La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Que voulaient-ils ? Piller l’'epave ? Mais ils 'etaient donc fous, les gens qui osaient s’approcher d’un tel foyer de contagion et qui, pour ramasser quelques morceaux de bois br^ul'e allaient affronter la peste.
L’explication vint bient^ot d’elle-m^eme, pr'ecise et terrible.
Sur la c^ote une lueur brillait.
— Le canon, s’'ecria le mousse.
Presque aussit^ot, dans un grand sifflement, un boulet passa sur le pont du navire. On entendit une d'etonation forte comme un coup de tonnerre qui se r'epercuta sur toutes les falaises de la c^ote.
Lorsque l’inconnu voulut se tourner vers son jeune compagnon pour lui r'epondre, celui-ci avait disparu. Le boulet l’avait atteint en pleine poitrine et jet'e en arri`ere dans la mer.
D'esormais les boulets se succ'edaient rapidement.
Le second enleva une chemin'ee, le troisi`eme entra dans la coque au-dessous de la ligne de flottaison et fut suivi d’un quatri`eme.
Le British Queencommenca `a couler…
Impassible, les bras crois'es, faisant face `a la c^ote, semblant braver la mort, sans se soucier de l’eau qui entrait `a flots dans les flancs du navire, Fant^omas, car l’inconnu, le passager au s'erum, c’'etait lui, regardait pleuvoir les projectiles incandescents.
23 – UNE T^ETE DE MORT QUI N’EST PAS
Le docteur Hardrock venait de prendre cong'e de celui qu’il consid'erait toujours comme un confr`ere.
— Je suis d'esol'e, avait affirm'e l’excellent homme, de vous avoir si mal recu, mon cher coll`egue, j’aurais 'et'e heureux, infiniment heureux, tout au contraire, d’avoir mon temps libre, et de pouvoir longuement m’entretenir avec vous et sp'ecialement de pouvoir vous questionner sur vos travaux relatifs `a la peste. Vous savez, h'elas, tout comme moi, qu’en notre profession, plus qu’en aucune autre, l’homme propose et les 'ev'enements disposent. Nous ne pouvions certes pas abandonner ce malheureux officier, et nos soins.
— Dites : vos soins, reprit Juve ; car pour moi, mon cher confr`ere, je n’ai absolument fait qu’assister au miraculeux sauvetage que vous venez d’op'erer. Car enfin cet officier est hors de danger maintenant ?…
— Oui, je le crois. L’effet 'energique du contrepoison administr'e ach`evera de le tirer d’affaire. Et puisque nous avons pu 'eviter l’arr^et du coeur, qui 'etait imminent…
Juve, qui se souciait de moins en moins d’entamer avec le docteur Hardrock une discussion scientifique o`u certainement, pensait-il, il aurait trahi son imposture, se h^atait d’interrompre son interlocuteur :
— Docteur, fit-il, en tout cas, il me reste `a vous remercier, moi, de l’accueil charmant que vous m’avez r'eserv'e, et je vous serais particuli`erement oblig'e d’^etre mon interpr`ete aupr`es de vos internes qui, `a votre imitation…
— Mais du tout, du tout.
C’'etait `a n’en plus finir, entre Juve et le docteur Hardrock, une s'erie de salutations, de congratulations, de promesses de se revoir, puis, enfin, Juve trouvait moyen de quitter son h^ote, r'ep'etant une derni`ere fois le pr'etexte qu’il avait choisi pour s’'eclipser rapidement.
— Excusez-moi, il faut bien que maintenant j’aille rendre compte de ma mission aux autorit'es.
La grande grille de l’h^opital referm'ee, Juve, fort loin de se rendre, ainsi qu’il l’avait dit, aupr`es des autorit'es, se h^ata de traverser les rues encombr'ees de la ville pour gagner au plus vite la campagne avoisinant Durban.
Le policier marchait `a grands pas, t^ete basse et l’air tr`es sombre, pr'eoccup'e au dernier chef, inquiet.
Juve se laissa lourdement tomber sur un talus gazonn'e, d`es qu’il fut sorti de Durban, d`es qu’il eut d'ecouvert, au long d’une route, une sorte de champ o`u poussaient de grandes herbes et o`u il avait toute chance de pouvoir demeurer tranquillement `a r^ever.
— Parbleu, songea Juve, parbleu voici que l’aventure se corse tout `a fait et devient extraordinaire, invraisemblable. Qu’est-ce que tout cela veut dire ? O`u allons-nous ? Que va-t-il arriver ?
Juve, pourtant, avait de temps `a autre un bon sourire qui 'egayait toute sa physionomie, qui suffisait `a prouver qu’apr`es tout, s’il 'etait encore tourment'e de la marche des 'ev'enements, il n’en 'etait pas moins d'elivr'e de sa plus terrible inqui'etude.
Ah ! c’est qu’en causant avec Winie, en l’interrogeant au sujet de l’extraordinaire indisposition de son amant, le lieutenant Wilson Drag, Juve avait appris une nouvelle qui l’avait combl'e de joie.
Au hasard d’une phrase, incidemment, Winie lui avait parl'e de Fandor.
Fandor 'etait vivant. Fandor 'etait aux environs.
Fandor 'etait m^el'e `a l’extraordinaire aventure qui venait de se terminer par cette p'erip'etie troublante et dramatique, l’empoisonnement du lieutenant Wilson Drag par la morsure du cr^ane myst'erieux.
Juve, avant tout, et cela ne faisait pas question pour lui, voulait retrouver Fandor.
Mais, quand il aurait enfin retrouv'e le journaliste, il conviendrait une bonne fois pour toute d’en finir avec Fant^omas.
Sa situation personnelle vis-`a-vis de Fant^omas 'etait nette, facile `a d'efinir.
Juve n’avait rien promis pour l’avenir. Il avait accept'e de croire `a la mort de Fant^omas, accept'e de laisser enterrer Fant^omas, et pour prix de son acceptation, Fandor devait lui ^etre rendu… Tel 'etait le pacte.
Juve avait tenu ses engagements. Si Fant^omas quelque jour faisait que Juve p^ut retrouver Fandor, Juve n’aurait aucune obligation nouvelle vis-`a-vis du bandit. Les deux hommes auraient alors respect'e leurs promesses. Juve et Fant^omas seraient quittes.
Et petit `a petit, le policier en arrivait `a cette conclusion :
— Fant^omas estime peut-^etre qu’en m’amenant au Natal, il a fait assez pour que je retrouve Fandor, et que d`es maintenant nous sommes quittes ?
Ce n’'etait `a coup s^ur pas sans raison grave que Fant^omas avait envoy'e Fandor au Natal…
Un motif puissant avait d^u imp'erieusement lui dicter ce choix.
Mais quel 'etait ce motif ? quel pouvait-il ^etre ?
***
— Alors, mon vieux Ribonnard, tu n’as pas fait fortune ?