La main coup?e (Отрезанная рука)
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— Oui, Fandor, j’irai seul chez Bouzille.
***
Vingt minutes plus tard, Juve 'etait assis sur une caisse renvers'ee, dans la demeure de Bouzille et causait avec le chemineau :
— Enfin, Bouzille, vous me comprenez bien, j’imagine ? je parle clairement, je pense ? Fandor m’a dit : « Moi et Bouzille, nous avons arr^et'e et attach'e Ivan Ivanovitch. Ivan Ivanovitch est donc prisonnier chez Bouzille, allez-y, Juve, vous l’y trouverez. » Or, je ne vois pas d’Ivan Ivanovitch ici, pourquoi ?
— Ah, M. Fandor vous a dit cela ? Eh bien, monsieur Juve, si Ivan Ivanovitch 'etait ici, s^ur et probable que vous le verriez.
— Il ne s’agit pas de ca, Bouzille. Je vois bien qu’Ivan Ivanovitch n’est pas l`a, mais y a-t-il 'et'e ? en d’autres termes, Fandor m’a-t-il menti ?
— C’est pas gentil, monsieur Juve, de dire ca de votre ami.
— Bouzille, r'epondez-moi, nom d’un chien : Ivan Ivanovitch s’est-il enfui ? est-il parti d’ici ? oui ou non ?
Et Bouzille songeait :
« Si M. Juve sait que, pour trois louis, j’ai rendu l’officier `a la libert'e, s^ur et certain qu’il va se f^acher.
— Monsieur Juve, vrai de vrai, je ne comprends rien `a ce que vous me racontez. Vous ^etes l`a `a vous tourmenter. Pourquoi donc ? bien s^ur que non, jamais Ivan Ivanovitch n’a 'et'e prisonnier ici. Tout ca c’est des histoires.
— Ah ! nom de Dieu de nom de Dieu ! (c’'etait Juve qui se mettait en col`ere).
Bouzille, qui n’en 'etait pas `a une opinion pr`es, changea aussit^ot de batteries :
— Et puis non, m’sieur Juve, dit-il, tenez, ca me fait de la peine de vous mentir. M’sieur Fandor vous a dit la v'erit'e. Bien s^ur que l’officier 'etait prisonnier ici. M^eme qu’il m’a donn'e trois louis pour que je le laisse s’en aller, pendant que m’sieur Fandor allait vous chercher.
Et Bouzille, tout en parlant, consid'erait Juve du coin de l’oeil, se demandant qu’elle allait ^etre l’attitude du policier.
Malheureusement, Bouzille, s’il 'etait rus'e n’'etait point pr'evoyant.
— L’animal, songeait Juve, qui ne pouvait arriver `a ma^itriser son 'emotion, il me paiera ca. Oui ou non, Ivan Ivanovitch 'etait-il ici ? Je n’en saurai jamais rien, pardinne. Bouzille ment comme il respire.
Brusquement, Juve prit une d'ecision.
— Bouzille, ordonna-t-il, s'ev`ere, ca suffit comme ca. Puisque vous ne pouvez pas me r'epondre une seule fois la v'erit'e quand je vous interroge gentiment, je vais me f^acher. Nous verrons bien qui de nous sera le plus fort. Suivez-moi.
— O`u ca, m’sieur Juve ?
— En prison.
— En prison, mais je n’ai jamais rien fait de mal, je suis un martyr, monsieur Juve. Justement, moi je cherche `a faire plaisir `a tout le monde, c’est pas d’ma faute, ce qui arrive.
— Tant pis, dit le policier.
— C’est un monde, monsieur Juve.
— Taisez-vous, vous parlerez, Bouzille, quand on vous interrogera.
`A Bouzille effar'e, Juve passait les menottes.
— Marchez, maintenant.
— Mais, m’sieur Juve.
— Parlez toujours, Bouzille.
On entendait justement le ronron d’une voiture. Quand elle parut sur la route, Juve reconnut l’automobile de Conchita Conchas.
Le policier se planta au travers de la route.
— Au nom de la loi, commenca-t-il…
Et Juve n’h'esita pas, dans la h^ate qu’il avait d’arriver `a rejoindre Fandor pour tirer au clair la myst'erieuse aventure d’Ivan Ivanovitch, `a r'equisitionner l’auto de l’Espagnole.
— Conduisez-moi, ordonna-t-il au chauffeur 'ebahi.
Bouzille monta derri`ere lui.
— En route. Bouzille, vous apprendrez une bonne fois pour toutes qu’on ne se moque pas de moi impun'ement.
Bouzille ne r'epondit rien. Il r'efl'echit `a la facon dont il pourrait tirer parti des 'ev'enements, et bien qu’il e^ut le cerveau fertile en combinaisons de toutes sortes, il devait s’avouer qu’il ne voyait rien de profitable dans tout ce qui lui arrivait ou qui menacait de lui arriver.
— Y a pas de justice, grommela Bouzille. Quand je verrai le Pr'esident de la R'epublique, je me plaindrai `a lui.
25 – L’ENVELOPPE AUX BILLETS DE MILLE
Tandis que Juve s’en allait, t^ete basse, persuad'e que Fandor l’envoyait `a la demeure de Bouzille pour se d'ebarrasser de lui, le journaliste revenait `a pas lents chez Isabelle de Guerray.
C’est que Fandor, persuad'e que Juve se trompait, venait de d'ecider qu’il devait avant tout 'eclaircir la question de la fameuse inscription d'ecouverte par Juve sur le mur de la chambre d’Isabelle de Guerray.
Et, surtout, ne pouvait-on d'ecouvrir `a l’int'erieur de la villa aucune autre trace plus int'eressante, plus sinc`ere et ne compromettant plus ce malheureux Ivan Ivanovitch, que tout accablait et que Juve croyait coupable ?
Fandor aurait `a ce moment donn'e tout au monde pour d'ecouvrir un indice s'eparant nettement la personnalit'e inconnue de l’assassin de la personnalit'e d’Ivan Ivanovitch. Au point o`u Juve et lui en 'etaient de l’enqu^ete, ils n’'etaient s^urs que d’un seul fait : Fant^omas 'etait derri`ere les crimes qui d'esolaient Monaco.