Тетрадь четвертая
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ПОСЛЕДНИЕ ВЫПИСКИ ИЗ ТЕТРАДЕЙ — ОСТАВЛЯЕМЫХ
Не об том сердце болит,
Который рядом сидит
А об том сердце болит
Который издали глядит.
(Частушка Переяславль-Залесского уезда)
Черновик письма к Вильдраку [1]
Cher Monsieur,
J’ai bien recu Votre lettre et Votre livre, et si je ne Vous ai pas r'epondu plus t^ot, c’est pour ne pas Vous faire de vacances litt'eraires. Mais puisque Vous voil`a rentr'e…
1
Шарль
Vous me demandez pourquoi je rime?
Je suis chr'etien,
J’ai un petit chien
Qui mange du pain
Tous les matins
(Jacquot, fils de l’'epicier d’en bas, 6 ans)
Si le dit auteur de ce quatrain avait dit: — Je suis baptis'e, j’ai un petit chien auquel je donne `a manger tous les jours — ca ne me dirait rien, ni `a lui non plus, ni `a personne: ca ne serait rien. Et voici que cela est.
Voici, Monsieur, pourquoi je rime.
Des vers non rimes sont (ou me font, `a de rares exceptions pr`es l’impression de) vers `a 'ecrire: l’intention y est — rien qu’elle.
Pour qu’une chose dure il faut qu’elle soit chanson, chanson 'etant elle-m^eme son accompagnement musical, accomplie en elle-m^eme, ne devant rien `a personne.
(Pourquoi je rime? Comme si on rimait — pourquoi! Deman-dez le peuple — pourquoi il rime. L’enfant — pourquoi il rime. Et les deux — ce que c’est que rimer.)
…Voici, peut-^etre, un essai de r'eponse `a Votre l'eger reproche sur <пропуск одного слова> du son au d'etriment du mot et du sens dans mes vers.
Cher ami, c’est toute ma vie que je l’entends, que je l’attends.Vous avez vis'e juste et, ne connaissant rien de moi, `a pr'emi`ere vue (ou"ie!). Vous avez 'et'e plus <пропуск одного слова> que les autres, ayant mis en pr'esence non seulement le son et le sens, mais (troisi`eme puissance!) le son et le mot. Et voici que Votre reproche — au lieu de m’indigner — ou m’ennuyer — ou m’attrister — m’int'eresse, comme mati`ere `a discussion o`u je pourrai moi-m^eme en apprendre long. (J’'ecris pour comprendre — c’est tout ce que j’ai `a dire sur mon m'etier.)
Cher Monsieur, ce n’est pas mon Gars, ce n’est pas moi-m^eme, c’est ma cause, une cause que je d'efends. Ne confondez donc pas!
Si Vous m’indiquez tel ou tel endroit obscur — ou non r'eussi — ou mal-sonnant — je ne Vous en serai que reconnaissante — surtout en ma qualit'e d’'etrang`ere. Je peux rimer mal — d’accord, mais que la rime soit en elle-m^eme un mal — cela, je ne Vous l’accorderai jamais.
(Oh, surtout ne Vous f^achez pas! Si je m’emporte ainsi — ce que j’ai confiance —)
Votre livre. Savez-Vous qu’il me rappelle beaucoup Rilke, le Rilke des Cahiers. Votre livre — un coeur mis-`a-nu, sans la defence de la forme, Votre livre — dit, non 'ecrit et par cons'equent senti, ou"i, non lu. Je l’ai relu trois fois. Il y a aussi beaucoup de moi dans Votre livre (le cas de croire sur parole!) je me reconnais presqu’`a chaque page, surtout dans Etre un Homme — et surtout dans:
Et si tu vas un jour chez ceux qui ont de l’or —
et surtout dans:
— Sans que leur voix se trouble ordonnant
qu’on les serve
— surtout dans ce serve, qui, ici, a le poids du substantif, que j’aurais mis, moi, en ithaliques, que j’ai lu, moi, en ithaliques.
(«Madame e<s>t servie», celle qui le dit et celle qui l’est n’y pensent pas, mais Vous — moi — po`etes — ou"ie prolong'ee — y pensons pour elles: — servie par mes deux mains — ses deux mains dor'ees diamant'ees et oisives — par ces deux miennes, etc. C’est bien cela?)
L’auberge, c’est tout `a fait Rilke, Histoires du Bon Dieu, son dedans des choses. Si je dis Rilke — ca veut dire fraternit'e. Faire du R<ilke> est impossible, on na^it, on est R<ilke>. (On ne na^it pas Rilke. 5 Ao^ut 1938 — en copiant.) Vous ^etes, dans ce livre d’amour, son fr`ere en humanit'e, son «fr`eres humains…», son fr`ere-arbre, fr`ere-loup.
Et ce qui me touche — je ne saurais m^eme pas dire et ne voudrais m^eme pas savoir pourquoi, c’est ce mot gentil, gentille, qui Vous revient si souvent, ce mot si humble si peu usit'e en vers.
…Voici un cavalier sans cheval!
Dans cette ligne Votre choix dans la vie — ou avant la vie — est fait.
A un cheval qui veut, a un br'eviaire qui veut, mais ^etre (cavalier, pr^etre, <пропуск одного слова>) sans avoir — c’est l’orgueil ou le refus supr^eme.
Comme je le connais, ce cavalier sans cheval.
Au revoir, cher Monsieur, `a Vous de vouloir me voir. Si je ne Vous avais pas envoy'e de manuscrit je me sentirais envers Vous aussi libre que vis `a vis de Votre livre: ^ame `a ^ame (admirez ces trois a!) mais — Vous avoir pri'e de me lire — me g^ene et c’est pour ca que je me tairai jusqu’`a ce que Vous parliez.
MZ
(Еще отрывок — м. б. первого письма)
…Ne Vous para^it-il pas et n’est-il pas 'etrange que je me sois adress'ee, moi, rimeur passionn'e, entre tous — `a Vous, ennemi hautain de la rime? Et n’aurait-il pas 'et'e plus simple (?) d’amener mon Gars au camp ami (s’il en existe) des rimeurs.
D’abord et en tout: mon instinct cherche, trouve et cr'ee toujours des obstacles, c’est-`a-dire je les cr'ee d’instinct: dans la vie comme dans les vers.