L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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Bient^ot, m`ere et fils s’'etreignirent.
— Pardon, maman, de vous avoir cru coupable, disait Paul Granjeard.
— Pardon, mon fils, de t’avoir soupconn'e.
— Autre chose, poursuivait M. Havard, si c’est Fant^omas qui a tu'e votre fils, je ne vous cacherai pas que c’est aussi un peu Juve. Ou plut^ot, – car il ne faut pas laisser flotter le moindre 'equivoque l`a-dessus – le Juve que vous avez connu, un Juve qui, en r'ealit'e 'etait Fant^omas, qui vous a fait chanter, comme me l’a appris Robert Granjeard, en prenant la personnalit'e du vrai, du grand, du c'el`ebre policier Juve. Et j’ajouterai, Madame, que c’est `a Juve, au vrai Juve et `a son ami Fandor, que vous devez de pouvoir aujourd’hui, non seulement ^etre absolument indemnes de toute accusation, mais encore faire face `a votre 'ech'eance.
— Mais, ce Juve, le vrai Juve, o`u est-il donc ?
Juve, en guise de r'eponse, 'eclatait de rire :
— Je vous salue, madame, faisait-il et j’ai l’avantage de me pr'esenter moi-m^eme `a vous. C’est bien moi Juve, et ce n’est personne d’autre, je vous prie de le croire.
***
Une heure plus tard, Juve et M. Havard, prenaient cong'e de Mme Granjeard et de son fils, d'efinitivement innocent'es, sauv'es du d'eshonneur et de la ruine. Le chef de la S^uret'e et le policier les abandonnaient `a leur bonheur, `a la paix enfin retrouv'ee.
Seulement, M. Havard, amicalement, frappait sur l’'epaule de Juve :
— Mon cher, je vous retiens `a d'ejeuner. Vous avez bien des choses `a me dire, car enfin, il y a un d'etail que j’ignore, et qui a son importance, si je sais comment vous avez 'etabli que Fant^omas 'etait le coupable, je ne vois pas du tout comment vous avez retrouv'e l’argent des Granjeard.
— Bah, cela n’a pas grand int'er^et.
Sur les instances du chef de la S^uret'e, pourtant, Juve se d'ecida `a sortir de sa modeste r'eserve. Il conta, en d'etails, comment, de la rue Froidevaux il avait poursuivi Fant^omas, saisi par le vertige avait jet'e dans le vide le portefeuille bourr'e de billets de banque, puis, avait bondi sur le toit de l’ascenseur qui le mettait hors d’atteinte :
— `A ce moment, pr'ecisait Juve, j’'etais naturellement furieux. Remarquez, Monsieur Havard, que ces 'ev'enements avaient lieu ce matin, `a une heure et demie. Il faut encore que nous ayons eu la veine d’arriver `a temps. Je me disais : il a laiss'e les billets en bas. S’il trouve moyen de descendre pour les rattraper, je suis roul'e de toutes les mani`eres.
— En effet, et alors ?
— Alors, continuait Juve, je me trompais tout bonnement. Figurez-vous qu’`a peine Fant^omas 'etait-il disparu sur le toit de son ascenseur, que j’apercevais, remontant vers votre serviteur, toujours cramponn'e aux charpentes de la tour, l’'enorme contrepoids de l’ascenseur. Or, savez-vous, ce que le hasard avait fait tomber sur ce contrepoids, ce que ce contrepoids me rapportait ?
— Ma foi, non.
— Les billets de banque. Fant^omas avait jet'e son portefeuille au hasard, et il 'etait tomb'e l`a-dessus. Je n’ai eu que la peine de les cueillir au passage. Descendu de la tour, je suis naturellement parti `a toute allure, non pas `a la recherche de Fant^omas, disparu, 'evanoui, comme bien vous pensez, mais `a Saint-Denis. Je savais que nous 'etions le 31, jour d’'ech'eance, je connais la situation d'esesp'er'ee des Granjeard. Bref, vous avez vu le reste. J’ai encore eu la veine d’arriver `a temps. Tout est bien qui finit bien, monsieur Havard. Mais une fois de plus Fant^omas m’a 'echapp'e. Ah, par exemple, je vous promets bien que je ne lui laisserai pas un long r'epit. Je vais me reposer deux jours, puis…
— Vous tenez `a vous reposer, Juve ?
— Dame, sans doute, pourquoi ?
Le visage tout `a l’heure souriant du chef de la S^uret'e s’'etait singuli`erement rembruni :
— Figurez-vous, faisait-il lentement, que ce matin m^eme, on m’a signal'e par t'el'egramme, un crime inou"i, atroce, incompr'ehensible, quelque chose qui d'epasse en horreur et en myst`ere tout ce que l’on peut inventer… cela se passe dans les Landes, Juve, mon vieux Juve, j’avais pens'e `a vous. Est-ce que ?
Juve ne semblait plus du tout songer `a prendre de repos. Avec une voix tranquille, comme parlant d’une chose toute naturelle, le policier d'eclara :
— Donnez-moi tous les d'etails connus, chef, je vais partir l`a-bas imm'ediatement.
FIN