L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Brusquement, le prince Nikita reculait.
Quelque chose brilla dans sa main qu’il approchait de sa tempe.
Une d'etonation s`eche retentit.
Le lieutenant prince Nikita 'etait mort.
Il venait de se faire sauter la cervelle.
Or, la d'etonation r'esonnait encore dans l’usine. L’Empereur, livide, n’avait pas encore eu le temps de se pencher sur le corps de celui qui venait de mourir « pour ne plus savoir », pour remplir son devoir, qu’un brouhaha formidable 'eclatait dans le corridor voisin de la pi`ece o`u se tenait le tsar.
31 – LA LOI QUI SAUVE
— Vous, foutez-moi le camp.
— Mais enfin, monsieur Juve. Vous ne vous rendez pas compte de la gravit'e.
— Foutez-moi le camp. Comprenez-vous ? Non, tant pis.
— Mais je vous dis encore une fois, monsieur Juve.
Juve, d’un mouvement rageur, appela trois hommes qui, derri`ere lui, se tenaient immobiles, semblant attendre ses paroles.
— Puisqu’il ne veut pas s’en aller, prenez-le par les 'epaules et jetez-le dehors. Ah, nom de Dieu, nous avons autre chose `a faire en ce moment qu’`a 'ecouter ses dol'eances.
Les trois hommes, d’un seul mouvement, se pr'ecipit`erent sur l’interlocuteur que Juve venait de d'esigner `a leur d'evouement.
— Embarquez-le, ordonna Juve, `a la porte.
Il s’agissait de M. Rosenbaum a^in'e, et c’'etait de chez lui qu’avec un beau sang-froid Juve faisait chasser l’industriel.
Mais pourquoi Juve 'etait-il si en col`ere ?
Que faisait le policier, `a genoux, dans la cour de la cristallerie, et `a ce point nerveux, qu’indiff'erent `a tout protocole, oubliant m^eme qu’il se rendait coupable d’un v'eritable abus de pouvoir, d’une violation de domicile, il ordonnait en effet de chasser M. Rosenbaum ?
Juve ne semblait nullement pr^et `a se calmer.
Toujours `a genoux, et tandis qu’on expulsait M. Rosenbaum a^in'e, Juve criait :
— Ah ! nom de Dieu, mais on ne trouvera donc pas une lanterne ? une bougie ? les minutes pressent, les secondes.
Pr`es de lui, silencieux, effar'es par son courroux, abrutis par sa vivacit'e, deux hommes qu’on distinguait mal dans l’ombre levaient les bras en signe de d'esespoir.
— On en cherche partout, on va vous apporter de la lumi`ere tout de suite.
— Ca ne sera pas malheureux.
Du bout de la cour, en effet, un homme surgit qui s’avancait en courant aussi vite qu’il le pouvait, tenant un falot `a la main, se pr'ecipitant vers Juve et suivi `a distance par d’autres hommes qui couraient aussi.
— Voil`a de la lumi`ere, annonca le personnage qui rejoignit Juve.
Le policier arracha presque le falot.
— Nom d’un chien, jura-t-il encore, je n’arrive pas `a m’'eclairer. Et puis, quel dr^ole de syst`eme.
— Juve, passez-moi la lanterne ?
— Oui, c’est cela, prenez-la, monsieur Havard, et, je vous en prie, haussez un peu la flamme.
M. Havard, car c’'etait M. Havard en personne qui, d'edaigneux de toute hi'erarchie, et aussi affol'e que Juve en apparence, venait d’apporter un falot au policier, haussa la flamme de la lampe. Juve enfin vit `a peu pr`es clair.
— Eh bien ? interrogea M. Havard. Lisez-vous les chiffres ?
Juve, dans l’aur'eole de lumi`ere que dessinait le falot tenu par le chef de la S^uret'e, apparaissait pench'e sur la barre gradu'ee d’une large bascule.
— Oui, enfin, je crois que je vois.
Et puis brusquement, Juve se rejeta en arri`ere, saisi d’une 'emotion folle.
Il sauta presque au cou de M. Havard, il lui 'etreignit les mains `a les broyer :
— Quatre-vingt-huit kilos, hurla Juve. Je vous le disais bien. Quatre-vingt-huit kilos. C’est sans r'eplique.
M. Havard r'epondit d’une voix blanche, d’une voix qui disait combien il 'etait frapp'e par les paroles de Juve :
— Quatre-vingt-huit kilos ? Vous ^etes s^ur de ne pas vous tromper, Juve ?
— Absolument certain.
— Alors, c’est d'efinitif, en effet.
— Oui monsieur Havard, oui, c’est absolu. Quatre-vingt-huit kilos. Bon Dieu, que je suis content. Quatre-vingt-huit kilos. Alors qu’il devrait en peser tout au plus soixante-cinq. Soixante-six `a la rigueur.
— Mais ces chiffres-l`a, Juve, o`u les avez-vous d'enich'es ?
— Je les ai trouv'es dans un de mes dossiers, ce matin, je vous l’ai dit. Quatre-vingt-huit kilos. Monsieur Havard nous n’avons plus une minute `a perdre.
M. Havard, comme hypnotis'e lui aussi, b'egayait `a son tour :
— Quatre-vingt-huit kilos, en effet. L’'ecart est trop grand pour qu’il ne soit pas significatif. Juve, c’est peut-^etre la plus belle enqu^ete que vous ayez jamais faite, que vous terminez ici, par ce coup d’'eclat. Quatre-vingt-huit kilos.
Juve, qui lorsqu’on le complimentait commencait `a trouver que l’on perdait son temps, coupa la parole `a M. Havard :
— Agissons, dit-il.
— Oui, agissons, dit M. Havard.
***
Pourquoi Juve 'etait-il, en compagnie du chef de la S^uret'e, dans la cour de l’usine des fr`eres Rosenbaum ?
Pourquoi se penchait-il sur une bascule ? Que signifiait ce poids de
Juve, quelques heures avant, `a Paris, s’'etait fait conduire aupr`es du chef de la S^uret'e.
— Monsieur Havard, avait d'eclar'e le policier qui savait que son chef ne s’'etonnerait pas des plus extraordinaires propositions d`es lors qu’elles 'etaient faites dans l’int'er^et du « service ». Monsieur Havard, je viens vous chercher, j’ai un taxi-auto en bas. Prenez votre chapeau et filons.