L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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On resta en panne boulevard Bourdon, vers six heures du soir, alors que la nuit tombait.
— C’est la magn'eto, affirma p'eremptoirement P'erouzin, cependant que Nalorgne, non moins cat'egorique, d'eclarait :
— C’est le diff'erentiel.
Il s’agissait de voir, peut-^etre m^eme d’essayer de r'eparer. Toutefois, les deux inspecteurs de police se regardaient, navr'es. Ils 'etaient descendus de la voiture, et tous deux songeaient au p`ere Coutureau qu’il ne fallait pas laisser s’enfuir.
Or, sans doute, devant bien se douter de ce qui l’attendait, il profiterait des pr'eoccupations m'ecaniques de Nalorgne et de P'erouzin pour se sauver et dispara^itre. Les inspecteurs regard`erent leur futur prisonnier.
Celui-ci ne semblait avoir aucune vell'eit'e de s’en aller. De plus en plus tass'e, enfonc'e dans la banquette rembourr'ee de l’automobile, il dormait.
Et soudain, une horloge voisine sonna six coups.
Comme s’il 'etait m^u par un ressort, le p`ere Coutureau se dressa :
— Ah nom de Dieu, six plombes d'ej`a ! fit-il. Faut que je me d'ebine, j’ai juste le temps d’aller d^iner et de monter au th'e^atre.
Et il bondit de la voiture, avec une certaine vivacit'e, tr'ebuchant d’ailleurs pourtant, car il 'etait ivre et tr`es endormi.
Mais, `a ce moment, Nalorgne et P'erouzin se pr'ecipit`erent sur lui. En l’espace d’une seconde ils lui pass`erent les menottes, puis, d’une voix solennelle, d'eclar`erent en m^eme temps :
— Au nom de la loi, je vous arr^ete !
— Hein ? qu’est-ce que vous chantez ? interrogea le p`ere Coutureau qui demeurait abasourdi.
Mais Nalorgne et P'erouzin n’avaient pas le temps de r'epondre. `A leur d'eclaration, venait de succ'eder une exclamation sardonique et railleuse. Un quatri`eme personnage qu’ils n’avaient point vu venir avait surgi soudain derri`ere eux. Cet homme avait cri'e d’une voix claironnante :
— Imb'eciles ! Vous n’^etes que des idiots !
Boursoufl'es de leur importance, Nalorgne et P'erouzin se retourn`erent. Ils virent devant eux un homme `a la robuste silhouette, v^etu modestement d’un complet sombre, coiff'e d’un chapeau melon. Il 'etait ras'e, son visage exprimait l’'energie et une flamme brillait dans ses prunelles.
P'erouzin, plus perspicace peut-^etre que Nalorgne, allait prof'erer un nom, mais le myst'erieux nouveau venu mit un doigt sur ses l`evres, fit un geste. P'erouzin s’arr^eta de parler, l’homme d'eclara :
— Oui, c’est moi ! Apr`es ? Pourquoi cela vous 'etonne-t-il ? Je vois d’ailleurs, que vous ^etes toujours aussi b^etes qu’auparavant. Quel est cet individu ? Pourquoi l’avez-vous arr^et'e ?
Nalorgne et P'erouzin tremblaient de tous leurs membres, car l’un et l’autre venaient de reconna^itre, tant `a sa silhouette qu’`a sa voix, l’homme qu’ils redoutaient le plus au monde, ce en quoi ils n’avaient pas tort, car leur interlocuteur n’'etait autre que le Roi de l’'Epouvante, le Ma^itre de l’Effroi, Fant^omas.
Comme des petits garcons surpris en faute, ils expliquaient :
— C’est le p`ere Coutureau, l’habilleur du Th'e^atre Ornano, le p`ere de cette Rose qui a vol'e la comtesse de Blangy. Nous le soupconnons d’^etre coupable et d’avoir tremp'e dans le crime.
Ils s’arr^et`erent net, et P'erouzin recut de Nalorgne un grand coup de poing dans la poitrine.
Parbleu, ils allaient en dire, une b^etise !
C’'etait de la folie, de l’innocence que d’aller avouer `a Fant^omas qu’ils arr^etaient un homme suspect de quelque complicit'e dans la mort tragique de lady Beltham, alors que selon toute apparence, le seul qui pouvait avoir os'e porter la main sur la grande dame ne pouvait ^etre que Fant^omas lui-m^eme.
P'erouzin comprit aussit^ot ce que signifiait le coup de poing de Nalorgne :
— Eh bien, songeait-il, je viens de faire une belle gaffe, et cela va nous co^uter cher.
Il osait `a peine lever les yeux sur Fant^omas.
Celui-ci, cependant, ne manifestait point sa col`ere. Il n’avait pas l’air autrement f^ach'e de la d'eclaration des deux agents de la S^uret'e, il paraissait plut^ot surpris, 'etonn'e, perplexe.
Fant^omas prit une d'ecision rapide.
Un taxi-automobile passait. Il lui fit signe, l’arr^eta : d’un geste, il d'esigna le p`ere Coutureau, qui, les menottes aux mains, vraiment terrass'e par le sommeil, s’'etait laiss'e choir sur le marchepied de l’automobile de la S^uret'e et s’assoupissait `a nouveau.
— Faites-le monter dans ce taxi, ordonnait le bandit aux deux inspecteurs.
Ceux-ci, sans comprendre, ob'eirent.
Lorsque le p`ere Coutureau fut install'e dans la voiture de place, Fant^omas y monta, claqua la porti`ere, puis, d'eclara `a Nalorgne et P'erouzin abasourdis :
— Maintenant, vous autres, pas un mot sur cette histoire.
Puis, l’audacieux et terrible bandit jeta une adresse au m'ecanicien.
***
Cependant, le p`ere Coutureau avait enfin pu dormir pendant une bonne demi-heure, cela, malgr'e les secousses et les cahots de la voiture.
Il avait seulement 'et'e arrach'e `a sa somnolence au moment o`u on le fit descendre de voiture et, incapable de se rendre compte nettement de ce qui se passait, l’ivresse chez lui le disputant au sommeil, il avait 'et'e conduit dans une petite pi`ece `a peine meubl'ee, au rez-de-chauss'ee d’une petite maison dans laquelle on 'etait entr'e apr`es avoir travers'e un jardin.
Or, voici qu’il se trouvait assis sur une chaise devant une table, en face de ce myst'erieux inconnu qui l’avait s'epar'e, boulevard Bourdon, de Nalorgne et P'erouzin.
Le p`ere Coutureau ne comprenait pas facilement les choses, et d’ailleurs ne cherchait pas autrement `a les comprendre. Il attendait g'en'eralement qu’on voul^ut bien les lui expliquer.
Son interlocuteur, comme s’il devinait qu’il fallait faire les premi`eres avances, d'eclara soudain :
— P`ere Coutureau, il s’agit maintenant de parler. Tu as devant toi Fant^omas et Fant^omas sait que tu es renseign'e sur l’assassinat de lady Beltham.
Fant^omas, comme pris d’une rage subite, se pr'ecipita sur le vieil habilleur, d’une main il le secoua, cependant que de l’autre il armait un revolver qu’il braqua sur le vieillard :