La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Mais il y avait plus.
N’accusait-on pas, en effet, le journaliste d’avoir jou'e un r^ole – et un r^ole 'equivoque – dans les disparitions, dans les vols d’argent qui avaient successivement eu lieu chez Hans Elders ?
Et la t^ete de mort ?
De quelle illusion tragique avait-il 'et'e victime, `a quelle aberration avait-il 'et'e en proie ?
Juve s’arr^eta de s’habiller pour y r'efl'echir encore.
« Morbleu, se disait-il, dans une v'eritable rage, j’ai pourtant bien vu un cr^ane `a c^ot'e de moi, et il n’y avait pas de cr^ane. Morbleu, je n’'etais cependant pas gris'e par la fumerie, puisque je n’avais pas fum'e. Et ce n’'etait pas non plus l’atmosph`ere chaude de la pi`ece qui m’avait port'e au cerveau, puisque apr`es tout j’'etais parfaitement ma^itre de moi-m^eme, parfaitement conscient de mes actes, au moment o`u je suis sorti pour me pr'ecipiter vers le port et assister au bombardement du British Queen.
Quel avait 'et'e le r'esultat, en effet, de cette tragique aventure ?
Du navire incendi'e, que le vent drossait contre la terre, du navire pestif'er'e que les autorit'es faisaient couler pour 'eviter la propagation du terrible fl'eau, Fant^omas avait-il pu s’'echapper ?
Le bandit s’'etait-il noy'e, au contraire ?
Juve, soudain, fut repris de son besoin d’activit'e.
Il se h^ata de terminer sa toilette, il paya sa chambre, sortit de l’h^otel et se rendit chez un armurier o`u, par pr'ecaution, il choisit un excellent revolver. Puis il s’orienta, quitta Durban, gagna la campagne.
« Ma foi, s’'etait dit Juve, je n’ai qu’une facon de proc'eder pour arriver `a comprendre quelque chose `a toutes ces intrigues. En somme, dans tout cela, je vois passer, ayant l’air d’^etre le motif de tous ces imbroglios, une forme fantastique, effarante, celle d’une t^ete de mort. Si Hans Elders est soupconnable, si Fandor est soupconn'e, si Wilson Drag est accus'e d’avoir vol'e de l’argent, s’il a 'et'e empoisonn'e, si Fant^omas s’occupe de ces individus, si moi-m^eme j’ai 'et'e hallucin'e hier `a la fumerie, c’est `a cause de cette t^ete de mort. Donc le premier point `a 'etablir, c’est assur'ement de savoir exactement ce que sont ces ossements, quelle valeur ou quel int'er^et ils pr'esentent. Bon, je vais chercher cette t^ete de mort.
La besogne n’'etait pas ais'ee, il fallait toute la belle confiance du policier pour entreprendre avec une si belle assurance la recherche des ossements, dont Juve ne savait, en somme, que fort peu de chose.
Mais Juve, suivant son habitude, s’efforcait de raisonner logiquement.
« Tout ce que j’ai appris, s’'etait-il dit, constitue en quelque sorte des phrases s'epar'ees, n’ayant aucune esp`ece de sens. Quand je serai arriv'e `a les mettre en ordre, leur lecture sera claire et nette. Donc, il faut commencer par un bout et reconstituer le petit jeu de patience. C’est une charade que je vais essayer, c’est un r'ebus qu’il faut que j’explique. Il y a maints personnages dans cette aventure, qu’il serait int'eressant d’interviewer. Ce Teddy est myst'erieux, ce Wilson Drag bizarre, cette Winie extraordinaire, mais ce sont l`a, 'evidemment des comparses, car dans toutes ces aventures dont j’ai entendu parler, un m^eme personnage joue le r^ole principal, et ce personnage c’est Hans Elders. C’est lui, semble-t-il, qui est le propri'etaire de la t^ete de mort, c’est `a lui que Fandor en veut, ou c’est lui qui en veut `a Fandor. Dans les deux cas, mon plan d’action est tout trac'e, je dois enqu^eter sur Hans Elders.
