L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
Шрифт:
— Conduisez-moi `a la gare de Courcelles ! ordonna-t-il au chauffeur.
Arriv'e place Pereire, il paya le prix du voyage, et prit l’avenue de Niel.
Fant^omas 'etait de plus en plus soucieux. Il serrait les dents. Par moments, ses poings se crispaient. Une col`ere sourde 'evidemment l’envahissait petit `a petit. Soudain, son front se rass'er'ena :
— Ah, fit-il, Juve n’est pas trop b^ete.
`A quelque distance, Fant^omas venait d’apercevoir une voiture automobile rang'ee le long du trottoir, autour de laquelle deux hommes s’affairaient, dans l’intention apparente de regonfler les pneumatiques. Fant^omas avait imm'ediatement reconnu Nalorgne et P'erouzin.
— 'Evidemment, murmurait le bandit, si Juve a plac'e l`a ces deux fantoches, c’est dans l’intention de me faire comprendre que la place est surveill'ee. Ou je me trompe fort, ou lady Beltham doit ^etre gard'ee, et strictement gard'ee par les plus fins limiers de la Pr'efecture. Je jurerais que son appartement est bond'e d’inspecteurs. Juve est l`a je pense.
Le bandit avanca encore de quelques m`etres, insoucieux du danger qu’il courait `a se montrer dans ces lieux :
— Tr`es bien, murmura-t-il encore, il y a une 'etincelle sur le toit. Je dois en conclure qu’il y a l`a un inspecteur de la S^uret'e, et que cet imb'ecile, en d'epit des ordres formels qu’`a d^u lui donner Juve, se permet d’en griller une.
Fant^omas avancait toujours. Il arrivait `a la hauteur de la voiture automobile. Il appela, d’une voix tranquille :
— Nalorgne ! P'erouzin !
— Qui va l`a ? hurla P'erouzin.
— Pas un pas ou vous ^etes mort ! cria Nalorgne.
Et Nalorgne brandissait, terrible, une pompe `a pneumatiques.
Fant^omas s’embarrassa peu de cette facon de le recevoir.
— C’est moi, d'eclara-t-il simplement, en consid'erant les deux policiers. J’imagine que vous ^etes toujours mes amis ?
Fant^omas ne menacait pas Nalorgne et P'erouzin, mais il tenait son browning `a la main, sans ostentation.
Et Nalorgne et P'erouzin, imm'ediatement, comprirent qu’il valait mieux ne pas tenter une arrestation qui pouvait ^etre p'erilleuse.
— 'Evidemment, r'epondait Nalorgne, nous sommes toujours vos amis.
Et P'erouzin continuait :
— Et puis on ne s’occupe plus gu`ere de police. Nous avons bien assez `a faire avec notre voiture. C’est compliqu'e d’arr^eter les gens, mais c’est encore plus compliqu'e de faire marcher cette bagnole-l`a.
Ce n’'etait pas le moment de plaisanter et Fant^omas l’interrompit rudement :
— Taisez-vous ! ordonna-t-il. Vous n’avez qu’`a r'epondre `a mes questions et voil`a tout. Que faites-vous ici ? O`u est Juve ?
— L`a-bas, r'epondait P'erouzin en clignant de l’oeil, chez lady Beltham.
— Seul ?
— Non, avec L'eon et Michel.
— Il y a d’autres agents ?
— Oui, on en a mis partout, affirma Nalorgne, d’un ton satisfait.
Et il interrogea :
— Avez-vous vraiment l’intention de tenter quelque chose cette nuit, Fant^omas ?
Mais `a ce moment, Fant^omas paraissait de meilleure humeur que quelques instants avant. Il consid'erait `a nouveau Nalorgne et P'erouzin camp'es devant lui :
— Vous ^etes des imb'eciles, d'eclara le Ma^itre, mais vous n’^etes pas de m'echantes gens, je m’en souviendrai.
Et, sur cette phrase 'enigmatique, il tourna les talons, il s’'eloigna.
Or, `a peine 'etait-il parti, que Nalorgne et P'erouzin se regard`erent stup'efaits :
— Qu’est-ce que cela veut dire ? dit Nalorgne.
— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda P'erouzin.
La silhouette de Fant^omas, `a ce moment, disparaissait dans le haut de l’avenue Niel.
— Il ne va rien se passer du tout, reprit Nalorgne.
— Ou s’il se passe quelque chose, ajouta P'erouzin, c’est que Fant^omas se fera arr^eter. Parbleu, nous sommes l`a.
— Oui, nous sommes l`a ! r'ep'eta son acolyte avec fiert'e. Quand Fant^omas vient seulement se renseigner, on peut causer. Cela ne fait pas de mal, mais s’il tentait quelque chose…
Et le fantoche prit une pose farouche.
***
`A six heures du matin, Juve seulement commencait `a respirer. La nuit avait 'et'e tr`es calme, aucun incident ne l’avait marqu'ee, Fant^omas n’'etait point venu. Rien ne s’'etait pass'e, lady Beltham 'etait sauve, 'evidemment.
Juve qui, de la nuit, n’avait ferm'e l’oeil et s’'etait continuellement promen'e en compagnie de L'eon et Michel dans la galerie sur laquelle s’ouvrait la porte de la chambre de lady Beltham, se frotta les mains avec satisfaction.
— L'eon, dit-il, mon vieux L'eon, Fant^omas, pour une fois, aura eu peur de nous, aussi parbleu, nos pr'ecautions 'etaient trop bien prises. Il ne pouvait rien contre lady Beltham. Il a eu l’intelligence de comprendre qu’il valait mieux s’abstenir que de s’exposer `a un 'echec.
— Oui, dit L'eon. Et vous croyez, patron, que maintenant lady Beltham est sauve ?
— Je suis tent'e de le croire.
`A ce moment, dans la chambre o`u reposait la ma^itresse de Fant^omas, un r'eveil sonna. Juve 'etait convenu la veille avec lady Beltham que ce r'eveil sonnerait `a six heures du matin. Lady Beltham devait alors imm'ediatement se lever et ouvrir la porte au policier.
— Attention, dit Juve joyeusement. Nous allons voir la rescap'ee et peut-^etre apr`es les 'emotions de cette nuit, voudra-t-elle bien nous faire quelques confidences ?
Juve esp'erait, en effet, que, sauv'ee de Fant^omas, lady Beltham se d'eciderait `a parler. Il ajouta cependant :
— Mais soyons respectueux, laissons `a lady Beltham le temps de se lever.
Juve et les deux agents caus`erent encore quelques minutes, puis soudain Juve devint nerveux :
— Ah ca, d'eclara le roi des policiers, c’est extraordinaire. Est-ce que par hasard lady Beltham dormirait si bien que le r'eveil ne l’aurait point tir'ee de son somme ?