Trouver le sol sous les pieds
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J«etais prete a ce que papa prenne la ceinture, mais il m’a caressee et grondee si gentiment que j’ai eu envie de pleurer a nouveau.
«Tu ne vas pas me confier a un psychiatre?» J’ai demande parce que… eh bien… «Pas de psychiatre, s’il te plait».
«Pauvre bebe», m’a serre ma mere dans ses bras. «Qu’est-ce que tu as vecu…»
«Personne ne te confiera a un psychiatre».
J’ai remarque que ces mots ont rendu Herman tres pale. Il devait lui aussi avoir peur de ce menteur. Papa m’a dit qu’il m’aiderait a arreter la douleur. Et je l’ai cru, bien sur. Ensuite, Herman a pris la cuillere de mes mains tremblantes et a commence a me nourrir comme un bebe. Je ne voulais pas manger, mais je devais etre obeissant…
«Mangeons encore un peu», m’a dit le garcon.
«Je peux venir aussi?» Je lui ai demande aussi piteusement que possible, et mon «fiance» a accepte.
Cela ne derangeait pas du tout Herman d’etre un fiance. Je lui ai meme demande pourquoi, et il m’a repondu :
«Tu es un miracle», a-t-il dit en me caressant la tete si tendrement que j’ai serre les yeux sous l’effet du plaisir.
Oh, j’avais oublie! Il s’est avere que j’avais dix ans et que j’etais a presque un an de la redoutable academie. Et je ne ressemblais pas a Mariana dans le miroir, pas du tout. Je suis donc bel et bien morte et je suis devenue une nouvelle personne. Quelqu’un a ecrit a ce sujet dans certains livres, je ne me souviens plus du nom. L’academie etait dans le livre, alors je me suis dit: si les noms de famille sont les memes, alors je suis dans le livre, non?
Herman s’est attele a ses lecons, et j’ai roule plus pres: non pas pour le distraire, mais pour m’occuper de quelque chose. Il a pose le livre d’histoire devant moi et m’a dit de ne pas le distraire. Je lisais donc l’histoire sans le distraire et en imaginant que si je l’avais distrait, il aurait ete tres contrarie, et je ne voulais pas contrarier mon «fiance», meme si c’etait juste pour s’amuser. Herman faisait ses exercices et etait contrarie parce que quelque chose n’allait pas. J’ai regarde dans son cahier et j’ai vu presque immediatement qu’il avait confondu le moins du debut avec le plus. Je faisais aussi cette erreur, c’est pourquoi je l’ai remarquee. J'etais assise et je m’inquietais, et Herman s’inquietait aussi, alors je n’ai pas pu resister.
«Herman», l’ai-je appele doucement et ai-je touche sa manche. «Puis-je te deranger, et plus tard, tu pourras me frapper pour ca?».
«Oh…» Le garcon etait d’abord en colere, mais ensuite, quand il a entendu ce que je suggerais, il s’est contente de me prendre dans ses bras et de me serrer fort. «Petit chaton.» C'etait si tendre que j’en ai sanglote. «Qu’est-ce qui ne va pas avec mon cheri?»
Herman etait tellement plus age que moi, sage, si gentil et affectueux… Je n’ai pas pu m’empecher de pleurer.
«Tu as melange le moins avec le plus ici», ai-je fait remarquer prudemment et j’ai immediatement serre les yeux de peur.
«Merci, chaton», me remercie doucement le garcon et me caresse les yeux pour qu’ils s’ouvrent. D’une certaine maniere, il n’etait pas du tout en colere contre moi, meme si je l’ai derange.
Ensuite, il a rapidement termine ses devoirs et a commence a me poser des questions sur l’histoire – enfin, sur ce que j’avais lu. Quelque part au milieu, j’ai eu peur pour une raison ou une autre, et Herman l’a senti et a arrete de me poser des questions, meme si je m’attendais a ce qu’il me gronde parce que j’avais oublie la moitie de ce que j’avais lu. Mais mon «fiance» a compris, a pose le livre, m’a serre dans ses bras, m’a mis au lit et a voulu partir, mais je lui ai jete un regard si pitoyable qu’il est reste.
* * *
Au diner, je ne pouvais plus manger toute seule, alors Herman m’a nourrie et papa froncait les sourcils pour une raison quelconque. J’ai eu un peu peur. S’il n’y avait pas eu la couche, j’aurais probablement fait pipi tout seul, mais papa avait pense a tout, et j’ai juste… Eh bien… Papa a dit que beaucoup de gens font pipi apres un ca-the-ter et que ce n’est pas grave, la couche, c’etait juste pour me mettre a l’aise et m’empecher de pleurer. C'etait tellement bizarre que quelqu’un se preoccupe de moi. Papa a aussi dit qu’il reflechirait a des moyens de m’aider, et j’ai eu un peu peur.
Quand j’etais Mariana, j’etais generalement punie le soir, alors ce soir, sans rappel, j’ai roule jusqu’a papa et je suis montee sur ses genoux avec mon ventre pour qu’il me punisse parce que j’etais coupable de beaucoup de choses.
Papa n’a meme pas compris ce que je faisais. Il est reste silencieux et m’a seulement retenu avec ses mains pour m’empecher de tomber.
«Qu’est-ce que tu fais, petite fille?» Maman a demande.
«Eh bien, j’ai fait quelque chose de mal aujourd’hui», ai-je explique en essayant de reprendre mon souffle. «Alors j’ai besoin d’etre punie»
En regardant autour de moi, j’ai vu les grands yeux d’Herman. Il etait tres surpris, mais je n’ai pas compris pourquoi.
«Qu’est-ce que tu as fait de mal?» Demande maman en montrant quelque chose a papa.
Il m’a soulevee et m’a posee sur ses genoux. J’ai souleve moi-meme ma jupe, mais je ne pouvais pas bouger ma culotte, je veux dire ma couche.
«Eh bien, j’ai distrait Herman, puis je n’ai pas pu manger tout seul, et ensuite…» J’ai commence a parler de plus en plus doucement parce que j’avais de nouveau peur. «Et puis, je n’ai pas repondu a certaines questions…»
«Herman?» Maman a appele.
«Rie m’a aide a faire un exercice. Et le fait qu’elle ne se souvienne pas de tout du livre d’histoire… Personne ne s’attendait a ce qu’elle le fasse», a explique le «fiance».
Des le debut, il a commence a m’appeler «Rie» au lieu de «Gabriella», et cela ne me derangeait pas, car cela sonnait tres doux. Je ne voyais pas ce que Herman etait en train de faire.
«Ma fille, veux-tu etre punie?» Papa prend enfin la parole et me caresse le dos. «Ou bien penses-tu que tu seras punie de toute facon?»
«Le fait d’etre punie me permet de mieux respirer et j’ai moins peur», ai-je admis. Et s’il me chassait?
«As-tu peur de la douleur?»
Papa, bien sur, a senti que je rapetissais, alors il m’a aussi tapote la tete.
«Que quelqu’un me chasse», ai-je repondu tranquillement.
C«etait dommage que je ne puisse pas voir leurs visages dans ma position.
Ensuite, mon pere m’a remis sur la chaise. Il s’est leve et est parti, puis il est revenu avec un stethoscope (c’est un outil avec deux tubes qui permet d’ecouter ta poitrine).