L'agent secret (Секретный агент)
Шрифт:
Quelques journalistes aussi, des reporters photographes de temps `a autre jetaient un coup d’oeil `a l’entr'ee du pr'etoire, s’int'eressant aux pr'eparatifs d’am'enagements et de barricades d'ej`a pris, semblait-il, en vue d’une prochaine et importante audience.
Dans quelques jours, en effet, le 28 d'ecembre, le premier conseil de guerre allait avoir `a se prononcer sur le cas du journaliste J'er^ome Fandor, dont l’instruction avait 'et'e rapidement men'ee, tr`es militairement, par le commandant Dumoulin, commissaire du gouvernement. Celui-ci renvoyait le pr'evenu devant les juges militaires, sous de multiples inculpations dont la moins grave 'etait peut-^etre encore celle d’espionnage.
D'ej`a le pr'esident du conseil, le colonel Mar'etin, avait 'et'e l’objet de multiples demandes de cartes, et l’on pressentait que si de s'erieuses pr'ecautions n’'etaient pas prises, la modeste petite salle d’audience serait tr`es vite trop envahie le jour du proc`es.
***
Isol'e dans la lugubre cellule qui, depuis une quinzaine lui servait de rigoureuse et monotone demeure, le malheureux J'er^ome Fandor ne savait absolument rien de tout ce qui se passait, ignorant du tapage que faisait dans le monde parisien l’affaire dont il allait devenir le h'eros.
Certes, – il fallait rendre cette justice au rapporteur, – la captivit'e de Fandor avait 'et'e adoucie dans la mesure du possible. Fandor pouvait faire venir ses repas du dehors et des livres de la biblioth`eque. Mais le prisonnier se pr'eoccupait fort peu de sa nourriture, et n’avait gu`ere l’esprit `a lire les romans insipides ou les po'esies maussades que l’autorit'e militaire voulait bien lui pr^eter.
Fandor aurait voulu avoir une communication quelconque avec le dehors. Bien entendu son voeu le plus cher e^ut 'et'e de voir Juve, mais l’entr'ee de la prison avait 'et'e rigoureusement interdite au policier qui, vraisemblablement, aurait `a intervenir au proc`es en qualit'e de t'emoin. Fandor aurait pu s’entretenir avec son avocat, s’il avait jug'e bon de s’en assurer un, mais tout au d'ebut de son incarc'eration, le journaliste avait d'eclin'e avec indignation le droit absolu qu’il avait de se faire assister d’un conseil. Il se m'efiait des bavardages, – m^eme d’un ma^itre du Barreau – qui n’aurait sans doute pas compris son r^ole exact, et Fandor, s^ur de lui, pr'ef'erait d'efendre lui-m^eme sa cause.
Par la suite, il s’'etait rendu compte que peut-^etre l’appui d’un avocat aurait pu pr'esenter cet avantage de le mettre en communication avec l’ext'erieur, mais tout compte fait, Fandor ne voulant pas revenir sur sa d'ecision prise, ne voulant pas avoir l’air de capituler, s’'etait r'esign'e `a ne rien changer `a sa situation.
Ah, s’il avait pu recevoir un journal, un simple journal !
L’infortun'e Fandor, pendant les longues heures qu’il passait dans sa cellule, en t^ete `a t^ete avec ses pens'ees, d'eplorait d`es lors plus que jamais son isolement dans le monde, car Juve mis `a part, il ne comptait aucun intime, il ne se connaissait aucun parent qui p^ut venir lui apporter une consolation, lui murmurer `a l’oreille quelques paroles de tendresse et d’affection.
***
Ce soir-l`a, le journaliste fut tir'e de ses r'eflexions absorbantes par un bruit connu de lui, mais qui se produisait `a un moment inaccoutum'e.
La cl'e de la grosse porte de sa cellule tourna dans la serrure, et comme la porte s’entreb^aillait, Fandor entendit cette fin de conversation entre son ge^olier et un inconnu :
— Je vous pr'eviens aussi, mon brave, disait la voix ignor'ee de Fandor, que mon secr'etaire viendra tout `a l’heure me rejoindre…
Le ge^olier r'epondait :
— C’est une affaire entendue, Ma^itre, j’en aviserai le coll`egue qui me remplacera dans un quart d’heure.
