Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— Je suis heureux, monsieur, fit-il, de me trouver en votre pr'esence !
— Tout le plaisir est pour moi ! fit aigrement Mix.
— Pas du tout, pr'ecisa Juve, je vous affirme qu’il est pour moi !
Les deux hommes se regardaient comme deux adversaires qui se cherchent. Ils voulaient respectivement lire leurs pens'ees dans leurs yeux et tous deux avaient 'evidemment l’habitude de dissimuler leurs sentiments, car ils restaient imp'en'etrables l’un pour l’autre.
Juve, cependant, reprenait la parole :
— Monsieur Mix, vous avez rendez-vous avec M. Havard, ce soir `a son domicile ?
— En effet !
Juve continuait :
— M. Havard m’a charg'e de l’excuser aupr`es de vous s’il est en retard de quelques instants, mais, vous savez, un chef de la S^uret'e ne fait pas du tout ce qu’il veut ! Vous ^etes au courant d’ailleurs des choses de la police 'etant vous-m^eme d'etective priv'e et, si je ne me trompe, sur le point de devenir mon coll`egue en qualit'e d’inspecteur de la S^uret'e ?
— En effet, monsieur ! articula Mix.
Juve se faisait de plus en plus aimable :
— Tous mes compliments ! dit-il.
Il d'esignait un si`ege `a son interlocuteur, mais, au moment o`u celui-ci allait s’asseoir, Juve, brusquement, se pr'ecipitait sur lui.
— Je suis un bien mauvais ma^itre de maison ! fit-il. Il est vrai que je le suis par int'erim ! En tout cas je m’excuse, M. Mix, de ne pas vous avoir invit'e `a ^oter votre pardessus ! Il fait une chaleur ici… M. le chef de la S^uret'e est d’un frileux… Permettez que je vous aide ?
Et, sans attendre de r'eponse, Juve obligeait pour ainsi dire le d'etective priv'e `a quitter son pardessus.
Certes, `a ce moment, si M. Havard regardait par le trou perc'e dans le mur, il voyait quelque chose de bien extraordinaire…
En m^eme temps que Juve, aimablement, posait le pardessus de M. Mix, il le d'epouillait du portefeuille que celui-ci avait dans la poche int'erieure de son veston !
Et cela 'etait fait, d’ailleurs, avec une rapidit'e telle, une habilet'e si grande, qu’il 'etait `a peu pr`es impossible de s’en apercevoir !
M. Mix n’avait rien remarqu'e, il s’asseyait dans un fauteuil ; Juve se mettait en face de lui.
Il y eut un l'eger silence, apr`es quoi le c'el`ebre inspecteur, consid'erant son interlocuteur, se mit `a bavarder.
— Quelle 'etrange affaire, n’est-ce pas, monsieur Mix, que celle du directeur de la Monnaie qui vient de s’achever par l’arrestation de M. L'eon Drapier ?
— En effet ! d'eclara Mix.
Juve poursuivit :
— Ce qui me para^it fort original dans cette aventure, c’est que ce soit un homme qui, comme vous, monsieur Mix, 'etait tout d’abord pr'eoccup'e de prouver l’innocence de L'eon Drapier, qui soit la cause, en somme, en d'efinitive, de l’arrestation de ce dernier !
— 'Evidemment ! reconnut Mix d’un air 'evasif. J’avais cru `a son innocence, mais M. le chef de la S^uret'e m’a d'emontr'e sa culpabilit'e et, comme je suis un honn^ete homme, que je cherche surtout le ch^atiment des coupables, je n’ai pas cru devoir m’opposer `a l’arrestation de M. L'eon Drapier, bien au contraire !
Juve fixait dans les yeux M. Mix.
— Croyez-vous cependant que L'eon Drapier soit r'eellement un voleur ? r'eellement un assassin ?
— Je le crois ! naturellement ! fit Mix interloqu'e.
— Eh bien, dit Juve en se levant, moi je ne partage pas votre opinion !
— Vraiment ! dit-il ; expliquez-vous…
— C’est ce que je vais faire ! poursuivit Juve, mais auparavant, monsieur Mix, acceptez une cigarette ; M. Havard, qui est fumeur, ne verra aucun inconv'enient `a ce que nous remplissions son cabinet de fum'ee en l’attendant !
Juve venait d’ouvrir son 'etui `a cigarettes, il le pr'esentait `a son interlocuteur ; mais, au moment o`u celui-ci, de sa main droite, puisait dans l’'etui, Juve, qui le pr'esentait `a plat sous le visage de Mix, comme pour masquer ses propres mains `a lui, effleurait la poche de Mix et en extrayait un browning qu’il mettait dans la sienne !
D'ecid'ement Juve 'etait pass'e ma^itre en l’art du vol `a la tire, car Mix, d'etective priv'e, policier de m'etier, du moins il le disait, ne s’apercevait absolument de rien.
Les cigarettes ayant 'et'e allum'ees, Juve reprit :
— Je commence par vous dire, monsieur Mix, que je ne crois pas `a la culpabilit'e de L'eon Drapier, pour cette bonne raison que cet homme riche et tranquille n’avait aucun motif pour commettre un assassinat et voler, ensuite, l’'etablissement dont il 'etait le directeur !
— Pardon, fit Mix, peut-^etre 'etait-il jaloux de ce Firmain qu’il croyait ^etre l’amant de sa ma^itresse ?
— Non ! fit Juve, il ne le connaissait pas et il ignorait, au moment du crime, que Firmain conn^ut Paulette de Valmondois !
Mix insistait :
— M. L'eon Drapier, cependant, 'etait chez lui `a l’heure du crime, et il a d'eclar'e n’avoir rien entendu de ce qui s’est pass'e ! Ce qui para^it bien 'etrange.
— M. Drapier n’'etait pas chez lui ! r'etorqua Juve, il 'etait chez sa ma^itresse, cette nuit-l`a, tout enti`ere !
— C’est `a prouver ! gronda Mix.
— C’est tout prouv'e, d'eclara Juve, il a 'et'e vu par la concierge de la rue Blanche `a l’heure pr'ecise o`u X… assassinait Firmain !
M. Mix tourna la t^ete, puis il articula :
— Vous parlez de la rue Blanche… Paulette de Valmondois y a recu un coup de revolver… Qui donc a tir'e avec ce revolver si ce n’est L'eon Drapier ?
— Oh ! c’est bien simple, r'etorqua Juve, ce n’est pas L'eon Drapier, c’est X…