La main coup?e (Отрезанная рука)
Шрифт:
`A travers la porte, Juve parlementa :
— Ouvrez, nom d’un chien.
— Ouvrir ? Comment ouvrir ?
— Mais oui, nous sommes enferm'es.
Juve, la porte `a peine ouverte, – elle avait 'et'e ferm'ee d’un simple tour de clef, et la clef 'etait rest'ee dans la serrure, – commenca une enqu^ete rapide :
— Avez-vous vu quelqu’un venir de ce c^ot'e ?
— Non, monsieur, personne.
— Vous ne savez pas qui a pu fermer cette porte `a clef ?
— Oh, ma foi non.
— Ce n’est pas l’un de vos coll`egues, par hasard ?
— Non, monsieur, non. Depuis un quart d’heure, nous 'etions tous en bas, `a prendre les ordres du chef du personnel.
Juve, renoncant `a 'eclaircir la facon myst'erieuse dont la porte avait 'et'e ferm'ee, allait s’'elancer dans la direction de l’escalier et se pr'ecipiter enfin `a la recherche de Fandor, lorsque, dans la galerie, un nouveau personnage fit son apparition, tout en sueur, haletant, essouffl'e, au comble de l’'enervement : Maurice, l’un des croupiers les plus estim'es des tables de roulette.
— Qu’est-ce qu’il y a ? cria Juve, qui, rien qu’`a l’attitude de l’individu, soupconnait encore quelque chose d’extraordinaire. Que se passe-t-il ?
Le croupier, qui ne connaissait pas Juve, bouscula presque le policier pour p'en'etrer dans le cabinet de M. de Vaugreland.
— M. le directeur ? O`u est M. le directeur ?
— Quoi ? me voil`a, qu’est-ce qu’il y a ?
Et Juve qui 'etait revenu sur ses pas pour suivre le croupier demandait de son c^ot'e :
— Parlez donc, bon sang. Qu’est-ce que vous lui voulez au directeur ? qu’est-ce qui se passe ?
Alors d’une seule traite, le croupier annonca :
— Il se passe, monsieur, que c’est affolant. Voil`a dix-sept fois de suite que le 7 sort `a la table 7 de roulette. C’est `a n’y rien comprendre. La banque perd tout ce qu’elle veut.
***
Le croupier, qui avait un peu retrouv'e son calme, donnait `a M. de Vaugreland, plus tranquille, lui aussi, les explications n'ecessaires :
— Monsieur le directeur, je vous assure qu’il se passe quelque chose de myst'erieux, d’effroyablement myst'erieux, dans les salons de jeux. Depuis dix ans que je suis ici, j’ai assist'e `a des s'eries invraisemblables, mais enfin, jamais, au grand jamais, je n’ai vu un num'ero revenir avec la r'egularit'e affolante que le 7 met `a sortir en ce moment.
— Question de hasard ?
— De hasard ? oui, 'evidemment. Il le faut bien, puisque les joueurs ne peuvent tricher `a la roulette, puisqu’on ne peut m^eme pas admettre qu’un croupier, si habile soit-il, puisse truquer un coup…
— Eh bien alors ?
— Eh bien, monsieur, que voulez-vous, c’est peut-^etre le hasard, en effet, mais c’est un hasard impressionnant, et c’est pourquoi j’ai tenu `a vous informer, monsieur le Directeur. C’est le sept qui sort tout le temps, monsieur le Directeur, le sept. Si seulement c’'etait un autre num'ero.
Juve protesta :
— Cela ne change rien `a l’affaire ?
— Eh si, monsieur, parce que le sept, le sept, mais c’est le num'ero qui avait fait gagner ce malheureux jeune homme. Ce jeune homme qui a 'et'e assassin'e. M^eme c’est encore heureux que ce soit le sept qui sorte ainsi. Ce num'ero-l`a maintenant, il y a peu de gens qui osent le miser. Sans ca, avec la s'erie qu’il fait, nous aurions perdu encore bien plus, nous devrions, `a l’heure qu’il est, mettre les meubles au clou et prendre des hypoth`eques sur les b^atiments.
***
Une heure plus tard, Juve se trouvait encore dans les salons de jeux.
Renoncant `a rattraper Fandor, Juve 'etait descendu dans la salle de jeu.
— Le sept sort d’une facon extraordinaire, s’'etait dit Juve, il doit y avoir une raison `a cela. Et puis, franchement, il se passe trop de choses
Et Juve se promenait dans les salons de jeux, faisant de son mieux pour passer inapercu, surveillant la table de roulette, qu’avait signal'ee le croupier Maurice.
Mais le 7 ne sortait plus.
***
— Monsieur Durand ? Non, Monsieur Duval ? Ah c’est peut-^etre bien Monsieur Dupont ?
— C’est vous, mademoiselle, comment va ?
— Ma foi, mon cher, la sant'e n’est pas mauvaise. Et toi ? Cela va mieux, dis ?
— Comment, cela va mieux ? je n’ai jamais 'et'e malade.
— Non, c’est vrai, mais ca fait tr`es bien de demander ca `a ses amis. Dis donc, mon coco, tu gagnes ou tu perds ?
Louppe, qui, famili`erement, venait de prendre le bras de Juve, et semblait en grande intimit'e avec le policier, qu’elle continuait `a tutoyer, n’attendit m^eme pas la r'eponse :
— Et puis tu sais, achevait-elle, c’est rigolo comme tout, c’est farce, en diable, ce pays-l`a. Figure-toi, mon loup, que j’ai d'ej`a retrouv'e ici des tas de connaissances ? Isabelle de Guerray est l`a, tu l’as vue ?
— Mais vous vous trompez, ma ch`ere, ce n’est pas moi qui connais M mede Guerray, c’est mon ami.
— Ah oui, le petit jeune homme ? celui qui est si taquin ? Tiens, o`u est-il donc ? Au fait, c’est indiscret ce que je vous demande l`a, monsieur Dupont. Dis donc, mon cher, veux-tu que je te pr'esente `a Isabelle ? Justement elle donne ce soir un grand d^iner o`u on va s’amuser ferme. Et on manque d’hommes. Veux-tu que je te fasse inviter ?
— Mais vous n’y songez pas, ma petite amie. Me faire inviter chez M mede Guerray ? Ce serait de la derni`ere ind'elicatesse de ma part. Je n’y conna^itrais personne, `a ce d^iner.