Том 11. Былое и думы. Часть 6-8
Шрифт:
– С охотой, – говорит министр.
– С охотой, – говорит совесть.
Они пошли – а мотылек вспорхнул да и был таков.
Пришли в полицию.
– Вот, – говорит министр, – этот человек…
– Вот, – говорит человек, – этот министр так и так-то, в ночное время в уголку нашептывал нехорошие вещи хорошенькой девочке… Я его хотел усовестить – он рассердился, позвал полицейского… and here we are [720] .
Кто обвинитель, кто обвиняемый – все перепуталось. Судья, видя, что уголовщины никакой нет, а время позднее, записал адреса обоих и велел явиться завтра в 11 часов обоим в суд. А потом лег спать.
720
и вот мы здесь (англ.). – Ред.
В 11
…Представьте себе у нас – не настоящего министра или Адлерберга, а так, какого-нибудь Вронченку тогда или Буткова теперь, и его бы позвали в частный дом за какой-нибудь t^ete-`a-t^ete на углу Невского и Итальянской улицы… Святых пришлось бы вон нести.
Рассказал Гладстон свое…
И человек свое…
Судья обратился к министру с величайшей учтивостью, сказал, что он не сомневается, что вещи, которые он говорил прелестной незнакомке, были назидательны (как он сам намекнул), но что он обсудить дело в порядке не может – по той простой причине, что единственная особа, которая может решить противуречащие показания, – это сама незнакомка. Что если министр может ее представить, то все пойдет как по маслу.
Часть седьмая
За кулисами (1863–1864)*
Мы остались одни – без веры прислушиваясь к дальним раскатам выстрелов, к дальнему стону раненых. В первых числах апреля пришла весть о том, что Потебня убит в сражении у Песковой горы. В мае был расстрелян Подлевский в Плоцке. А там и пошло и пошло.
Трудное, невыносимо трудное время!
И ко всему печальному, быть невольным зрителем людской тупости, бестолковости проклятого очертя голову, губящих все силы около себя.
Часть восьмая
Moeurs Russes
Les fleurs doubles et les fleurs de Minerve*
Tout ce qui se produsait en Occident se reprodusait chez nous, dans notre Occident oriental, dans notre Europe russe, et cela en r'eduction quantitative et exag'eration qualitative. Nous avons eu des j'esuites byzantinis'es, des bourgeois princes, des fouri'eristes grands seigneurs, des d'emocrates de chancellerie, des r'epublicains de corps de garde. Nous ne pouvions donc, raisonnablement, manquer d’un demi-monde. – Eh bien! si restreint qu’il f^ut, je hasarderais de dire que c’'etait un monde et demi.
C’est que nos traviates,nos cam'elias – l’'etaient par choix, elles 'etaient honoraires ou, si l’on veut, dilettantes. Elles naissaient sur un autre sol que leur prototype et fleurissaient dans un autre milieu. Il ne fallait pas les chercher dans les marais et les plaines, mais aux sommets, quelquefois un peu plus haut. Elles ne s’'elevaient pas au soleil comme un brouillard des champs, elles tombaient du ciel comme la ros'ee. – Une princesse traviate, une cam'elia, h'eriti`ere de propri'et'es immenses `a Tambov ou `a Voron`eje, est un ph'enom`ene exclusivement russe, national – et j’en suis tout fier.
Entendons-nous: j’ai dit national, mais il y a deux nationalit'es chez nous. La Russie non europ'eenne n’y entre pour rien.
Les bonnes moeurs des paysans 'etaient en partie sauvegard'ees par le servage. L’amour 'etait triste dans l'izba. – Toujours sous la menace d’une s'eparation forc'ee par ordre du seigneur – il s’envisageait comme un vol. Le village fournissait la maison seigneuriale de bois, de foin, de moutons et de ses propres filles. C’'etait bien loin de toute d'epravation, c’'etait un genre de devoir sacr'e qu’on ne pouvait refuser sans enfreindre les lois de la moralit'e et de la justice et sans provoquer les verges du seigneur et le knout de Sa Majest'e.
