Том 6. Проза, письма
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Ce n'est pas tr`es joli de votre part que vous attendez toujours ma lettre pour m''ecrire; on dirait que vous faites la fi`ere; — pour Alexis * cela ne m''etonne pas, car il va se marier un de ces jours ci avec je ne sais plus quelle riche marchande, comme on le dit ici, et je concois que je ne puis pas esp'erer d'avoir dans son coeur une place pareille `a celle d'une grosse marchande en gros. Il m'avait promis de m''ecrire deux jours apr`es mon d'epart de Moscou * , — mais peut-^etre a-t-il oubli'e mon adresse, aussi je lui envoie deux:
1) В С.-Петерб<ург>: у Пантелеймоновского моста на Фонтанке, против Летнего сада, в доме Венецкой.
2) В Новгородскую губернию, в первый округ военных поселений в штаб Лейб-гвардииГродненского гусарского полка.
Si apr`es cela il ne m''ecrit pas, je le maudis lui et sa grosse marchande en gros: je m'applique d'ej`a `a composer la formule de ma mal'ediction. Dieu! que c'est embarrassant d'avoir des amis qui sont en train de se marier.
En arrivant ici j'ai trouv'e un chaos de comm'erages dans la maison; j'y ai mis de l'ordre autant que possible, quand on a `a faire `a trois ou quatre femmes qui ne veulent pas entendre raison: pardonnez — moi, si je parle ainsi de votre sesque ou sexe charmant, mais h'elas! si je vous le dis c'est aussi une preuve que je vous crois une exception. — Enfin quand je reviens `a la maison, je n'entends que des histoires, des histoires — des plaintes, des reproches, des suppositions, des conclusions, — c'est quelque chose d'odieux, pour moi surtout qui en ai perdu l'habitude au Caucase, o`u la soci'et'e des dames est tr`es rare, ou tr`es peu causante (celle des g'eorgiennes par ex<emple>, car elles ne parlent pas russe, ni moi g'eorgien).
Je vous prie, ch`ere Marie, 'ecrivez-moi un peu, sacrifiezvous, — 'ecrivez-moi toujours, et ne faites pas de ces petites c'er'emonies — vous devez ^etre au-dessus de cela! — car enfin si quelquefois je tarde `a r'epondre, c'est que vraiment ou je n'ai rien `a dire, ou j'ai trop `a faire! — deux excuses valables.
J'ai 'et'e chez Joukofsky * , et lui ai port'e
Grand'maman esp`ere que je serai bient^ot pass'e au husard de Царское Село, mais c'est parce que on le lui a fait esp'erer, dieu sait avec quel motif — et c'est pour cela qu'elle ne consent pas `a ce que je prenne mon cong'e: quant `a moi je n'esp`are rien du tout.
Pour la conclusion de ma lettre je vous envoie une pi`ece de vers que j'ai trouv'ee par hasard dans mes paperasses de voyage, et qui m'a plu assez, vu que je l'ai oubli'e, — mais cela ne prouve rien du tout.
Adieu, ch`ere amie — embrassez Алексия, et dites lui que c'est une honte, — et dites le aussi `a mademoiselle Marie Lapouchine. —
Lerma.
<См. перевод в примечаниях * >
Раевскому С. А., 8 июня 1838 *
Июня 8 дня <1838 г.>
Любезный друг Святослав,
Твое последнее письмо * огорчило меня: ты сам знаешь почему; но я тебя от души прощаю, зная твои расстроенные нервы. Как мог ты думать, чтоб я шутил твоим спокойствием или говорил такие вещи, чтобы отвязаться. Главное то, что я совсем этого не говорил или пусть говорил, да не про то. Я сказал, что отзыв непокорен к начальствуповредит тебе * тогда, когда ты еще здесь сидел под арестом и что без этого ты, может быть, остался бы здесь.
Я слышал здесь, что ты просился к водам, и что просьба препровождена к военному министру; но резолюции не знаю; если ты поедешь, то, пожалуйста, напиши, куда и когда. Я здесь по-прежнему скучаю; как быть? покойная жизнь для меня хуже. Я говорю покойная,потому что ученье и маневры производят только усталость. Писать не пишу, печатать хлопотно, да и пробовал, но неудачно * .
Роман, который мы с тобою начали * , затянулся и вряд ли кончится, ибо обстоятельства, которые составляли его основу, переменились, а я, знаешь, не могу в этом случае отступить от истины.
Если ты поедешь на Кавказ * , то это, я уверен, принесет тебе много пользы физически и нравственно: ты вернешься поэтом * , а не экономо-политическим мечтателем, что для души и для тела здоровее. Не знаю, как у вас, а здесь мне после Кавказа всё холодно, когда
Прощай, любезный друг, и прошу тебя, будь уверен во мне и думай, что я никогда не скажу и не сделаю ничего тебе огорчительного. Прощай, милый друг, бабушка также к тебе пишет.
