Том 6. Проза, письма
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Mademoiselle Annette * m'a dit qu'on n'avait pas effac'e la c'el`ebre t^ete sur la muraille * ! — pauvre ambition! — cela m'a r'ejoui… et encore comment! — cette dr^ole passion de laisser partout des traces de son passage! — une id'ee d'homme, quelque grande qu'elle soit vaut-elle la peine d'^etre r'ep'et'ee dans un objet mat'eriel, avec le seul m'erite de se faire comprendre `a l'^ame de quelques'uns; — il faut que les hommes ne soient pas n'es pour penser, puis qu'une id'ee forte et libre est pour eux chose si rare! —
Je me suis propos'e pour but de vous enterrer sous mes lettres et mes vers; cela n'est pas bien amical ni m^eme philantropique, mais chacun doit suivre sa destination.
Voici encore des vers, que j'ai faits au bord de la mer:
Белеет парус одинокой В— Adieu donc, adieu — je ne me porte pas bien: un songe heureux, un songe divin m'a g^at'e la journ'ee… je ne puis ni parler, ni lire, ni 'ecrire — chose 'etrange que les songes! une doublure de la vie, qui souvent est plus agr'eable que la r'ealit'e… car je ne partage pas du tout l'avis de ceux qui disent que la vie n'est qu'un songe; je sens bien fortement sa r'ealit'e, son vide engageant! — je ne pourrai jamais m'en d'etacher assez pour la m'epriser de bon coeur; car ma vie — c'est moi, moi, qui vous parle, — et qui dans un moment peut devenir rien, un nom, c'est `a dire encore rien. — Dieu sait, si apr`es la vie, le moi existera! C'est terrible, quand on pense qu'il peut arriver un jour, o`u je ne pourrai pas dire: moi! — `a cette id'ee l'univers n'est qu'un morceau de boue. —
Adieu; n'oubliez pas de me rappeler au souvenir de votre fr`ere et de vos soeurs — car je ne suppose pas ma cousine * de retour. —
— Dites moi, ch`ere miss Mary, si monsieur mon cousin Evre"inoff * vous a rendu mes lettres; et comment vous le trouvez, car dans ce cas je vous choisis pour mon thermom`etre.
— Adieu —
Votre d'evou'e Lerma.
P. S. J'aurais bien voulu vous faire une petite question * — mais elle se refuse de sortir de ma plume. — Si vous me d'evinez — bien, je serai content; — si non — alors, cela veut dire que si m^eme je vous avais dit la question, vous n'y auriez pas su r'epondre.
C'est le genre de question dont peut-^etre vous ne vous doutez pas! —
<См. перевод в примечаниях * >
Лопухиной М. А., около 15 октября 1832 *
<Петербург, около 15 октября 1832 г.>
Je suis extr^emement f^ach'e que ma lettre pour ma cousine soit perdue ainsi que la v^otre pour grand'maman; — ma cousine pense peut-^etre que j'ai fait le paresseux, ou que je mens en disant que j'ai 'ecrit; mais ni l'un ni l'autre ne serait juste de sa part; puisque je l'aime beaucoup, trop pour m'esquiver par un mensonge, et que, `a ce que vous pouvez lui attester, je ne suis pas paresseux `a 'ecrire; je me justifierai peut-^etre avec ce m^eme courrier, et si non, je vous prie de le faire pour moi; apr`es-demain je tiens examen, et suis enterr'e dans les math'ematiques. — Dites lui de m''ecrire quelquefois; ses lettres sont si aimables.
