Том 6. Письма 1860-1873
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Je pourrais en effet commencer ma lettre comme vous me l’aviez indiqu'e. Ce serait assez conforme `a l’avis du m'edecin et au t'emoignage d’Aksakoff lui-m^eme, mais je n’en ai pas le courage — je crains de me rassurer trop t^ot…
D’ailleurs je n’ai pas encore vu Anna. Je suis cens'e n’arriver que ce matin. Hier, comme elle insistait pour avoir de mes nouvelles, on lui a dit, pour essayer ses forces, qu’on venait de recevoir un t'el'egramme de Dmitry, annoncant que j’'etais parti. Aussit^ot elle s’est mise `a pleurer. Ce qui m’a engag'e `a ajourner mon apparition jusqu’`a ce matin…
Les d'etails, que m’a donn'es Aksakoff sur ces 80 heures de torture, sont horribles*. Je vous les 'epargne… Et si elle en est sortie vivante, c’est gr^ace `a son incroyable 'energie morale, et il faut bien le dire aussi, gr^ace `a son exaltation religieuse. Car c’est par l`a qu’elle a domin'e, qu’elle a refoul'e la douleur, la r'evolte int'erieure de n’avoir tant souffert, que pour mettre au monde qu’un cadavre…
En pareille conjoncture il faut b'enir, pour ne pas maudire, — et la moindre irritation, si elle s’y 'etait laiss'e aller, l’aurait bien certainement tu'ee. — Mais encore une fois, je suis loin de chanter victoire…
D’apr`es tout ce que j’ai appris, l’accoucheur, qui l’a assist'ee, doit ^etre un fier ignorant, autrement il n’aurait pas laisser durer 80 heures la torture que la pauvre cr'eature a eu `a subir. Mais rien n’a 'et'e fait `a temps, et quand l’enfant a 'et'e enfin extrait tout d’une pi`ece, on a cru reconna^itre `a certains signes qu’il 'etait mort, 'etrangl'e, depuis plus de deux fois vingt-quatre heures. Il est vrai que ce malheureux enfant 'etait d’un volume monstrueux, il mesurait quinze verschoks…Mais en voil`a assez. Il est inutile de trop circonstancier les bulletins, tant que la bataille dure encore…
Mon voyage s’est fait tristement, mais commod'ement. Je n’avais pour compagnon de route dans le grand compartiment, qu’un seul individu — connu d’ailleurs — un Prince Mestchersky, ami de Sophie Зыбин*, et grand admirateur de sa fille…* J’ai pu tr`es bien dormir, beaucoup mieux, que cette nuit derni`ere, o`u j’en ai 'et'e emp^ech'e par l’odieux ronflement du Brochet que j’ai fini par mettre `a la porte…
Et maintenant au revoir… `a votre prochaine lettre. Est-ce que je vous manque un peu? Ne craignez pas de me l’avouer.
Москва.
Я и в самом деле мог бы начать свое письмо так, как вы мне наказали. Это, в общем-то, согласовывалось бы с мнением доктора и свидетельством самого Аксакова, но мне недостает мужества, — я боюсь успокоиться слишком рано…
К тому же я еще не видел Анны. Изображается, будто я прибываю только сегодня утром. Вчера, в ответ на ее настойчивые обо мне расспросы, ей сказали, желая проверить, достаточно ли она крепка, что от Дмитрия получена телеграмма, извещающая о моем выезде. Она тотчас же расплакалась. Это и побудило меня отложить свое появление до сегодняшнего утра…
Подробности этих 80
В подобной ситуации от проклятий может удержать лишь готовность благословить, — малейшее же раздражение, если бы она ему поддалась, несомненно убило бы ее. — Но повторяю, я далек от того, чтобы праздновать победу…
Судя по всему, что я узнал, принимавший роды акушер должен быть чудовищным невеждой, иначе он не допустил бы, чтобы пытка, которую терпела бедняжка, длилась 80 часов. Но ничего не делалось вовремя, и когда ребенок был наконец извлечен целиком, по некоторым признакам заключили, что он уже более двух суток как мертв, удушен. Правда, это несчастное дитя было ненормально крупным, пятнадцати вершков в длину… Но довольно об этом. Нет смысла вдаваться в детали, пока борьба еще продолжается…
Путешествие мое было нерадостным, но комфортным. Просторное купе со мной делил всего один попутчик — к тому же знакомый — некий князь Мещерский, приятель Софи Зыбиной* и большой поклонник ее дочери…* Я мог совершенно спокойно спать, куда лучше, чем этой ночью, когда мне мешал отвратительный храп Щуки, которого я в конце концов выставил за дверь…
Засим прощайте… до вашего следующего письма. Скучаете ли вы по мне немножко? Не бойтесь в этом признаться.
Тютчевой Эрн. Ф., 27 октября 1867*
Moscou. Vendredi. 27 octobre
Ma chatte ch'erie. C’est hier que tu dois avoir recu, par moi aussi bien que par Jean, la triste nouvelle des couches d’Anna. Je suis parti aussit^ot, pour venir ici, m’attendant au pire… Ce pire, Dieu merci, ne s’est pas r'ealis'e. D`es mon arriv'ee je l’ai d'ej`a beaucoup mieux que je n’osai l’esp'erer — et aujourd’hui, septi`eme jour apr`es ses couches, ce mieux se soutient et s’affirme.
Mais ces couches ont 'et'e quelque chose d’horrible… 80 heures de travail, et tout cela pour mettre au monde un enfant mort. — Il y a de ces combinaisons d’une cruaut'e si savamment ing'enieuse qu’on est forc'e d’y voir une intention… providentielle. Reste seulement `a la qualifier… L’enfant, `a ce qu’il para^it, 'etait plus que d'evelopp'e. Il mesurait quinze verschoks et avait l’air d’un nouveau-n'e de trois mois. Quand il est venu au monde, il 'etait mort, au dire de l’accoucheur, depuis deux fois vingt-quatre heures, 'etrangl'e par le cordon ombilical, deux fois roul'e autour de lui… C’'etait un massacre…