L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Fandor tomba `a la renverse, `a demi assomm'e, 'etouff'e.
— Cette fois…, commenca-t-il.
Puis, il ferma les yeux, des bourdonnements lui emplirent les oreilles, la douleur du coup l’emp^echait de respirer. Il songea qu’il 'etait mort, qu’il n’en valait gu`ere mieux, en tout cas.
Trois minutes plus tard, J'er^ome Fandor reprenait connaissance, il se rendait compte alors qu’il 'etait couch'e sur le sol, le visage tourn'e vers le parquet et que le moindre mouvement lui 'etait interdit. Il 'etait 'etroitement ligot'e.
Il pr^eta l’oreille, il entendit des bruits de voix qui paraissaient provenir de l’antichambre.
***
Au moment o`u J'er^ome Fandor tombait, renvers'e par la brusque attaque de l’homme `a la cagoule, Rose Coutureau avait laiss'e 'echapper un grand cri.
La jeune fille 'etait terrifi'ee par la sc`ene 'etrange qui se d'eroulait sous ses yeux. D'ej`a fort 'emue par la visite de J'er^ome Fandor, tortur'ee par l’angoisse qu’elle avait ressentie en s’entendant affirmer que son p`ere 'etait en mortel danger, elle avait pens'e d'efaillir de stup'efaction en voyant s’ouvrir la porte de la salle `a manger, en voyant appara^itre Fant^omas.
`A ce moment, Fandor avait tir'e, puis, Fant^omas s’'elancait.
Rose hurlait encore que le Ma^itre de l’'Epouvante s’approcha d’elle, menacant :
— Viens ! ordonna le bandit.
Rose sentit qu’on l’empoignait par le bras, que Fant^omas l’entra^inait vers l’antichambre.
— Parle, ordonna Fant^omas, que faisais-tu avec cet homme ?
— J’ai peur, r^ala Rose Coutureau. Piti'e, je n’ai rien fait !
— Que te disait-il ?
— Que vous aviez mon p`ere, que vous alliez le tuer.
`A cette d'eclaration, Fant^omas, visiblement, tressaillit :
— Allons donc, c’est vraiment cela que Fandor te disait ?
— Oui, et c’est pourquoi je vous demande… Oh je vous supplie…
— Tais-toi !
Fant^omas parut r'efl'echir, puis il reprit :
— Que te disait au juste J'er^ome Fandor `a mon sujet ? R'eponds, ou sans cela…
Dans la main gant'ee de noir s’agita, la lame effil'ee d’un poignard se mut au-dessus de la t^ete de Rose Coutureau.
Rose Coutureau 'etait tomb'ee `a genoux. Terroris'ee, elle r^ala :
— Mais je vous ai tout dit, je ne sais rien de plus ! J'er^ome Fandor m’affirmait que vous me vouliez du mal, je lui soutenais le contraire, il ne croyait pas que vous m’aviez sauv'ee, et puis il me parlait de papa, de mon pauvre p`ere…
— L’imb'ecile…
Fant^omas venait d’'eclater de rire. Il sembla h'esiter un instant, puis il se pencha sur Rose Coutureau.
— Tu m’entends, ordonna-t-il, sous peine de mort, je te d'efends d’adresser une seule parole `a J'er^ome Fandor tout `a l’heure. C’est compris, tu ob'eiras ? Tu te tairas ?
— Je me tairai.
Fant^omas se releva.
Les fen^etres de l’antichambre dans laquelle il se trouvait communiquaient avec le toit, car l’appartement du p`ere Coutureau 'etait situ'e sous le zinc, `a la hauteur des mansardes. Fant^omas, d’un coup d’oeil, terrifia encore la malheureuse Rose, puis ouvrit la fen^etre, posa le pied sur la goutti`ere et, comme il 'etait venu, disparut.
Tout cela s’'etait fait si vite, il avait fallu si peu de temps `a Fant^omas pour interroger et terroriser la malheureuse Rose Coutureau, que celle-ci se relevait `a peine, rentrait `a peine dans la salle `a manger, apr`es que J'er^ome Fandor f^ut revenu de son premier 'etourdissement.
Rose Coutureau 'etait bl^eme, livide.
Elle s’attendait `a trouver J'er^ome Fandor mort, elle ne savait pas au juste si Fant^omas, au moment o`u il s’'elancait sur le journaliste, ne lui avait point port'e un coup de poignard.
Or, J'er^ome Fandor, tout ligot'e qu’il 'etait, 'etait d'ej`a parvenu `a se retourner, `a s’asseoir sur son s'eant. Il accueillit l’arriv'ee de la jeune fille par une exclamation furieuse :
— Eh bien, il est propre, votre bienfaiteur ! Avez-vous compris, au moins, que c’'etait une sinistre crapule ? Mais ca ne fait rien, je l’ai d'emoli, je pense, il doit ^etre bless'e gri`evement ?
Rose Coutureau ne r'epondit pas.
— Ah c`a, continua Fandor, qu’est-ce que vous avez ? L’'emotion vous a rendue muette ?
Il n’obtint pas davantage de r'eponse. Alors le journaliste s’emporta :
— Bougre de bon Dieu ! hurla-t-il. Si vous ^etes la complice de Fant^omas, dites-le-moi tout de suite, et si vous avez mission de me tuer, faites-le, mais d'ep^echez-vous !
Cette fois, Rose Coutureau, en d'epit de sa promesse, r'epondit :
— Je ne suis pas la complice de Fant^omas.
Mais ayant dit cela, elle parut 'epouvant'ee, et se tut de nouveau.
J'er^ome Fandor, toutefois, comprenait de moins en moins ce qui se passait et ce qui pouvait motiver l’'etrange attitude de la jeune fille :
— Alors, si vous n’^etes pas la complice de Fant^omas, hurla le journaliste, aidez-moi `a me d'elier. Si vous croyez que c’est agr'eable d’^etre r'eduit de cette facon `a l’'etat de saucisson !
Sans un mot, toujours silencieuse, obstin'ement, Rose Coutureau s’empressa. Elle avait quelque peine `a d'efaire les liens qui immobilisaient le malheureux J'er^ome Fandor, mais cependant elle y parvenait. Peu apr`es J'er^ome Fandor 'etait debout.
La secousse, toutefois, qui avait renvers'e le journaliste, avait 'et'e rude, J'er^ome Fandor 'eprouvait quelque peine `a s’en remettre.
Debout, il respira profond'ement `a plusieurs reprises, dilatant ses poumons autant que cela lui 'etait possible, puis, s’'etant de la sorte assur'e qu’il n’'etait pas mortellement bless'e, en somme, il parut retrouver un peu de sa pr'esence d’esprit.
J'er^ome Fandor brusquement passa du calme `a la fureur.
— Et alors, bon Dieu, jura-t-il en bondissant vers l’antichambre, o`u Fant^omas a-t-il fichu le camp ?