М. Лермонтов.
Лопухиной М. А., конец 1838 *
<Конец 1838 г.>
Il y a longtemps, ch`ere et bonne amie, que je ne vous ai 'ecrit et que vous ne m'avez donn'e de nouvelles de votre ch`ere personne et de tous les v^otres; aussi j'ai l'esp'erance que votre r'eponse `a cette lettre ne se fera pas longtemps attendre: il y a de la fatuit'e dans cette phrase, direz-vous; mais vous vous tromperez. Je sais que vous ^etes persuad'ee que vos lettres me font un grand plaisir puisque vous employez le silence comme punition; mais je ne m'erite pas cette punition car j'ai constamment pens'e `a vous, preuve: j'ai demand'e un semestre d'un an, — refus'e, de 28 jours — refus'e, de 14 jours — le grand duc a refus'e de m^eme; tout ce temps j'ai 'et'e dans l'esp'erance de vous voir; je ferai encore une tentative — dieu veuille qu'elle r'eussisse. — Il faut vous dire que je suis le plus malheureux des hommes, et vous me croirez quand vous saurez que je vais chaque jour au bal: je suis lanc'e dans le grand– monde: pendant un mois j'ai 'et'e `a la mode, on se m'arrachait. C'est franc au moins. — Tout ce monde * [87] que j'ai injuri'e dans mes vers se plait `a m'entourer de flatteries; les plus jolies femmes me demandent des vers et s'en vantent comme d'un triomphe. — N'eanmoins je m'ennuie. — J'ai demand'e d'aller au Caucase — refus'e. — On ne veut pas m^eme me laisser tuer. Peut-^etre, ch`ere amie, ces plaintes ne vous para^itront-elles pas de bonne foi? — peut^etre vous para^itra-t-il 'etrange qu'on cherche les plaisirs pour s'ennuyer, qu'on court les salons quand on n'y trouve rien d'int'eressant? — eh bien je vous dirai mon motif: vous savez que mon plus grand d'efaut c'est la vanit'e et l'amour-propre: il fut un temps o`u j'ai cherch'e `a ^etre admis dans cette soci'et'e comme novice, je n'y suis pas parvenu; les portes aristocratiques se sont ferm'ees pour moi: et maintenant j'entre dans cette m^eme soci'et'e non plus en solliciteur, mais en homme qui a conquis ses droits; j'excite la curiosit'e; on me recherche, on m'engage partout, sans que je fasse mine de le d'esirer m^eme; les femmes qui tiennent `a avoir un salon remarquable veulent m'avoir, car je suis aussi un lion,oui, moi — votre Michel, bon garcon, auquel vous n'avez jamais cru une crini`ere. — Convenez que tout cela peut 'enivrer. Heureusement ma paresse naturelle prend le dessus; et peu `a peu je commence `a trouver tout cela par trop insupportable: mais cette nouvelle exp'erience m'a fait du bien, en ce qu'elle m'a donn'e des armes contre cette soci'et'e, et si jamais elle me poursuit de ses calomnies (ce qui arrivera) j'aurai du moins les moyens de me venger; car certainement nulle part il n'y a tant de bassesses et de ridicules. Je suis persuad'e que vous ne direz `a personne mes vanteries, car on me trouverait encore plus ridicule que qui que cela soit, et puis avec vous je parle comme avec ma conscience, et puis c'est si doux [88] de rire sous-cape des choses brigu'ees [89] et envi'ees par les sots, avec quelqu'un, on le sait, est toujours pr^et `a partager vos sentiments; c'est vous que je parle, ch`ere amie, je vous le r'ep`ete, car ce passage est tant soit peu obscur.
87
было:Tout cela — Ред.
88
передc'est si doux было:je sais — Ред.
89
было:risqu'ees — Ред.
Mais vous m''ecrirez n'est ce pas? — je suis s^ur que vous ne m'avez pas 'ecrit pour quelque raison grave? — ^etes-vous malade? y a-t-il quelqu'un de malade dans la famille? je le crains. On m'a dit quelque chose de semblable. Dans la semaine [90] prochaine j'attend votre r'eponse, qui j'esp`ere sera non moins longue que ma lettre, et certainement mieux 'ecrite, car je crains bien que vous ne sachiez d'echiffrer ce barbouillage.
Adieu, ch`ere amie, peut-^etre si dieu veut me r'ecompenser je parviendrai `a avoir un semestre, et alors je serai toujours s^ur d'une r'eponse telle-quelle.
90
было:dans la famille — Ред.