***
Juve, depuis deux heures, parcourait en tous sens, usant de sa merveilleuse habilet'e pour ne pas attirer l’attention, les b^atiments de Diamond City.
On 'etait un dimanche, les ateliers 'etaient d'eserts. Juve, qui s’y 'etait introduit en passant par une fen^etre entreb^aill'ee, n’avait rencontr'e ^ame qui vive.
Tout comme Fandor, Juve ignorait absolument les d'etails d’exploitation d’une chercherie de Diamants, et par cons'equent, n’'etait pas capable de se rendre compte de ce qu’il y avait de bizarre dans l’organisation de l’usine appartenant `a Hans Elders.
Et Juve pestait :
« Je perds ma journ'ee, songeait-il, je ne vais rien d'ecouvrir ici, je n’ai rien `a y chercher, car rien ne peut m’indiquer exactement ou m^eme vaguement, o`u ce maudit Hans Elders a pu cacher les ossements que je voudrais retrouver, si tant est qu’ils soient en ce moment en sa possession et qu’il les ait cach'es dans l’usine…
Juve, apr`es une longue promenade dans la chercherie, s’appr^etait `a partir, `a quitter l’usine pour aller 'epier les habitants de Diamond House et prendre leur signalement, lorsque son attention fut attir'ee, tandis qu’il traversait la grande cour sabl'ee, qui s'eparait les b^atiments, par une sorte de clocher minuscule et fr^ele qu’il apercevait derri`ere l’un des hangars servant au d'ep^ot des terres diamantif`eres. Juve consid'era ce clocheton.
« 'Evidemment, se dit-il, comme chaque fois qu’on se trouve en terre anglaise, on ne peut faire deux pas sans buter dans un temple protestant. Parbleu, Diamond City est assez loin de Durban pour que ces honn^etes fid`eles 'eprouvent le besoin d’avoir sous la main une petite maison pour chanter les louanges du Seigneur, avant d’aller boire force gin et force whisky.
Car Juve 'etait furieux, Juve aurait raill'e et plaisant'e n’importe qui, n’importe quoi…
Juve trouvait que son enqu^ete pataugeait et cela quand les minutes 'etaient pr'ecieuses.
« Allons visiter leur chapelle, se dit-il encore, il peut ^etre int'eressant un jour ou l’autre que je connaisse `a fond les constructions voisines de l’usine.
Tournant derri`ere le grand hangar qui lui voilait le temple protestant, Juve chercha `a gagner le pied du minuscule clocheton et soudain une r'eflexion subite l’arr^etait :
« Diable, pensa-t-il, mais c’est dimanche aujourd’hui, et il n’est pas tard. Ils doivent tous ^etre enferm'es l`a dedans `a faire leurs pri`eres ?…
Il convenait de s’en assurer.
Mais comme il tournait le coin du grand hangar, il demeura fig'e de stup'efaction.
Ce n’'etait pas une chapelle qui se dressait l`a, c’'etait un cimeti`ere. Et le clocheton qu’il avait vu partait d’une sorte de petit monument dont Juve ne comprit pas d’abord l’usage.
« Un cimeti`ere ? monologuait Juve, pourquoi diable ont-ils un cimeti`ere ici, dans leur usine ?
Mais Juve soudain se souvint qu’au Natal, il l’avait lu, l’usage 'etait de placer les cimeti`eres le plus pr`es possible des habitations, dans les endroits o`u la circulation 'etait la plus active, cela de facon `a 'eviter que la paix des champs de repos ne soit troubl'ee par les attaques des b^etes sauvages qui pullulent dans le veld.
« Parbleu, c’est l`a qu’ils enterrent leurs morts, les ouvriers d'ec'ed'es. Et le petit b^atiment que je vois doit ^etre un monument comm'emoratif ?
Juve p'en'etra dans l’enclos o`u se dressaient quelques maigres croix de bois noir grav'ees d’inscriptions en lettres blanches, et se dirigea vers le monument fun'eraire.
« 'Evidemment, ca va ^etre ferm'e ?
Juve poussa la porte.
La porte s’ouvrit.
Et comme le policier avancait d’un pas, `a nouveau il s’arr^eta bouche b'ee :