La main coup?e (Отрезанная рука)
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Dans un 'eclat de rire diabolique, Fant^omas ajouta :
— Parbleu, monsieur de Vaugreland, si vous n’'etiez pas si timide, vous marqueriez d’une croix blanche cette journ'ee o`u Fant^omas devient un peu votre associ'e.
24 – MALHEURS DE BOUZILLE
`A peine Denise s’'etait-elle enfuie, disparaissant au tournant de la route, que Fandor, comme un homme qui se r'eveille d’un r^eve, d'ecidait d’agir co^ute que co^ute.
— Il faut que nous sortions de toutes ces aventures, songeait l’'energique jeune homme. Il faut que Fant^omas paie sa dette. Il faut que Denise soit enfin d'elivr'ee de la menace terrible que son p`ere constitue pour elle.
Le journaliste, `a grands pas, remontait vers la villa d’Isabelle de Guerray.
— Juve doit ^etre l`a, songeait-il, que diable, il faudra bien qu’il m’aide, il faudra bien qu’une bonne fois il abandonne ses soupcons et qu’il vienne enqu^eter avec moi.
Malheureusement, Fandor ignorait compl`etement ce qu’avait fait Juve depuis qu’il s’'etait s'epar'e de lui.
Il eut une violente 'emotion en apercevant le policier au moment m^eme o`u celui-ci quittait la maison d’Isabelle de Guerray.
— Juve, commenca Fandor d’une voix qui tremblait un peu, j’ai `a vous parler.
— Parle, Fandor, mais d’abord, es-tu au courant de ce qui s’est pass'e ?
— Non, quoi encore ?
— Un terrible assassinat vient d’avoir lieu, Fandor.
— Mon Dieu.
— Isabelle de Guerray est morte.
— Isabelle de Guerray ?
— Oui, et sais-tu qui l’a tu'ee ?
— Qui ?
Tr`es froidement et regardant bien Fandor en face, Juve annoncait en scandant les syllabes :
— Je ne te ferai pas languir, Fandor : l’homme qui a tu'e Isabelle de Guerray, c’est sans doute Fant^omas. Mais Fant^omas, sais-tu qui c’est ?
— Qui ?
— C’est Ivan Ivanovitch.
`A peine Juve avait-il prononc'e ces paroles dont il escomptait tant d’effet :
— Ah c`a, gronda Juve, que trouves-tu de si plaisant ?
— Excusez-moi, Juve, cet 'eclat de rire est absolument idiot, c’est un fou rire nerveux. Vraiment, vous croyez qu’Ivan Ivanovitch est coupable ? Pourquoi ?
— Pourquoi Ivan est le coupable ? mais, Fandor, parce que tout le prouve, oui, tout.
Fandor cependant ne se d'emontait pas…
— Vraiment ? vous avez tant de preuves que cela, Juve ? mes f'elicitations. Au moins on ne vous reprochera pas d’h'esiter. Mais enfin, voulez-vous me permettre cependant de remarquer qu’il serait plus int'eressant d’avoir une seule preuve bien certaine.
— Tais-toi, Fandor, je ne veux plus t’entendre d'efendre cet homme, ce mis'erable, Fant^omas.
— Mais, Juve…
— Tais-toi. Tu me demandes une preuve certaine, je l’ai. C’est la morte qui a parl'e. C’est Isabelle de Guerray elle-m^eme qui a 'ecrit sur une glace le nom de son meurtrier, c’est elle qui a d'enonc'e son assassin.
Et Juve expliqua `a Fandor le r'esultat de l’enqu^ete qu’il venait de faire autour du cadavre de la demi-mondaine.
Juve, quelques instants apr`es, concluait :
— Tu le vois, il n’y a plus `a s’y tromper, le doute n’est plus possible, c’est bien Ivan Ivanovitch le coupable.
Fandor qui avait d'ej`a ri, rien qu’en entendant accuser Ivan Ivanovitch, riait encore.
— Tr`es joli tout ca, Juve, mais, excusez-moi de vous affirmer que c’est radicalement faux. Si vous avez une preuve qu’Ivan Ivanovitch est le coupable, j’ai la preuve irr'efutable de son innocence.
Et Fandor parlait avec une telle assurance que Juve, une seconde, se demanda si par hasard le journaliste ne disait pas la v'erit'e, si Ivan Ivanovitch n’'etait pas r'eellement innocent du meurtre d’Isabelle de Guerray…
Fandor mentait. Impossible.
— Donne-moi cette preuve qu’Ivan Ivanovitch n’a pas tu'e Isabelle de Guerray ?
— Depuis hier soir, dit Fandor, je sais o`u est Ivan Ivanovitch. Depuis le moment o`u Isabelle de Guerray a 'et'e vue, vivante, au Casino, jusqu’au moment o`u on l’a retrouv'ee morte, chez elle, je puis justifier de l’emploi du temps d’Ivan Ivanovitch, que je n’ai pas quitt'e d’une semelle.
Il conta alors `a Juve, comment, lui, Fandor, aid'e de Bouzille, avait appr'ehend'e l’officier, comment le commandant du Skobeleffavait 'et'e conduit de force dans la demeure de Bouzille, comment il s’y trouvait encore.
— Je ne sais plus o`u j’en suis. Il me semble que je deviens fou. Si tu dis la v'erit'e, Fandor, Ivan Ivanovitch ne peut ^etre le coupable. Mais je me prends `a douter ?… oui, `a douter…
— `A douter de moi ? Vous doutez de moi, Juve ? vous ne pouvez me croire ? vous supposez que j’invente une histoire `a plaisir ? Soit. Les minutes sont trop graves pour que je m’offense de vos suppositions. Venez. Allons voir ensemble Ivan Ivanovitch, prisonnier chez Bouzille.
— Allons-y.
— Fandor, demanda le policier, sais-tu que j’ai retrouv'e tes traces dans la maison d’Isabelle de Guerray ? Qu’'etais-tu venu faire chez cette femme ?
— J’'etais venu… commenca Fandor.
Mais le journaliste s’interrompit.
R'epondre `a Juve, c’'etait lui avouer qu’il avait vu la fille de Fant^omas, et qu’il avait favoris'e sa fuite.
— Juve, je ne puis vous renseigner `a ce sujet. Supposez ce que vous voudrez. Vous ^etes libre. Si j’'etais chez Isabelle de Guerray, c’est que j’avais le droit d’y ^etre, mais je ne puis vous expliquer ma conduite. D’ailleurs, Juve, tout ce malentendu, je vous en donne ma parole, finira quand vous aurez reconnu qu’Ivan Ivanovitch n’est pour rien, n’a jamais 'et'e pour rien dans les scandales dont vous cherchez les coupables. Cela, vous allez le savoir dans quelques minutes… Juve, d'ep^echez-vous d’aller retrouver Ivan Ivanovitch chez Bouzille. Vous n’avez pas besoin de moi ? moi, je vais aller chez Isabelle de Guerray faire mon enqu^ete pour trouver le v'eritable assassin.