Ce temps est pass'e. Je connais peu les moeurs d’aujourd’hui, et je reste tout aristocratiquement dans les parages sup'erieurs.
La minort'e des dames papillonnac'ees imita admirablement les lorettes parisiennes; il faut leur rendre cette justice: elles s’assimilaient leurs mani`eres, leurs gestes, tout leur habitus enfin, avec un art, une intelligence superbes. Il ne leur manquait qu’une chose pour ^etre accomplies, et cette chose n’y 'etant pas, l’illusion 'etait troubl'ee – il ne leur manquait que d'^etre lorettes et elles ne l’'etaient pas. C’est toujours Pierre Ier, sciant, rabotant, clouant `a Saardam, convaincu qu’il faisait r'eellement quelque chose. Nos grandes dames jouaient au m'etier,comme leurs maris se fatiguaient en faisant le tourneur.
Ce caract`ere de superflu, de luxe, de fleurs doubles,change de fond en comble l’affaire. D’un c^ot'e on admire un d'ecor magnifique – de l’autre on sent une n'ecessit'e implacable. De l`a une diff'erence tranchante. On plaint tr`es souvent la bona fide traviata,et presque jamais la dame aux perles, ayant des terres peupl'ees par des paysans, temporairement oblig'es maintenant, pill'es `a perp'etuit'e dans le beau temps du servage. Ayant des sommes folles `a d'epenser, on peut beaucoup… Faire la lionne excentrique aux eaux d’Allemagne, s’'etendre avec une gr^ace voluptueuse dans sa cal`eche, faire un grand bruit et de petits scandales, faire baisser les yeux aux hommes par des propos 'erotiques, fumer des cigares de Havane le soir, prendre du champagne le matin, mettre des rouleaux d’or et des brochures de billets de banque sur le noir et le rouge, changer chaque quinzaine d’amant et faire avec l’ami de service des parties fines, aller entendre des
Ordinairement une jeune fille pauvre, sans conseil ni protection, va sans savoir o`u elle va et tombe dans un guet-apens. Froiss'ee, offens'ee, macul'ee, abandonn'ee avec la rage ou l’amour rentr'e, elle cherche `a s’'etourdir et `a se venger, elle cherche le luxe pour couvrir les taches, elle cherche le bruit pour ne pas entendre une voix int'erieure. Pour avoir de l’argent, il n’y a qu’un seul moyen – elle le prend – et s’'elance dans une concurrence ardente. Les victoires la g^atent (celles qui n’ont pas vaincu, nous ne les connaissons pas – elles succombent, disparaissent sans traces), elles gardent le souvenir de leur Marengo, de leur pont d’Arcole; impossible de s’arr^eter. La courtisane s’est cr'e'e elle-m^eme sa position. Elle a commenc'e `a n’avoir que son corps, elle finit par les ^ames des richards attach'es `a elle et qu’elle ruine. La traviata-princesse arrive au monde avec milliers d’^ames de pauvres paysans attach`es `a ses terres, les ruine aussi et finit tr`es souvent par n’avoir que son corps.
Il n’y a pas de contraste plus fort.
La lorette, soupant dans un cabinet de la Maison d'Or, r^eve `a son salon futur. La traviata, grande dame chez nous, faisant les honneurs de son salon, r^eve `a l’estaminet.
Il serait bien int'eressant de savoir d’o`u est venue dans le coeur des dames riches, haut plac'ees, cette soif de ribote, d’esclandre, ce d'esir de faire parade de leur 'emancipation, de narguer l’opinion, de jeter tout voile, tout masque; par quel escalier le demi-monde est mont'e au grand, en y introduisant platoniquement ses moeurs. Les premiers sympt^omes de cet envahissement du salon par le «cam'elisme» ne date presque pas au del`a de 1840. Mais le revirement 'etait si subit qu’il se faisait encore du vivant des m`eres et des grand’m`eres – de nos h'ero"ines – qui passaient leur existence muette dans la soumission patriarcale; qui, prudes et candides jusqu’`a cinquante ans, se contentaient, et cela rarement, dans le silence le plus profond, d’un petit parasite ou d’un grand laquais.