Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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— Nous causerons demain, dit Fandor.
Le journaliste avait 'et'e chercher une photographie d’H'el`ene qu’il regardait avec des yeux extasi'es. Juve, encore une fois, l’arracha `a sa songerie.
— Un instant, demandait-il. As-tu rencontr'e `a nouveau, Fandor, cet apr`es-midi, l’'etrange jeune homme que j’ai vaguement apercu, que l’on m’a signal'e, qui s’appelle Daniel, et qui, para^it-il, `a des allures de policier ?
— Non, dit Fandor. Je n’ai vu personne r'epondant `a ce signalement plut^ot impr'ecis d’ailleurs. Pourquoi, Juve ?…
— Pour rien, r'epondit le policier, pour rien du tout. Cela n’a pas d’importance. Le personnage m’intriguait un peu, voil`a tout…
Juve, peut-^etre, e^ut trouv'e ce personnage beaucoup plus important et lui e^ut accord'e un tout autre int'er^et s’il avait pu se douter que Fant^omas, l’homme brun, l’avait, lui aussi, remarqu'e, ce jour-l`a m^eme, dans une tabagie hollandaise, s’il avait pu savoir ce que Fant^omas faisait `a cette heure m^eme !
Chapitre IV
Nuit d’angoisse
Cette m^eme nuit que Juve et Fandor employaient `a causer longuement, `a 'echafauder des hypoth`eses et des projets, relativement `a la capture de Fant^omas, qui, de plus en plus, de minute en minute, leur semblait n'ecessaire, des 'ev'enements myst'erieux, tragiques aussi, se d'eroulaient en effet `a quelque distance d’Amsterdam, tout pr`es d’Haarlem, dans la superbe propri'et'e du malheureux M. Eair, ou plus exactement du p`ere de Fandor, d’'Etienne Rambert, puisque telle 'etait en r'ealit'e l’identit'e de cet extraordinaire personnage .
Geoffroy la Barrique et Beno^it le Farinier 'etaient toujours occup'es `a la cueillette des roses chez l’extraordinaire original.
Geoffroy la Barrique et Beno^it le Farinier ne comprenaient naturellement rien aux 'ev'enements qui se d'eroulaient, et dans lesquels ils jouaient, sans m^eme le savoir, un r^ole anecdotique.
Les deux excellents colosses, aussi bien, ne fatiguaient point leur intelligence `a vouloir deviner des probl`emes qu’instinctivement ils supposaient fort complexes.
Tout simplement, ils riaient parfois `a la pens'ee de la surprise qu’ils avaient caus'ee `a Juve lorsqu’ils avaient frapp'e `a sa porte, et de la facon merveilleuse, `a leur avis, dont ils s’'etaient acquitt'es de la commission dont M. Eair les avait charg'es, puisque, en r'ealit'e, gr^ace `a eux, Juve 'etait venu voir le vieil homme.
Beno^it le Farinier et Geoffroy la Barrique estimaient, en fin de compte, que ce qu’il y avait de plus clair dans toute leur aventure, c’'etait que, d’une part, Juve leur avait promis de retrouver Bobinette, ce qui leur ^otait toute inqui'etude `a cet 'egard, et que, d’autre part, ils avaient pu revenir bien tranquillement s’installer chez M. Eair, o`u ils se gobergeaient tout `a leur aise.
Les deux forts de la Halle s’'etaient d’ailleurs passionn'es pour leur nouveau m'etier, encore qu’il f^ut, au moins en l’apparence, contraire `a leurs v'eritables aptitudes.
— On est des jardiniers, disait Beno^it le Farinier.
`A quoi Geoffroy la Barrique r'epliquait :
— Pas du tout, on est des parfumeurs.
M^eme, Beno^it avait un jour hasard'e qu’ils 'etaient en r'ealit'e des papillons, puisqu’ils butinaient des fleurs !
En fait, les deux braves gens s’acquittaient `a merveille de leur t^ache. Ils se levaient de grand matin, s’habillaient en h^ate, descendaient dans les champs de roses, et l`a se livraient `a une abondante cueillette, heureux de vivre ainsi au grand air, d’autant plus heureux qu’ils avaient d'ecouvert que le parfum des roses creuse l’app'etit, et qu’ils s’autorisaient de cette remarque pour faire cinq grands repas par jour, ce qui les plongeait dans une perp'etuelle b'eatitude.
M. Eair, leur bienfaiteur, avait d’ailleurs droit `a leur consid'eration, non seulement en raison de sa parfaite bont'e et de son hospitalit'e si compl`ete, mais encore eu 'egard, `a la composition de sa cave fort bien mont'ee, et dont Beno^it le Farinier et Geoffroy la Barrique mettaient l’approvisionnement en coupe r'egl'ee.
Le ma^itre de la maison avait dit :
— Faites comme chez vous.
Beno^it le Farinier et Geoffroy la Barrique estimaient qu’il y aurait eu impolitesse de leur part `a ne point profiter d’un encouragement si aimable.
Beno^it le Farinier et Geoffroy la Barrique cependant, dans les d'elices o`u ils vivaient, n’oubliaient point Paris ni les Halles. Par moments, ils avaient la nostalgie du pavillon des l'egumes et des bars interlopes de la pointe Saint-Eustache.
— Si qu’on s’en allait ? proposait Beno^it.
— Assur'ement ! acceptait Geoffroy.
Mais, pour discuter ce projet, ils s’attablaient, d'ebouchaient une bouteille, et, naturellement son contenu suffisait `a les d'ecider d’attendre encore un peu de temps avant de quitter la Hollande.
Depuis vingt-quatre heures d’ailleurs, Beno^it le Farinier et Geoffroy la Barrique 'etaient relativement inquiets et n’osaient plus gu`ere formuler des projets de d'epart.
Ils savaient que Juve 'etait parti en exp'edition et, d’autre part, ils n’ignoraient point que M. Eair, de son c^ot'e, s’'etait rendu au palais royal. Mais de Juve ni de M. Eair, Beno^it, pas plus que Geoffroy, n’avaient eu la moindre nouvelle.
Certes, les deux forts de la Halle eussent 'et'e 'epouvant'es s’ils avaient connu le v'eritable motif de ce double silence.
L’excellent M. Eair avait 'et'e assassin'e par Fant^omas `a l’instant o`u il apportait le sceau royal, et, quand `a Juve, il avait, tout comme Fandor, bien d’autres sujets de pr'eoccupation que la destin'ee des deux forts qu’il oubliait un peu.
Geoffroy la Barrique et Beno^it le Farinier ne savaient cependant que penser.
— C’est ma tourn'ee, d'eclarait Beno^it. Bois, encore un coup, mon vieux. Vois-tu, pour moi, de deux choses l’une : ou bien M. Eair va revenir, ou bien il ne reviendra pas !