun'e pieds et poings li'es, sous la simple surveillance d’un jeune soldat qui avait pour mission de le convoyer jusqu’`a Pietermaritzburg.
Si le wagon avait 'et'e attel'e `a ce moment-l`a au tender de la locomotive, Juve n’aurait pas h'esit'e `a mettre cette derni`ere en marche, `a s’enfuir dans la campagne, mettant entre lui et la civilisation dix bons kilom`etres de r'egions inhabit'ees, apr`es quoi rien ne serait plus facile que de faire 'evader Fandor.
Mais, les hommes d’'equipe ne se pressaient pas de venir atteler, et Juve, au fur et `a mesure que s’'ecoulaient les secondes, se sentait perler au front une sueur d’angoisse.
Jamais aussi belle occasion ne se repr'esenterait pour fuir ainsi sans t'emoin, et sans adversaire.
Juve tr'epignait litt'eralement sur la locomotive dont s’'echappait l’'epaisse fum'ee blanche qui l’enveloppait comme un nuage.
Juve, pour nourrir son inaction avait charg'e le foyer et le charbon ronflait sous la chaudi`ere. Celle-ci, par ses soupapes de trop plein, l^achait une vapeur br^ulante au sifflement rauque.
— Bon Dieu, jurait Juve, ces manoeuvres arriveront-ils avant le retour du chauffeur et du m'ecanicien ? Si seulement ce maudit wagon 'etait attel'e, nous serions d'ej`a loin.
Le tapage que faisait la locomotive sous pression 'etait tel, d’une part, et Juve 'etait si absorb'e dans sa r'eflexion, de l’autre, que c’est `a peine s’il prit connaissance d’une sc`ene 'etrange qui se d'eroulait tout `a c^ot'e.
Mais, un coup de feu tir'e `a quelques m`etres de la locomotive le fit tressaillir soudain.
Le policier se pencha sur la barre d’appui pour regarder ce qui avait pu se produire. Mais, en m^eme temps il sentait la machine d'emarrer lentement en poussant de gros soupirs, l^achant par sa chemin'ee une fum'ee noire charg'ee d’escarbilles.
Juve se retourna :
Un homme qu’il n’avait pas vu monter avait d^u tirer la barre d’acier qui commandait les tiroirs d’admission et cet homme, 'ecroul'e devant le foyer regorgeant de charbon, demeurait inerte.
La puissante
Chaque tour de roue qu’elle effectuait la s'eparait de la prison dans laquelle on avait enferm'e Fandor, et que Juve avait si bien combin'e depuis quarante-huit heures, d’entra^iner dans la campagne derri`ere la locomotive.
Le policier poussa un juron.
— Nom de Dieu, mal'ediction, hurla-t-il.
Et, dans un geste impulsif, il empoigna par les 'epaules le satan'e chauffeur qui, croyait-il avait eu la malencontreuse id'ee de faire d'emarrer la machine.
Juve renversa l’homme, mais `a cet instant m^eme il recula stup'efait car il venait d’apercevoir son visage et il l’avait reconnu.