La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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« Je suppose, poursuivait Fandor, qui pour pr'eciser sa pens'ee s’exprimait `a haute voix, je suppose que quelqu’un, Hans Elders, par exemple, a l’id'ee de faire croire `a un gisement de diamants… Il y fait apporter par ses complices des diamants vol'es, il les jette dans la terre et les fait d'ecouvrir par des ouvriers… Il en envoie `a l’usine o`u ils sont taill'es… D`es lors ces diamants vol'es ont une histoire in'edite, une nouvelle virginit'e, et rien n’est plus simple que de les remettre dans le commerce comme s’ils sortaient r'eellement de la chercherie et de la taillerie install'ees `a Durban.
Fandor se frotta les mains, heureux de sa d'ecouverte.
D'ecid'ement sa visite `a Diamond City n’avait pas 'et'e inutile. Soudain la lumi`ere s’'etait faite dans son esprit et il comprenait l’organisation formidable de ce grand bandit qu’'etait Hans Elders.
De l`a `a croire que le personnage 'etait `a la t^ete d’une bande dont probablement le plus bel ornement n’'etait autre que le courtier Ribonard, qui pr'esentait une singuli`ere ressemblance avec un certain Riboneau, jadis condamn'e aux travaux forc'es par la Cour de Versailles, il n’y avait qu’un pas.
Fandor tressaillit.
Une conception aussi machiav'elique 'etait assur'ement digne de Fant^omas.
Hans Elders 'etait-il donc Fant^omas ?
Non… Mais Hans Elders pouvait ^etre un complice de l’insaisissable bandit.
Celui-ci, lors de son apparition en France, n’avait-il pas avou'e qu’il arrivait du Transvaal ? Le Transvaal n’'etait-il pas limitrophe de la colonie du Natal ?…
Et puis, Fant^omas n’avait-il pas exp'edi'e Fandor, quelques semaines auparavant de Londres dans l’Afrique du Sud o`u sans doute il avait myst'erieusement accompagn'e le journaliste ?
Et que fallait-il penser de la myst'erieuse histoire de la t^ete de mort dont la possession constituait assur'ement un avantage et qui, en outre, contenait un secret que Hans Elders semblait avoir le plus vif int'er^et `a disputer au jeune Teddy ?
Fandor n’eut pas le temps d’envisager longuement cette derni`ere hypoth`ese.
Il entendait du bruit, et pour n’^etre point surpris au milieu de cet atelier dans lequel il n’aurait pas su justifier sa pr'esence, il fallait se dissimuler.
Fandor avait reconnu la voix de Hans Elders. Celui-ci passait dans une courette voisine de l’atelier et simplement s'epar'ee par une cloison en vitres d'epolies, dont les carreaux sup'erieurs 'etaient ouverts pour l’a'eration, ce qui permettait d’entendre ce qu’il disait.
— Bien, se dit Fandor, Hans Elders tombe `a pic et puisque l’occasion s’en pr'esente, je ne serais pas f^ach'e d’avoir un entretien avec ce particulier-l`a.
Le journaliste plein d’audace et de courage allait sortir de l’atelier, mais il s’arr^eta soudain et p^alit :
— Oui, disait Hans Elders, oui, policemen, je suis s^ur que notre homme s’est cach'e quelque part dans les ateliers. Vous l’avez vu comme moi p'en'etrer dans la chercherie.chercherie. Que venait-il y faire ?
— Sans doute, r'epliquait une grosse voix inconnue de Fandor et dont la rude sonorit'e s’att'enuait dans des inflexions respectueuses, sans doute vous voler des diamants, monsieur le directeur ?…
— Sans aucun doute, assurait Hans Elders. Mais J'er^ome Fandor cherche aussi `a se d'erober aux autorit'es. Il n’ignore pas la grave inculpation qui p`ese sur sa t^ete.
— Bien, pensa Fandor, de quoi diable suis-je encore inculp'e ? Je n’ai v'eritablement pas de chance, depuis que je suis tomb'e dans ce sacr'e pays, moiti'e gratte-ciel moiti'e paillote.
— Mais de quoi suis-je accus'e maintenant ?
Il allait ^etre renseign'e.
— Ce J'er^ome Fandor, poursuivait Elders, qui se dit journaliste parisien, est sans doute un voleur, mais `a coup s^ur un forcen'e. C’est lui, messieurs les policemen, qui 'etait le plus acharn'e `a poursuivre le malheureux Jupiter. Je sais bien que la mort d’un noir est beaucoup moins importante que celle d’un blanc, mais Jupiter n’'etait pas un noir ordinaire, et le sang que l’on a fait couler l’autre soir, au th'e^atre avec une telle sauvagerie, crie vengeance… Vous savez d’ailleurs, messieurs, les ordres donn'es par le gouverneur, il faut `a tout prix vous emparer de ce Fandor…
Fandor tressaillit en entendant le claquement sec des revolvers qu’on armait :
— Cela va de mieux en mieux, pensa-t-il… va falloir s’arranger pour d'eguerpir avant d’^etre apercu de ces gaillards-l`a. La justice au Natal me fait l’effet d’^etre terriblement exp'editive, et mieux vaut 'eviter une rencontre que d’avoir `a s’expliquer avec les revolvers de ces messieurs les agents.
Le journaliste scrutait des yeux la pi`ece dans laquelle il se trouvait. Celle-ci paraissait n’avoir qu’une seule issue et Fandor ne pouvait songer `a en profiter, car c’'etait vers cette porte que se dirigeait le petit groupe d’agents pilot'e dans l’usine par le redoutable Hans Elders.
Fandor instinctivement recula `a l’autre bout de l’atelier. Il apercut une poign'ee. Le journaliste poussa un soupir de soulagement.
— Tant mieux, s’'ecria-t-il, voil`a une issue.
Il appuya sur cette poign'ee, mais, soudain, il entendit un violent cr'epitement. C’'etait simplement, non pas un bouton de porte, mais un commutateur 'electrique qui venait d’allumer les lampes `a arc.
Celles-ci, malgr'e le grand jour, scintillaient 'eblouissantes, et assur'ement leur allumage ne passait pas inapercu, car de l’ext'erieur, Fandor entendit des exclamations 'etonn'ees 'emanant des l`evres de ceux qui le poursuivaient.
Il aurait voulu signaler sa pr'esence, la crier sur les toits, qu’il n’aurait pas proc'ed'e autrement.
— Sacr'e nom de Dieu, jura Fandor, me voil`a frais… dans quelques secondes, ces sauvages vont ^etre sur mon dos et c’est bien le diable s’ils ne me d'emolissent pas au premier geste.
Instinctivement Fandor 'eteignait les lampes, mais au mouvement qu’il faisait pour y parvenir la manche de son veston d'eclenchait un autre commutateur, et soudain un ronflement formidable assourdit l’usine.