Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Fant^omas, cependant, venait de quitter la pi`ece dans laquelle il se tenait avec M me Rambert.
Sur le palier de l’escalier, avant de descendre rejoindre le visiteur, il attira par le bras le domestique :
— Eh bien ? dit Fant^omas. Qu’est-ce que c’est encore que ce notaire ? Sais-tu ce qu’il nous veut ?
— Non, patron. Il a demand'e simplement apr`es M me Verdon. Il doit venir raconter quelque chose de grave, car il a l’air plut^ot retourn'e !
— Le Bedeau, articula Fant^omas, ouvre l’oeil et le bon ! Tiens-toi aux 'ecoutes, pr^et `a agir s’il le faut. Je ne sais pas du tout ce que va dire ce notaire, mais il faut qu’en tout cas nous r'eussissions. Compris, pas vrai ?…
— Compris, patron.
Fant^omas, d'esormais, descendait l’escalier ; le serviteur qu’il avait appel'e le Bedeau se trouvait `a quelques pas derri`ere.
Le Bedeau ?
Cette sinistre figure d’apache, cette silhouette tragique de criminel, on la retrouvait encore, comme toujours, dans le sillage de Fant^omas, sans cesse `a la d'evotion du bandit.
Fant^omas prenait toujours ses pr'ecautions.
Et du jour o`u il avait d'ecid'e d’'etablir provisoirement son quartier g'en'eral chez M me Rambert, dont il avait d'ecouvert l’identit'e, il avait du m^eme coup fait venir quelques-uns de ses complices, qu’il s’arrangeait aussit^ot pour faire embaucher dans la maison.
C’est ainsi que, depuis quarante-huit heures, le Bedeau tenait chez M me Rambert l’emploi de domestique !
Fant^omas, cependant, descendait ; il entra dans le salon o`u attendait Gauvin.
Le jeune homme parut stup'efait de voir s’avancer vers lui un vieillard `a la longue barbe blanche, dont il ne soupconnait pas l’existence `a Dom`ene, et qu’il ignorait encore plus habiter chez M me Verdon.
Gauvin, qui arrivait, l’^ame bourrel'ee, l’esprit en d'esordre, qui haletait encore d’'emotion et de terreur, ne savait que dire `a cet inconnu.
Il s’inclina cependant devant lui, le saluant avec le respect que doit `a tout vieillard un jeune homme.
Fant^omas le regardait avec curiosit'e ; il retrouvait en effet, apr`es quelques ann'ees, le fils de l’une de ses victimes, le petit Gauvin qu’il avait jadis connu, et dont l’amour pour l’infortun'ee M me Ricard avait failli contrecarrer un moment les sinistres projets du G'enie du crime.
— Ma^itre Gauvin, je crois ? interrogea Fant^omas, affectant de prendre une voix tremblotante et cass'ee.
— C’est moi, en effet, monsieur, d'eclara le jeune homme, s’efforcant de para^itre calme et de dissimuler son 'emotion.
— Vous attendez M me Verdon ? demanda encore Fant^omas.
— Oui, monsieur, fit simplement le notaire.
Il y eut un silence ; les deux hommes s’observaient. Fant^omas reprit :
— M me Verdon est tr`es souffrante en ce moment, et me charge de l’excuser aupr`es de vous, monsieur. Elle est dans l’impossibilit'e de vous recevoir.
Gauvin tressaillit, un pli barra son front.
Ces propos semblaient le d'esesp'erer, il reprit cependant les dents serr'ees, la voix rauque :
— Il faudrait cependant que je puisse la voir, monsieur ; ce que j’ai `a lui dire est d’une importance consid'erable, et ne permet pas que l’on attende un instant.
— C’est donc bien grave, monsieur ?
— Tr`es grave, oui, monsieur.
Fant^omas un instant h'esitait.
Brusquement sa r'esolution fut prise.
Il sortit de sa poche les documents qu’avaient sign'es M me Verdon, quelques instants auparavant. Il les montrait au notaire.
— Veuillez parler, dit-il, monsieur, vous voyez que je suis autoris'e par M me Verdon `a me substituer `a elle.
Gauvin, assez 'etonn'e de cette d'eclaration, prenait connaissance du document 'ecrit par la vieille dame :
Je soussign'ee donne plein pouvoir, en tout ce qui concerne la gestion de ma fortune, `a M. 'Etienne Rambert, porteur de ce document, que je signe de mon plein gr'e…
Gauvin s’arr^etait de lire, et ses yeux se fix`erent dans le regard de Fant^omas.
Toutefois, il n’articulait pas une parole.
— Eh bien ? interrogea le bandit, j’imagine qu’apr`es cela vous pouvez parler ?
Gauvin 'etait tr`es p^ale, il passa sa main sur son front comme s’il s’arrachait d’un r^eve, et, sans r'epondre `a la question qui lui 'etait pos'ee, il demanda :
— Vous ^etes M. 'Etienne Rambert ?
— Oui, monsieur, fit audacieusement Fant^omas.
Mais alors ce fut au tour du bandit de tressaillir.
Le jeune homme en effet hochait la t^ete, et pos'ement il articula :
— Non, monsieur !
— Pla^it-il ? grogna Fant^omas.
— Je dis, r'ep'eta Gauvin, que vous n’^etes pas M. 'Etienne Rambert !
— Pourquoi cela, je vous prie ?
Gauvin avait recul'e de deux pas, comme s’il 'etait pris soudain d’une crainte subite, puis il articula presque malgr'e lui comme s’il lui 'etait impossible de ne pas dire ce qu’il pensait :
— Parce que M. 'Etienne Rambert est mort il y a d'ej`a de cela plus d’un mois !
— Ah ! mis'erable ! hurla une voix.
C’'etait Fant^omas dont la col`ere 'eclatait.
Le bandit n’avait pas song'e que peut-^etre le notaire Gauvin 'etait au courant de la mort en effet survenue `a Amsterdam, du malheureux M. 'Etienne Rambert.
Fant^omas, en entendant Gauvin, apprenait d'esormais que celui-ci 'etait au courant.
Oh parbleu ! Fant^omas 'etait un imb'ecile de ne pas l’avoir devin'e plus t^ot. Il se le disait d'esormais et se le reprochait.