La main coup?e (Отрезанная рука)
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— Mais c’est merveilleux, votre d'ecouverte.
— Non, fit Juve modestement, j’ai proc'ed'e avec logique. Voici mieux, monsieur : Ces marques, ces traces que vous voyez l`a ont 'et'e faites par un doigt, un doigt d’'el'egante, un doigt de femme qui, surprise `a sa toilette, devait ^etre encore enduit de l’une quelconque de ces p^ates qu’emploient les femmes pour sauvegarder la puret'e de leur peau. Ce doigt a trac'e quelque chose sur cette glace. Il serait bien int'eressant de pouvoir savoir quoi…
Vainement, Juve essayait de lire. Soudain le policier avait une inspiration. Il allait prendre sur le lavabo une houppette de poudre de riz et l’appliqua sur les taches du miroir. Et Juve lut :
IVAN IVANOV…
— Ivan Ivanovitch, s’'ecria le commissaire, abasourdi de voir ce nom appara^itre soudain sur la glace aux reflets miroitants, serait-ce donc l’assassin d’Isabelle de Guerray ?
— Il me semble, conclut le policier, qu’on ne saurait en avoir une preuve plus formelle.
Les deux hommes demeur`erent un instant silencieux, puis des pas retentirent dans l’escalier, quelqu’un se pr'esenta `a l’entr'ee du cabinet de toilette.
C’'etait un des inspecteurs de police.
— Monsieur le commissaire, annonca celui-ci, nous venons de faire quelques constatations int'eressantes. Deux hommes et deux femmes sont venus r'ecemment dans ce jardin.
— H'eberlauf et Conchita, pens`erent Juve et le commissaire.
— Notamment, poursuivait l’inspecteur, nous avons relev'e derri`ere la maison des traces tr`es pr'ecises, mais d’un homme et d’une femme seulement. Ce sont des empreintes nettement enfonc'ees dans la terre ou dans le sol, des pas de gens qui couraient.
— Les gens aux coups de revolver, songea Juve…
Puis comme l’inspecteur tendait au commissaire plusieurs feuilles de papier sur lesquelles il avait relev'e minutieusement les empreintes, Juve en prit possession, les examina attentivement.
Il s’absorba, prit dans sa poche divers objets : un petit m`etre gradu'e, un compas, il mesura, nota.
Il hochait la t^ete parfois, murmurait de temps `a autre :
— C’est cela, c’est bien cela, il n’y a pas de doute…
— Ces empreintes, interrogea M. Amizou, vous apprennent-elles quelque chose ?
— Non, je dois l’avouer, pas grand’chose.
C’est qu’en r'ealit'e Juve venait d’'eprouver une effroyable commotion.
Dans les traces des myst'erieux individus qui assur'ement quelques instants auparavant s’'etaient tir'e des coups de revolver, puis avaient disparu dans la nuit et que Juve avait en vain cherch'es, tromp'e par l’'echo dans sa poursuite, Juve venait de reconna^itre les traces de quelqu’un qu’il connaissait bien. Les traces de Fandor.
22 – JE MEURS SI TU ME SUIS
Fandor marchait `a grands pas dans une ville d'eserte.
Le journaliste r'efl'echissait aux incidents qui venaient de se produire, quelque peu pr'eoccup'e par le coup de force dont il venait d’assumer la responsabilit'e, en proc'edant `a l’arrestation arbitraire du commandant du Skobeleff.
Soudain, au d'etour d’une route, Fandor qui s’'etait dirig'e dans la direction du Casino dont il apercevait d'ej`a au lointain les 'eblouissantes lumi`eres, r'eprimait un geste de surprise, puis pressait le pas :
— Par exemple, s’'etait-il 'ecri'e, voil`a encore quelqu’un que je n’attendais point, que peut-elle faire ici ?
Fandor avait apercu, se dissimulant dans l’ombre, rasant les murs, la silhouette d’une femme 'el'egante, jeune, fine, distingu'ee : la fille de Fant^omas.
'Etouffant le bruit de ses pas, Fandor s’'etait approch'e d’elle. Il n’'etait plus qu’`a quelques m`etres de la jeune fille, il allait l’atteindre, la saisir, l’obliger `a lui parler, `a lui r'epondre lorsque celle-ci, devinant peut-^etre la poursuite dont elle 'etait l’objet, se retourna brusquement.
La fille de Fant^omas apercut une ombre dissimul'ee derri`ere elle :
— Arr^etez-vous, cria-t-elle.
Au m^eme instant un coup de revolver, une balle sifflait aux oreilles du journaliste.
— Merci, mademoiselle, r'epondit Fandor. S’il vous en reste d’autres, J'er^ome Fandor est `a votre disposition.
Et bravement, courageusement, le journaliste reprit sa course, se rapprochant de la jeune fille qui, d'esormais, ne tirait plus.
Fandor allait l’atteindre, il la voyait nettement d'esormais, car les phares d’une automobile qui d'ebouchait au milieu de la route l’'eclairaient `a pleine lumi`ere. La fille de Fant^omas 'etait v^etue d’un complet sombre, d’une jupe trotteuse courte. Elle 'etait coiff'ee d’une toque de fourrure qui parait d'elicieusement sa chevelure blonde et vaporeuse.
Mais comme Fandor la touchait presque, preste, l'eg`ere, rapide et audacieuse aussi, la fille de Fant^omas, bondissant, traversa la route, fr^olant pour ainsi dire les roues de l’automobile qui passait `a toute allure.
Ce fut l’affaire d’une seconde.
Une seconde, en effet, apr`es, Fandor, aveugl'e par la poussi`ere que venait de soulever la voiture, s’essuyait les yeux, maugr'eant contre le v'ehicule :
— Satan'ee m'ecanique, jura-t-il, elle va faciliter sa fuite.
`A tout hasard, Fandor traversa. Puis il avait la satisfaction, au bout de quelques instants, de revoir la silhouette 'el'egante et jolie de la jeune fille `a qui il livra une chasse effr'en'ee.
Brusquement, Denise disparut, ayant tourn'e `a droite, s’'etant enfonc'ee, semblait-il, dans l’'epaisseur d’un muretin surmont'e d’une haie touffue.
Et Fandor comprit qu’elle venait de p'en'etrer dans un jardin.
Il n’h'esita pas `a la suivre.
Fandor, d’ailleurs, reconnaissait les lieux. Il venait d’entrer derri`ere la fille de Fant^omas dans la villa de la demi-mondaine : Isabelle de Guerray.