La main coup?e (Отрезанная рука)
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— C’est incompr'ehensible, qu’en pensez-vous, monsieur Juve, il me semble, n’est-ce pas, qu’elle est morte ?
Juve enfin, terminait son inspection et sans jeter le moindre coup d’oeil sur Isabelle de Guerray, il r'epondit au commissaire :
— Aucun doute. La question, d'esormais, est de savoir comme elle est morte et si elle n’a pas 'et'e assassin'ee ?
— Assassin'ee ?
Mais il s’arr^eta net, Juve et lui pr^etaient l’oreille.
Le silence de la nuit, le silence impressionnant qui entourait la villa venait soudain d’^etre troubl'e.
On entendait des pas pr'ecipit'es dans le jardin, puis des 'eclats de voix, enfin un coup de revolver, un second, un troisi`eme.
— Nom de Dieu, jura Juve, cela devient fantastique.
Le policier bondissait hors du cabinet de toilette, descendait l’escalier.
M. Amizou s’appr^etait `a le suivre, Juve l’en emp^echa.
— Mais non, s’'ecria-t-il, restez donc, il faut nous s'eparer. Restez dans la maison, moi je vais aller voir au dehors ce qui se passe.
— Bien, fit M. Amizou qui s’arr^eta aussit^ot, rebroussa chemin, regagna en h^ate la pi`ece o`u gisait toujours Isabelle de Guerray. Le commissaire tira de sa poche son revolver et s’embusqua dans un angle. Apr`es tout, les incidents myst'erieux qui se produisaient n’avaient rien de rassurant.
Juve avait bondi dans le jardin.
Il ne voyait personne, il n’entendait plus rien, il se rapprocha aussit^ot de son taxi-auto.
— En route, commanda-t-il au m'ecanicien. Et il monta sur le si`ege `a c^ot'e de lui.
— O`u allons-nous ? interrogea le chauffeur.
Juve demeura un instant perplexe.
`A quelques m`etres de l`a, le boulevard 'etait coup'e par une rue qui allait `a droite et `a gauche.
Dans quelle direction fallait-il se diriger ? En face c’'etait la montagne avec ses rochers abrupts.
— N’avez-vous pas vu sortir quelqu’un tout `a l’heure ? interrogea le policier, auquel le m'ecanicien r'epondit :
— Il y a dix minutes. Si. Un monsieur et une dame qui sont mont'es en automobile.
— Je sais, fit Juve impatient, mais depuis ?
— Depuis ? personne.
— Vous n’avez donc pas entendu les coups de revolver ?
— Des coups de revolver, s’'ecria le m'ecanicien, ah ! par exemple, monsieur, je ne me doutais pas que c’'etaient des coups de revolver. J’ai pris cela pour des p'etards, des fus'ees, tir'es par des gens qui s’amusaient Attendez donc, si. Il n’y a pas deux minutes, il me semble bien avoir remarqu'e deux ombres qui se sont faufil'ees le long de la grille, puis qui ont gagn'e l’extr'emit'e du boulevard.
— Par o`u sont-elles pass'ees ces ombres ? Ont-elles tourn'e `a droite, `a gauche ?
Le m'ecanicien h'esita, balbutia, il ne savait pas. Mais, soudain, de nouveaux 'eclats de voix lointains, att'enu'es, puis encore des coups de revolver.
Cette fois, plus de doute. Juve avait localis'e le bruit, il fallait s’en aller par la droite.
Sur les ordres du policier, le taxi embraya, vira dans la direction indiqu'ee, s’enfonca dans la nuit.
H'elas, la rue 'etait absolument d'eserte.
Mais brusquement, comme il venait d’entendre le v'ehicule corner, Juve se frappa le front :
— Imb'ecile que je suis, hurla-t-il.
Puis, sans s’expliquer autrement, il commanda au m'ecanicien :
— Tournez, tournez le plus vite possible. Rebroussons chemin, c’est `a droite que nous sommes all'es. Il fallait tourner `a gauche.
Cependant que le chauffeur stup'efait de piloter un client aussi 'etrange ex'ecutait ses ordres, Juve grommela tout haut :
— D'ecid'ement, toutes les guignes sont attach'ees `a notre suite. Dans ces sacr'ees r'egions montagneuses il y a perp'etuellement des 'echos. Or j’ai mal calcul'e. Je ne m’en suis pas rendu compte. Les individus qui me fuient sont partis sur la gauche et c’est `a droite que je les ai entendus, `a cause de l’'echo. Pourvu qu’on puisse les rattraper.
Cependant que le taxi augmentait peu `a peu son allure, Juve se prenait `a esp'erer.
— Du moment qu’il y a des coups de revolver, c’est qu’on se bat, c’est qu’il y a des adversaires, ils ne sont donc pas tous d’accord pour s’enfuir.
— Attention, cria soudain le m'ecanicien, tenez-vous bien.
Juve ob'eit machinalement, ferma les yeux, mais bien que cramponn'e au si`ege, le policier, projet'e en avant tomba presque le nez sur le capot :
Le conducteur venait de freiner brusquement au risque de faire 'eclater ses pneus :
— Qu’y a-t-il donc ? gronda Juve.
— Il y a, fit le chauffeur, que la rue que vous venez de me faire prendre s’arr^ete l`a. Une seconde de plus, trois m`etres encore et nous allions taper en plein dans le mur.
Juve, descendu, examina les lieux `a la lueur de la lanterne :
— C’est vrai, murmurait-il, cette rue ne continue pas, nous sommes tomb'es dans un cul-de-sac.
`A droite et `a gauche s’'elevaient des murs de maisons, sans fen^etres d’ailleurs, au fond le mur naturel constitu'e par la montagne `a pic, au flanc de laquelle on avait creus'e cette route. De part et d’autre se trouvaient de petits trottoirs.
Juve passa deux ou trois fois sur une lourde plaque d’'egout qui sonnait le creux, puis il rebroussa chemin :
— Il est impossible, se dit-il, que ces individus soient pass'es par ici. Je les aurais retrouv'es assur'ement.
Il haussa les 'epaules, serra les poings :
— Rentrons, dit-il au m'ecanicien, `a la villa. Le tout n’avait pas dur'e dix minutes.
— Eh bien, fit le commissaire de police, avez-vous d'ecouvert quelque chose ou rencontr'e quelqu’un ?
— Rien, personne. Et vous, rien de neuf ?
M. Amizou racontait `a quoi il avait employ'e son temps pendant ces quelques minutes de solitude :