L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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`A ce moment pr'ecis, un officier venait de frapper `a la porte de la cabine o`u le bandit et sa fille s’entretenaient :
— Mon commandant.
— Quoi donc ?
— Une chaloupe par notre travers. C’est l’officier de quart qui l’a signal'ee. Il y a deux hommes qui se noient `a son bord. Nous manoeuvrons pour les recueillir.
— Alors ? Que fait-on ? Quels ordres ont 'et'e donn'es par l’officier de quart ?
— Mon commandant, les machines battent pleine vapeur arri`ere. La barre est sous le vent ; le Skobeleff va recueillir ces deux hommes…
Fant^omas, brusquement, avait tressailli.
Il semblait toutefois faire un violent effort sur lui-m^eme pour r'epondre :
— C’est bien, c’est tr`es bien. Veuillez dire `a l’officier de quart que ces deux hommes une fois `a bord, il importe que nous reprenions notre marche. J’entends, cette nuit m^eme, doubler la pointe Saint-Mathieu.
Fant^omas sortit de sa cabine. Le bandit suivit la coursive menant `a l’escalier qui communiquait avec le pont. Il fut rapidement au bastingage du navire :
— Une lorgnette.
— Mon commandant, demanda l’officier de quart, j’imagine que nous avons un fond suffisant ?
Fant^omas n’avait pas daign'e r'epondre.
Le bandit 'etait soudain devenu fort p^ale.
`A peine avait-il coll'e ses yeux aux oculaires de la jumelle marine qu’on lui avait si obligeamment pr^et'ee, qu’il avait mal retenu un juron 'etouff'e.
Les deux hommes que le Skobeleff allait sauver, Fant^omas venait de les reconna^itre, en effet, avec une indicible angoisse :
C’'etaient Juve et Fandor.
4 – LES NAUFRAG'ES
— Ah, les bandits. Est-il possible de mettre dans un 'etat pareil un citoyen de la libre Angleterre ? V'eritablement, ces cambrioleurs francais manquent du savoir-vivre le plus 'el'ementaire.
Ellis Marshall, les menottes aux poings, se tortillait comme un ver, s’efforcait de gagner le bas-c^ot'e de la route. Il n’en revenait pas.
Les deux inconnus surgis tout `a coup, la voiture vol'ee, Sonia Danidoff tirant des coups de revolver sur les agresseurs. En vain d’ailleurs.
Et impossible de d'efaire ces menottes :
— Heureusement que ces monstres m’ont laiss'e le sac d’outils de mon automobile. Peut-^etre va-t-on pouvoir trouver l`a-dedans de quoi me d'elivrer.
`A ce moment m^eme, la princesse Sonia Danidoff se rapprochait de son infortun'e compagnon :
— Eh bien, mon pauvre ami, vous n’^etes donc pas arriv'e `a vous d'ebarrasser de vos liens ?
— Malheureusement non, princesse, r'epliqua Ellis Marshall, mais si vous voulez bien me venir en aide, je sais comment il faut faire.
— Bien volontiers.
— Puisque vous y consentez, prenez donc dans la pochette gauche de la musette, l`a tout `a c^ot'e de la chignole, un peu sous les m`eches, il y a une solide cisaille.
— Pardon, pardon, interrompit Sonia Danidoff, mais je ne comprends absolument rien `a ce que vous me dites, mon cher ami. Ce sont 'evidemment les noms techniques des outils que vous m’'enum'erez, et je vous f'elicite de les savoir. J’aimerais mieux cependant que vous les d'esigniez par des appellations plus simples.
Pleine de bonne volont'e, cependant, la princesse fouilla le contenu du sac.
— C’est d'ego^utant, fit-elle, on se salit les doigts.
— Excusez-moi, repartit Ellis Marshall, je ne pouvais pas me douter que vos jolies mains viendraient un jour tremper leurs ongles roses dans cet horrible cambouis, mais, je vous en prie, prenez la cisaille avec laquelle on pourra peut-^etre couper la cha^inette d’acier qui me lie les mains.
Cependant que Sonia Danidoff plongeait courageusement ses mains jusqu’au poignet dans le sac satur'e d’huile et de graisse, un homme silencieux, immobile, s’'etait plant'e devant eux et les regardait faire avec un ahurissement certain.
C’'etait Yvonnick, qui n’avait rien compris aux 'ev'enements. Comme il ne voyait pas revenir ses clients, il s’'etait d'ecid'e `a avancer de vingt-cinq m`etres pour les retrouver.
Or, au lieu de rencontrer les deux hommes mont'es dans sa voiture `a la gare de Quimper, il se trouvait en pr'esence d’une 'el'egante, aux mains noires de cambouis, et d’un Anglais poings li'es derri`ere le dos.
Suivit un dialogue obscur.
La princesse Sonia Danidoff, qui malgr'e la p'enible situation dans laquelle elle se trouvait, r'eprimait difficilement une violente envie de rire, avait d’ailleurs trouv'e la cisaille et, tr`es complaisamment, Yvonnick avait consenti `a d'ebarrasser de ses liens le malheureux Anglais, qui certes 'etait `a cent lieues de se douter de la nature et de la situation sociale des individus qui l’avaient ainsi ligot'e.
Une fois libre, Ellis Marshall mit encore une bonne heure pour faire comprendre `a Yvonnick qu’il comptait sur lui pour le reconduire `a Quimper, o`u il aviserait.
On convint d’un prix, puis Sonia Danidoff et son compagnon grimp`erent dans la tapissi`ere abandonn'ee avec tant de d'esinvolture par Juve et Fandor `a quelques kilom`etres de Quimper. On tourna bride et l’'equipage retourna `a la ville.
L’Anglais et la princesse prirent le train pour Brest.
Mais pourquoi avaient-ils chang'e de destination ?
Ellis Marshall et Sonia Danidoff, qui perp'etuellement se trouvaient ensemble dans diverses circonstances de la vie, n’'etaient pas dupes du r^ole qu’ils jouaient respectivement.
Certes Ellis Marshall 'etait, vis-`a-vis de Sonia Danidoff, un amoureux sinc`ere et convaincu, et peut-^etre la jolie princesse russe n’'etait-elle pas indiff'erente aux hommages du riche baronnet.
Mais l’un et l’autre avaient, en se rapprochant constamment, un autre but que l’amour. L’Anglais et la princesse russe avaient raisonn'e ainsi :