La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Hans Elders, devant la col`ere du ma^itre, devant la col`ere de Fant^omas, 'etait hors de lui, hagard, affol'e.
Il pr'esentait le spectacle lamentable d’un homme qui se sent perdu, qui sue la peur.
Il savait que Fant^omas ne faisait pas gr^ace.
Hans Elders, pourtant, si l^ache qu’il 'etait, 'etait plus encore avide d’or.
Au moment m^eme o`u il s’agissait d’obtenir son pardon de Fant^omas, il voulut encore mentir :
— Je n’ai pas vol'e le coffret, affirma-t-il.
Mais il se tut.
Un tel 'eclair de col`ere avait brill'e dans les yeux de Fant^omas que d'ej`a, il n’osait plus soutenir le mensonge qu’il venait d’inventer.
Et Hans Elders fut l^ache jusqu’au bout…
Il se releva du fauteuil o`u il s’'etait 'ecroul'e…
Il se jeta `a genoux sur le sol.
Et se tra^inant vers Fant^omas, il r^ala :
— Ma^itre, piti'e, je te croyais mort. C’est pour cela…
Fant^omas l’interrompit d’un mot :
— Si j’'etais mort, dit-il, ma fille 'etait encore vivante, n’est-il pas vrai ? En volant le coffret tu voulais voler sa fortune, c’'etait elle que tu cherchais `a d'epouiller ?
Oh ! ces paroles que Fant^omas prononcait furent pour Hans Elders un trait de lumi`ere.
Fant^omas disait :
Affol'e et conservant encore une vague esp'erance de se sauver, Hans Elders affirma solennellement :
— Tu te trompes, Fant^omas, et je fr'emis moi-m^eme en songeant `a l’horrible nouvelle que tu vas apprendre, puisque tu sembles l’ignorer…
Fant^omas avait bl^emi :
— Ma fille ?
— Ta fille est morte.
Et comme Fant^omas ne tressaillait m^eme point, Hans, jouant le tout pour le tout, se h^atait d’ajouter :
— Ta fille est morte, Fant^omas, je te croyais mort, toi aussi. C’est pour cela que j’avais vol'e ce coffret, c’est pour cela que je voulais m’approprier les parchemins qui faisaient ta fille riche, mais, puisque te revoil`a, la situation change, et je n’ai plus de raisons d’agir ainsi.
Et, tout en parlant, Hans Elders surveillait l’effet de ses d'eclarations sur le visage de Fant^omas.
Fant^omas 'etait impassible.
Croyait-il r'eellement que sa fille 'etait morte, ou ne le croyait-il pas ?
Impossible de le deviner `a son regard…
Hans Elders vit le bandit sourire d’un sourire 'enigmatique.
Fant^omas tira de sa poche un revolver dont il menaca la poitrine du directeur de Diamond House :
— Il y a, disait-il froidement, des mensonges et des v'erit'es dans ce que tu dis, Hans. Sois bien persuad'e que je ne suis point ta victime et que je sais lire dans tes paroles et dans ton coeur. 'Ecoute. Regarde. Je suis arm'e, pr^et `a tout. Tu sais que je n’ai jamais manqu'e mon but ? que, s’il me pla^it de t’abattre, je t’abattrai comme un chien s’il te prenait fantaisie d’essayer de fuir ? Voici mes ordres : L`eve-toi. Viens. Guide-moi vers l’endroit o`u tu as cach'e, non pas le coffret, mais le cr^ane qui contient les parchemins que je suis venu te r'eclamer. Il faut `a tout prix que je rentre en leur possession. Ce que je ferai de toi, apr`es que tu m’auras rendu ce d'ep^ot, je te dirai alors.
Et telle 'etait la sombre volont'e, telle 'etait l’'energie qui se lisait dans l’attitude de Fant^omas que, n’osant pas lui r'esister, n’osant pas tenter un nouveau mensonge, Hans Elders se leva, s’appr^eta `a guider Fant^omas vers l’ossuaire o`u, quelques jours auparavant, il avait cach'e lui-m^eme la t^ete de mort myst'erieuse.
27 – QUI ME TOUCHE A LA PESTE
Fant^omas et Hans Elders venaient de p'en'etrer dans l’ossuaire 'elev'e au centre du cimeti`ere qui se trouvait enclos dans les b^atiments de l’usine.
Hans Elders livide, tremblant, n’osait faire un geste, n’osait dire une parole et semblait agir automatiquement, sans m^eme avoir le sentiment de ses actes.
Pour Fant^omas, la mine sombre, un 'eclair d’'energie dans les yeux, il paraissait en proie `a une col`ere furieuse et pr^et, au moindre mouvement suspect, `a se d'ebarrasser du mis'erable qu’il accusait de l’avoir trahi.
— C’est ici, interrogea le bandit que tu avais cach'e ce cr^ane ?
— Ici, ma^itre, et je ne sais si je vais le retrouver facilement.
Cette derni`ere d'efense de Hans Elders, cette derni`ere tentative qu’il faisait pour essayer d’abuser encore celui qui lui commandait de facon si hautaine, e^ut 'et'e grotesque, n’eussent 'et'e les circonstances.
Fant^omas r'epondit :
— Sur ta vie, Hans Elders, tu as cinq minutes pour me restituer ce qui m’appartient, ce que tu as eu l’audace insens'ee de voler.
Hans Elders, d`es lors, ne pouvait plus h'esiter. Il se jeta `a genoux sur le sol dall'e de l’ossuaire.
Ses mains qu’agitait un tremblement convulsif renversaient, en mouvements saccad'es, les piles de cr^anes qui s’'etageaient en pyramide contre la muraille. Bient^ot, dans la p'enombre du lieu, le cr^ane phosphorescent apparut, 'epouvantable `a voir, avec la grimace, le rictus sardonique que dessinaient les trous d’ombre des orbites et de la m^achoire.
— Ma^itre, ma^itre, r^ala Hans Elders, tu vois que je ne t’avais pas menti ? voil`a la t^ete de mort dont tu avais fait ta cachette.
Fant^omas n’avait pas attendu les explications de son complice. Il s’'etait pench'e sur Hans Elders et l’'ecartant brutalement, le renversant `a demi sur les dalles, il s’'etait empar'e avidement du cr^ane myst'erieux.
Le bandit, qui jadis avait invent'e cette ruse infernale de dissimuler `a l’int'erieur d’un cr^ane humain les parchemins qui pr'esentaient pour lui une si haute importance, ne put s’emp^echer de fr'emir en rentrant en possession de ces ossements qui sans doute, depuis pr`es de douze ans, lui hantaient l’esprit.