Je ne puis pas m'imaginer encore, quel effet produira sur vous ma grande nouvelle; moi, qui jusqu'`a pr'esent avais v'ecu pour la carri`ere litt'eraire, apr`es avoir tant sacrifi'e pour mon ingrat idole, voil`a que je me fais guerrier; — peut-^etre est-ce le vouloir particulier de la providence! — peut-^etre ce chemin est-il le plus court; et s'il ne me m`ene pas `a mon premier but, peut-^etre me m'enerat-il au dernier de tout le monde. Mourir une balle de plomb dans le coeur, vaut bien une lente agonie de vieillard; — aussi, s'il y a la guerre, je vous jure par dieu d'^etre le premier partout. — Dites je vous en prie, `a Alexis * que je lui enverrai un cadeau dont il ne se doute pas; il avait il y a longtemps d'esir'e quelque chose de semblable; et je lui envoie la m^eme chose, seulement dix fois mieux; — maintenant je ne lui 'ecris pas, car je n'ai pas le temps; dans quelques jours l'examen; une fois entr'e je vous assomme de lettres, et je vous conjure tous, et toutes, de me riposter; — mademoiselle Sophie * m'a promis de m''ecrire aussit^ot apr`es son arriv'ee; le saintdu Voron`ege lui aurait-il conseill'e de m'oublier? * — dites lui que je voudrais savoir de ses nouvelles, — Que co^ute une lettre? — une demi-heure! et elle n'entre pas `a l''ecole des guardes; — vraiment je n'ai que la nuit; — vous, c'est autre chose; il me parait que, si je ne vous communique pas quelque chose d'important, arriv'e `a ma personne, je suis priv'e de la moiti'e de ma r'esolution. — Croyez ou non, mais cela est tout-`a-fait vrai; je ne sais pourquoi, mais lorsque je recois une lettre de vous, je ne puis m'emp^echer de r'epondre tout de suite, comme si je vous parlais.
Adieu donc, ch`ere amie; je ne dis pas au revoir, puisque je ne puis esp'erer de vous voir ici, et entre moi et la ch`ere Moscou il y a des barri`eres insurmontables, que le sort semble vouloir augmenter de jour en jour. — Adieu, ne soyez pas plus paresseuse que vous n'avez 'et'e jusqu'ici, et je serai content de vous; maintenant j'aurai besoin de vos lettres plus que jamais: enferm'e comme <je> serai, cela sera ma plus grande jouissance; cela seul pourra relier mon pass'e avec mon avenir, qui d'ej`a s'en vont chacun de son c^ot'e, en laissant entre eux une barri`ere de 2 tristes, p'enibles ann'ees * ; prenez sur vous cette t^ache ennuyeuse, mais charitable, et vous emp`echerez une vie de se d'emolir; — `a vous seule je puis dire tout ce que je pense, bien ou mal, ce que j'ai d'ej`a prouv'e par ma confession; et vous ne devez pas rester en arri`ere; vous ne devez pas — car ce n'est pas une complaisance que je vous demande, mais un bienfait. — J'ai 'et'e inquiet il y a quelques jours, maintenant je ne le suis plus: tout est fini; j'ai v'ecu, j'ai m^uri trop t^ot; et les jours que vont suivre seront vides de sensations…
ОнAdieu — mes poclony * `a tous — adieu, ne m'oubliez pas.
M. Lermantoff.
P. S. Je n'ai jamais rien 'ecrit par rapport `a vous `a Evre"inoff * ; et vous voyez que tout ce que j'ai dit de son caract`ere, est vrai; seulement j'ai eu tort en disant qu'il 'etait hypocrite [81] — il n'a pas assez de moyens pour cela; il n'est que menteur.
<См. перевод в примечаниях * >
81
было:qu'il est hypocrite — Ред.
Верещагиной А. М., октябрь — ноябрь 1832 *
<Петербург, конец октября, начало ноября 1832 г.>
Femme injuste et cr'edule! (et remarquez que j'ai le plein droit de vous nommer ainsi, ch`ere cousine). Vous avez cr^u aux paroles et `a la lettre d'une jeune fille sans les analyser; Annette * dit qu'elle n'a jamais 'ecrit que j'avais une histoire * , mais qu'on ne m'a pas compt'e les ann'ees que j'ai pass'ees `a Moscou, comme `a tant d'autres; car il y a une r'eforme dans toutes les universit'es * , et je crains qu'Alexis * n'en souffre aussi, puisqu'on ajoute une ann'ee aux trois insupportables.