La main coup?e (Отрезанная рука)
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— Que peut-elle avoir `a faire ici ?
Mais ce n’'etait pas le moment de s’interroger.
Le journaliste, remettant `a plus tard le soin de comprendre, poursuivait son galop `a travers les all'ees et les massifs. Il observa, comme l’avait fait Juve dix minutes auparavant, que les appartements du rez-de-chauss'ee 'etaient plong'es dans l’obscurit'e et que seule une pi`ece au premier 'etage paraissait 'eclair'ee.
Fandor ayant contourn'e la maison se trouva face `a face avec la jeune fille, l’arme au poing, au clair de lune.
— Halte, dit H'el`ene.
Et comme Fandor refusait d’ob'eir, la jeune fille tira deux coups de revolver.
Le journaliste n’avait m^eme pas baiss'e la t^ete. Il avait compris que la fille de Fant^omas voulait simplement l’effrayer et tirait en l’air.
— 'Ecoutez-moi, dit Fandor.
— Halte, dit la jeune fille.
Puis elle ajouta d’une voix presque suppliante :
— Fuyez. Un instant de plus ici et vous ^etes `a la merci de Fant^omas.
La jeune fille reprit sa course folle, refit le tour de la maison, franchit la grille du jardin, se retrouva sur le boulevard.
Fandor l’avait perdue de vue un instant, mais il la rattrapa.
`A l’extr'emit'e du boulevard, la fille de Fant^omas tournait `a gauche et comme elle voyait Fandor qui la suivait, elle tira encore.
Le journaliste fr'emit cette fois, le coup de feu avait 'et'e tir'e de tr`es pr`es et il s’'etonnait presque, 'etant donn'ees les qualit'es de tireuse qu’il connaissait `a la fille du bandit, de ne point tomber baign'e dans son sang.
Cette fois Denise semblait avoir assez de la lutte.
Elle s’arr^eta, croisant les bras sur sa poitrine. `A la lueur d’une lampe 'electrique qui 'eclairait faiblement le boulevard, elle consid'era le journaliste :
— Que me voulez-vous ?
Fandor, poliment, s’inclina devant elle :
— Il est dangereux pour une jeune personne, m^eme pour une personne aussi t'em'eraire que vous, d’errer seule dans les rues `a cette heure de la nuit. Tout `a l’heure, vous avez failli vous faire 'ecraser par une automobile et vous p'en'etrez dans les villas priv'ees, avec – permettez-moi de vous le dire – un sans-g^ene et une incons'equence qui pourraient vous valoir une f^acheuse r'eception.
Tandis que J'er^ome Fandor parlait, la fille de Fant^omas, dont la poitrine palpitait, regardait fixement le journaliste.
— Aucun doute, fit-elle, vous ^etes brave.
— Brave ? interrogea Fandor, profond'ement 'etonn'e en apparence, pourquoi donc ?
— Vous avez essuy'e sans fr'emir plusieurs coups de feu. Il y a une minute `a peine, j’ai tir'e sur vous, `a bout portant. Vous ne vous ^etes pas 'ecart'e d’une ligne de votre chemin.
— Bah, fit Fandor, on ne meurt qu’une fois et mourir de votre main serait une mort glorieuse. Je n’ai d’ailleurs pas `a me pr'evaloir de courage, vous avez tir'e en l’air, je l’ai vu, une fois, deux fois.
— Mais la troisi`eme ? interrompit la fille de Fant^omas.
— J’ai pens'e, avoua Fandor, que vous recommenceriez.
Le journaliste regarda la jeune fille `a son tour.
Celle-ci paraissait toute troubl'ee, une vive rougeur lui montait aux pommettes. Elle eut un regard d’une infinie douceur pour Fandor, lorsque soudain, elle tressaillit tandis que le journaliste pr^etait l’oreille.
On entendait des bruits, des pas pr'ecipit'es, le ronflement d’une automobile, des appels de corne.
Toute tremblante, la fille de Fant^omas prit le bras de Fandor :
— Vous ^etes perdu. Nous sommes perdus tous les deux. Il s’est apercu que nous 'etions l`a, il est `a nos trousses.
— Fant^omas nous poursuit, s’'ecria Fandor, soit, je l’attends de pied ferme.
Avec une vigueur que l’on n’aurait pas soupconn'ee de l’apparence fr^ele de la jeune fille, celle-ci avait pris le journaliste par la main et l’entra^inait malgr'e sa volont'e.
— Il ne faut pas, je ne veux pas que vous vous rencontriez avec Fant^omas, il vous abattrait comme un chien.
— Ou c’est moi, r'epliquait Fandor, qui l’'etendrais raide mort.
La jeune fille r'eprimait un cri d’angoisse.
— Je ne veux ni l’un ni l’autre. Au surplus, est-ce bien Fant^omas qui vous poursuit ? Venez, il le faut, je le veux.
Fandor et la jeune fille avaient `a peine fait quelques m`etres dans l’obscurit'e, que soudain, ils s’apercevaient que la rue dans laquelle ils s’'etaient engag'es 'etait une voie sans issue.
De trois c^ot'es, de hauts murs emp^echaient toute fuite. Il fallait ou rester l`a ou rebrousser chemin.
Ils h'esit`erent un instant, cherchant machinalement une cachette, car Fandor, troubl'e par les myst`eres dont il ne comprenait point l’importance, se rendait compte que peut-^etre la jeune fille avait raison et qu’il importait dans leur int'er^et commun de n’^etre pas d'ecouverts.
Au surplus, les bruits de voix des gens qui s’acharnaient sur leurs traces, 'eloign'es d’abord, se rapprochaient, venaient dans leur direction.
La fille de Fant^omas, soudain, avisa une 'enorme plaque de fer au ras du sol.
La jeune fille se baissa vivement, s’efforca d’en soulever un c^ot'e et, soudain, elle poussa un cri de joie, sa tentative 'etait couronn'ee de succ`es. Cette plaque de fer recouvrait une sorte de petit escalier dont les marches descendaient dans le noir. C’'etait une ouverture m'enag'ee pour permettre l’acc`es aux 'egouts, vraisemblablement creus'es depuis peu de temps dans cette partie encore neuve de la ville.
Fandor et la fille de Fant^omas s’introduisirent rapidement dans cette cachette, refermant sur eux la plaque de fer et, dans ce r'eduit obscur et froid, se touchant, ils attendaient, anxieux.