Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— Eh bien ! articula-t-il, feignant l’indiff'erence, montons, messieurs !
M. Havard passait le premier, s’en allait au fond du couloir. Fant^omas gravissait ensuite les marches de l`a voiture et venait se placer dans une des petites cellules r'eserv'ees aux prisonniers qu’on transporte.
Juve montait ensuite, non sans avoir cri'e au cocher :
— `A la Sant'e !
Puis, c’'etait au tour du municipal de s’installer dans le vestibule, qui d'emarra lourdement…
Quarante minutes s’'etaient 'ecoul'ees, que la voiture cellulaire roulait toujours.
On 'etait horriblement secou'e, elle allait `a tr`es vive allure ; les chevaux, perp'etuellement stimul'es par le fouet du cocher, sans cesse galopaient…
Juve et Havard, qui se tenaient dans le couloir 'etroit du v'ehicule, `a deux ou trois reprises s’'etaient dit :
— Quel dr^ole de chemin prend cet homme ! comment se fait-il que nous ne soyons pas arriv'es, surtout du train dont nous marchons ?
`A vrai dire ce n’'etait pas l`a leur principale pr'eoccupation : ils s’inqui'etaient surtout de Fant^omas.
Il ne se passait pas de minute qu’ils ne jetassent un coup d’oeil sur leur prisonnier. Or, celui-ci ne bronchait pas, demeurait impassible dans se petite cellule.
`A un moment donn'e, la voiture s’arr^eta.
Mais la voix du cocher retentit. L’homme criait :
— Porte, s’il vous pla^it !
On attendit quelques secondes :
— Nous sommes arriv'es ! dit Juve en se penchant `a l’oreille de M. Havard.
La voiture cellulaire s’'ebranlait `a nouveau ; il y eut une violente secousse, faisant remarquer qu’on passait sur un caniveau… Puis, ayant franchi une vo^ute sonore, la voiture s’arr^eta dans une cour…
Le garde municipal ouvrait la porte, Juve descendit d’abord et s’arr^eta net, regardant autour de lui d’un air stup'efait !
— Ah c`a ! o`u donc ce cocher les avait-il men'es ?
D’ordinaire, les voitures s’arr^etaient dans la premi`ere cour de la Sant'e, juste en face la maison du greffe, pittoresque immeuble tout garni de lierre. Or voici que ce paysage, familier `a Juve, ne lui apparaissait point. Au m^eme instant, le policier poussait un hurlement !
Il se sentait saisi, appr'ehend'e par derri`ere, immobilis'e par de robustes liens, puis renvers'e sur le sol !
— Ah ! nom de Dieu ! jura Juve.
Au m^eme instant, toutefois, le policier s’arr^etait de se d'emener, pour voir ce qui se passait…
Et ses yeux s’'ecarquill`erent au spectacle extraordinaire qui se d'eroulait devant eux.
Au moment o`u M. Havard descendait `a son tour de la voiture cellulaire, c’'etait le garde municipal lui-m^eme qui se pr'ecipitait sur lui et qui le ficelait !
Enfin, du v'ehicule sortait Fant^omas, non sans difficult'e, car le bandit avait encore aux mains les menottes et le cabriolet ! Mais quelqu’un s’approchait… lui enlevait ses cha^ines…
Et Juve reconnaissait l’individu `a la face farouche, aux 'epaules de taureau, qui venait de lib'erer Fant^omas !
— Le Bedeau ! pensa-t-il, c’est le Bedeau ! Ah c`a ! O`u sommes-nous donc ?…
Et, comme s’il avait devin'e la question que se posait le policier, Fant^omas s’approcha de Juve :
— J’ai l’honneur, dit-il en lui souriant d’un air f'eroce, de vous souhaiter la bienvenue, monsieur Juve !
« Contrairement `a ce que vous pensiez, vous n’avez pas conduit Fant^omas `a la prison de la Sant'e, dans l’omnibus de la pr'efecture ! C’est Fant^omas qui, dans sa propre voiture cellulaire qu’il a fait attendre `a la porte du domicile de M. Havard, vous a conduits ici tous les deux ! chez lui ! Messieurs, j’ai l’honneur de vous informer que vous ^etes d'esormais les h^otes, pardon… les prisonniers de Fant^omas !