Семь я
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Esprit brulant, Feu fondamental et personnel, Terme reel d'une union mille fois plus belle et desirable que la fusion destructrice imaginee par n'importe quel pantheisme, daignez, cette fois encore, descendre, pour lui donner une ame, sur la frele pellicule de matiere nouvelle dont va s'envelopper le Monde, aujourd'hui.
Je le sais. Nous ne saurions dicter ni meme anticiper, le moindre de vos gestes. De Vous, toutes les initiatives, a commencer par celle de ma priere.
Verbe etincelant, Puissance ardente, Vous qui petrissez le Multiple pour lui insuffler votre vie, abaissez, je vous prie, sur nous, vos mains puissantes, vos mains prevenantes, vos mains omnipresentes, ces mains qui ne touchent ni ici, ni la (comme ferait une main humaine), mais qui,
melees a la profondeur et a l'universalite presente et passee des Choses, nous atteignent simultanement par tout ce qu'il y a de plus vaste et de plus interieur, en nous et autour de nous.
De ces mains invincibles, preparez, par une adaptation supreme, pour la grande oeuvre que vous meditez, l'effort terrestre dont je vous presente en ce moment, ramassee dans mon coeur, la totalite.
Remaniez-le, cet effort, rectifiez-le, refondez-le jusque dans ses origines, vous qui savez pourquoi il est impossible que la creature naisse autrement que portee sur la tige d'une interminable evolution.
Et maintenant, prononcez sur lui, par ma bouche, la double et efficace parole, sans laquelle tout branle, tout se denoue, dans notre sagesse et dans notre experience, - avec laquelle tout se rejoint et tout se consolide a perte de vue dans nos speculations et notre pratique de l'Univers.
– Sur toute vie qui va germer, croitre, fleurir et murir en ce jour, repetez : "Ceci est mon corps." - Et, sur toute mort qui s'apprete a ronger, a fletrir, a couper, commandez (mystere de foi par excellence): "Ceci est mon sang!"
Le feu dans le monde
C'est fait.
Le Feu, encore une fois, a penetre la Terre.
Il n'est pas tombe bruyamment sur les cimes, comme la foudre en son eclat. Le Maitre force-t-il les portes pour entrer chez lui?
Sans secousse, sans tonnerre, la flamme a tout illumine par le dedans. Depuis le coeur du moindre atome jusqu'a l'energie des lois les plus universelles, elle a si naturellement envahi individuellement et dans leur ensemble, chaque element, chaque ressort, chaque liaison de notre Cosmos, que celui-ci, pourrait-on croire, s'est enflamme spontanement.
Dans la nouvelle Humanite qui s'engendre aujourd'hui, le Verbe a prolonge l'acte sans fin de sa naissance; et, par la vertu de son immersion au sein du Monde, les grandes eaux de la Matiere, sans un frisson, se sont chargees de vie. Rien n'a fremi, en apparence, sous l'ineffable transformation. Et cependant, mysterieusement et reellement, au conta& de la substantielle Parole, l'Univers, immense Hostie, est devenu Chair. Toute matiere est desormais incarnee, mon Dieu, par votre Incarnation.
L'Univers, il y a longtemps que nos pensees et nos experiences humaines avaient reconnu les estranges proprietes qui le font si pareil a une Chair...
Comme la Chair, il nous attire par le charme qui flotte dans le mystere de ses plis et la profondeur de ses yeux.
Comme la Chair, il se decompose et nous echappe sous le travail de nos analyses, de nos decheances, et de sa propre duree.
Comme la Chair, il ne s'etreint vraiment que dans l'effort sans fin pour l'atteindre toujours au-dela de ce qui nous est donne.
Ce melange troublant de proximite et de distance, nous le sentons tous, Seigneur, en naissant. Et il n'y a pas, dans l'heritage de douleur et d'esperance que se transmettent les ages, il n'y a pas de nostalgie plus desolee que celle qui fait pleurer l'homme d'irritation et de desir au sein de la Presence qui flotte impalpable et anonyme, en toutes choses, autour de lui : "Si forte attrectent eum."
Maintenant, Seigneur, par la Consecration du Monde, la lueur et le parfum flottant dans l'Univers prennent pour moi corps et visage, en Vous. Ce qu'entrevoyait ma pensee hesitante, ce que reclamait mon coeur par un desir invraisemblable, vous me le donnez magnifiquement : que les creatures soient non seulement tellement solidaires entre elles, qu'aucune ne puisse exister sans toutes les autres pour l'entourer, - mais qu'elles soient tellement suspendues a un meme centre reel, qu'une veritable Vie, subie en commun, leur donne, en definitive, leur consistance et leur union.
Faites eclater, mon Dieu, par l'audace de votre Revelation, la timidite d'une pensee puerile qui n'ose rien concevoir de plus vaste, ni de plus vivant au monde que la miserable perfection de notre organisme humain 1 Sur la voie d'une comprehension plus hardie de l'Univers, les enfants du siecle devancent chaque jour les maitres d'Israel. Vous, Seigneur jesus, " en qui toutes choses trouvent leur consistance ", revelez-Vous enfin a ceux qui vous aiment, comme l'Ame superieure et le Foyer physique de la Creation. Il y va de notre vie, ne le voyez-vous pas ? Si je ne pouvais croire, moi, que votre Presence reelle anime, assouplit, rechauffe la moindre des energies qui me penetrent ou me frolent, est-ce que, transi dans les moelles de mon etre, je ne mourrais pas de froid ?
Merci, mon Dieu, d'avoir, de mille manieres, conduit mon regard, jusqu'a lui faire decouvrir l'immense simplicite des Choses 1 Peu a peu, sous le developpement irresistible des aspirations que vous avez deposees en moi quand j'etais encore un enfant, sous l'influence d'amis exceptionnels qui se sont trouves a point nomme sur ma route pour eclairer et fortifier mon esprit, sous l'eveil d'initiations terribles et douces dont vous m'avez fait successivement franchir les cercles, j'en suis venu a ne pouvoir plus rien voir ni respirer hors du Milieu ou tout n'est qu'Un.
En ce moment ou votre Vie vient de passer, avec un surcroit de vigueur, dans le Sacrement du Monde, je gouterai, avec une conscience accrue, la forte et calme ivresse d'une vision dont je n'arrive pas a epuiser la coherence et les harmonies.
Ce que j'eprouve, en face et au sein du Monde assimile par votre Chair, devenu votre Chair, mon Dieu, - ce n'est ni l'absorption du moniste avide de se fondre dans l'unite des choses, - ni l'emotion du paien prosterne aux pieds d'une divinite tangible, - ni l'abandon passif du quietiste ballotte au gre des energies mystiques.