L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Absolument rien, monsieur l’inspecteur.
Juve n’insista pas d’ailleurs. Lui-m^eme qui se trouvait dans la galerie s'epar'ee de la chambre de lady Beltham, par une simple cloison, n’avait rien entendu non plus, comme n’avaient rien entendu L'eon et Michel.
Juve sortit de l’immeuble, siffla deux coups stridents pour convoquer d’urgence les policiers qu’il avait dispos'es autour de la maison, la veille au soir.
L’inspecteur qui stationnait sur le toit accourut. Deux autres agents qui s’'etaient promen'es dans un bout de l’avenue se rendaient `a son appel. Nalorgne et P'erouzin seuls manquaient `a la convocation de Juve.
— O`u sont ces imb'eciles ? questionna le policier.
— Chef, apr`es deux heures d’efforts, ils ont r'eussi `a mettre en marche leur automobile. Ils viennent d’aller l’essayer au Bois de Boulogne. Ils ont dit qu’ils reviendraient tout de suite.
La disparition de Nalorgne et P'erouzin avait bien peu d’importance, Juve ne s’y arr^eta pas.
— Avez-vous surpris quelque chose ? interrogea-t-il.
Et il mit rapidement les agents au courant du drame qui venait de se d'erouler.
Mais aux d'eclarations de Juve, si une stupeur se peignait sur tous les visages, aucune r'eponse n’'etait donn'ee, aucune indication n’'etait fournie.
Personne n’avait rien vu. Personne n’avait rien remarqu'e.
— C’est `a devenir fou, r'ep'eta Juve.
Et, tenace comme il l’'etait, le policier n’'etait point pr^et `a renoncer `a deviner la facon dont 'etait morte lady Beltham.
— Je saurai, hurla Juve dans un mouvement de col`ere v'eritable, comment Fant^omas a proc'ed'e ! Je le saurai, quand je devrais passer ma vie `a le chercher.
Juve, `a ce moment, retourna vers le petit rez-de-chauss'ee, puis, h'esitant, s’arr^eta sur le seuil de l’habitation.
— Oh oh, fit-il, est-ce que par hasard… ?
Juve traversa rapidement le trottoir de l’avenue Niel. Un fiacre passait, qu’il h'ela :
— Conduisez-moi `a la caserne des sapeurs-pompiers qui se trouve en face du Palais de Justice.
Vingt minutes plus tard, Juve 'etait dans la cour de cette caserne, o`u sont install'es les locaux du Laboratoire municipal.
— Puis-je parler au m'edecin-chef ?
— Un instant, monsieur Juve.
Deux minutes plus tard, en effet, seul avec le savant, Juve lui indiquait les d'etails de la mort de lady Beltham.
— Docteur, conclut Juve, la police que je repr'esente est sur le point de se d'eclarer impuissante `a deviner comment cette femme a 'et'e tu'ee. C’est `a la Science de parler. Il faut qu’il y ait un myst`ere, et ce myst`ere, c’est `a vous de le deviner. Peut-on tuer `a distance ?
— Tuer `a distance ? Non, r'epondit le praticien, `a moins que l’on ne se serve de poison.
— Lady Beltham n’a rien pris qui n’ait 'et'e examin'e dans vos services.
— Alors elle n’a pas 'et'e tu'ee `a distance.
— Comment donc a-t-elle pu ^etre assassin'ee ?
— Mais je n’en sais rien, monsieur Juve. Il faudrait pour vous r'epondre, que je puisse examiner le cadavre.
— Venez, docteur !
Juve s’'etait lev'e, il pressa si bien le m'edecin du Laboratoire municipal, qu’il le d'ecida `a l’accompagner avenue Niel, et qui plus est, `a emporter dans une valise pr'epar'ee pour les enqu^etes criminelles certains r'eactifs, certains appareils qui pouvaient ^etre utiles.
Juve et le m'edecin retrouv`erent naturellement toutes choses en 'etat, comme le policier les avait laiss'ees.
Fid`eles observateurs de la consigne, L'eon et Michel n’avaient point boug'e.
— Voici la morte, disait Juve, en faisant p'en'etrer le docteur qui se d'ecouvrait, dans la chambre de lady Beltham. Voici la morte, docteur, et c’est `a vous de me dire comment elle est morte.
Mais le m'edecin, malgr'e tout son savoir, devait demeurer embarrass'e.
— Je ne comprends rien de rien `a la facon dont cette femme a pu ^etre assassin'ee, d'eclara-t-il apr`es plus de deux heures d’exp'eriences. Il n’y a aucune blessure et les r'eactifs dont je viens de me servir…
En parlant, le docteur s’'etait retourn'e…
— Ah c`a, fit le m'edecin `a L'eon et `a Michel, qu’est-il donc devenu ?
Mais L'eon et Michel r'epondirent :
— Docteur, Juve est parti il y a quelques minutes. Il nous a fait signe de ne pas le suivre, et de demeurer `a votre disposition.
Et Michel interrogea :
— Vous disiez, docteur, que les r'eactifs ?
— Les r'eactifs prouvent, murmura le m'edecin, qu’il n’y a pas eu d’empoisonnement.
— Alors, cette mort est inexplicable ?
— Pour le moment, oui.
Or, `a l’instant m^eme o`u le directeur du Laboratoire municipal d'eclarait que la mort de lady Beltham lui apparaissait impossible `a pr'eciser, Juve revenait dans la pi`ece.
Le policier 'etait dans un piteux 'etat. Des toiles d’araign'ees s’accrochaient `a sa chevelure, il avait le veston plein de boue, le pantalon souill'e de sable, les mains noires, les bottines boueuses.
— Eh bien ? interrogeait Juve.
Il semblait triomphant.
D’une m^eme voix, L'eon, Michel et le docteur questionnaient le policier :
— D’o`u venez vous ? Que vous est-il arriv'e ?
Juve se laissait tomber sur un fauteuil, avec un soupir de satisfaction.
— Docteur, disait-il, savez-vous comment est morte lady Beltham ?
— Non, fichtre non !
— Avez-vous pens'e `a un empoisonnement par le gaz ?
`A ces mots, le praticien leva les bras au ciel.
— 'Evidemment non. S’il y avait eu empoisonnement par le gaz d’'eclairage, vous auriez senti en entrant dans la pi`ece une odeur caract'eristique.