Un avocat en robe entrait dans la cellule. Le prisonnier crut d’abord qu’il s’agissait de l’avocat d’office que le Conseil de guerre lui imposerait `a l’audience, conform'ement `a la loi. Nullement dispos'e `a s’entretenir avec ce d'efenseur obligatoire, il s’appr^etait `a fort mal le recevoir, lorsque ayant regard'e le visage du nouvel arrivant, Fandor demeura interdit. Il venait de reconna^itre sous la toge, quelqu’un dont la physionomie 'etait profond'ement grav'ee dans son souvenir, bien qu’il ne l’e^ut rencontr'e qu’une fois :
— Naarbo… laissa-t-il 'echapper.
Mais l’interlocuteur, d’un geste brusque lui coupait la parole, et pr'ecipitamment, referma derri`ere lui la porte de la cellule.
Lorsque ce fut fait, l’'etrange avocat s’approcha de Fandor et `a mi-voix :
— N’ayez pas l’air de me reconna^itre, d'eclara-t-il, oui je suis bien le baron de Naarboveck, mais c’est gr^ace `a un subterfuge que j’ai r'eussi `a vous approcher… Ne me demandez pas comment j’ai pu r'eussir `a p'en'etrer aupr`es de vous sans 'eveiller les soupcons de ceux qui sont charg'es de vous garder, j’ai obtenu un permis de communiquer en me donnant pour l’avocat que le b^atonnier vous a d'esign'e d’office et dont vous recevrez demain la visite… Monsieur, reprit apr`es une pause le baron de Naarboveck, un bienfait n’est jamais perdu quand on n’a pas affaire `a un ingrat. Il y a quelques semaines, lorsque vous ^etes venu m’interviewer au sujet du d'eplorable assassinat du capitaine Brocq, apr`es m’^etre laiss'e aller `a parler devant vous, je vous ai demand'e votre parole de ne point publier sur mon compte une s'erie de d'etails, comme les journalistes `a l’ordinaire, aiment `a en 'emailler leurs articles ?
— En effet, r'epliqua Fandor, je m’en souviens.
— J’avoue, continua le baron, que je m’attendais fort peu `a de la discr'etion de votre part… dame., un journaliste. Depuis lors j’ai suivi avec attention et m^eme sympathie les t'en'ebreuses aventures auxquelles vous avez 'et'e m^el'e et ce n’est pas sans 'emotion que j’ai appris votre f^acheuse situation. J’irai droit au but, je viens vous tirer d’affaire.
Fandor ne put r'eprimer un geste de joie, il prit dans ses deux mains celles de Naarboveck et les serra chaleureusement.
— Ah ! Monsieur, puissiez-vous dire vrai !
Le diplomate, h^ativement, s’arrachant `a l’'etreinte du journaliste, ouvrit la lourde serviette d’avocat qu’il portait sous son bras et en tira une toge noire, semblable `a la sienne, une toque, un pantalon fonc'e :
— Tenez, poursuivit-il, tandis que Fandor absolument abasourdi consid'erait cette 'etrange garde-robe, tenez habillez-vous rapidement et nous partirons ensemble…
Naarboveck 'etait-il devenu subitement fou ? 'Etait-ce une plaisanterie ? Fandor h'esitait, mais Naarboveck, sans para^itre s’apercevoir de son trouble, `a mots pr'ecipit'es, insistait :
— Il faut absolument que vous partiez d’ici, je sais o`u vous aurez les preuves de votre innocence, nous n’avons pas une minute `a perdre, au surplus moi-m^eme, eu 'egard `a ma qualit'e de diplomate, j’ai le plus vif int'er^et `a ce que le document vol'e chez le capitaine Brocq soit retrouv'e. Je sais o`u il est, je veux que ce soit vous qui le rendiez au Gouvernement ! Ce sera l`a la preuve la plus 'eclatante que vous puissiez donner de votre innocence !
Fandor croyait r^ever et, machinalement rev^etait la tenue bizarre, mais ing'enieuse, qu’'etait venu si myst'erieusement lui apporter le baron. Certes, Fandor se demandait bien quel 'etait le formidable int'er^et qui avait pouss'e le diplomate `a oser s’introduire ainsi, en d'epit des dangers courus, aupr`es du prisonnier, `a lui proposer m^eme de se faire le complice de son 'evasion ? Mais Fandor avait vu tant de choses bizarres et incompr'ehensibles au cours de son aventureuse existence qu’il n’en 'etait pas `a se pr'eoccuper de semblables d'etails.
Меняя маски
1. Унесенный ветром
Фантастика:
боевая фантастика
попаданцы
рейтинг книги
![Меняя маски](https://style.bubooker.vip/templ/izobr/no_img2.png)