Том 4. Проза. Письма.
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М. Лерма.
Р. S.Поклоны всем, кому сочтете уместным передать их от меня… еще раз прощайте.
18. А. М. Верещагиной
<Весна 1835 г. Из Петербурга в Москву>
Ma ch`ere cousine!
Je me suis d'ecid'e de vous payer une dette que vous n’avez pas eu le bont'e de r'eclamer, et j’esp`ere que cette g'en'erosit'e de ma part touchera votre coeur devenu si dur pour moi depuis quelque temps; je ne demande en r'ecompense que quelques gouttes d’encre et deux ou trois traits de plume pour m’annoncer que je ne suis pas encore tout `a fait banni de votre souvenir; – autrement je serai forc'e de chercher des consolations ailleurs (car ici aussi j’ai des cousines) – et la femme la moins aimante (c’est connu) n’aime pas beaucoup qu’on cherche des consolations loin d’elle. – Et puis si vous pers'everez encore dans votre silence, je puis bient^ot arriver `a Moscou – et alors ma vengeance n’aura plus de bornes; en fait de guerre (vous savez) on m'enage la garnison qui a capitul'e, mais la ville prise d’assaut est sans piti'e abandonn'ee `a la fureur des vainqueurs.
Apr`es cette bravade `a la hussard, je me jette `a vos pieds pour implorer ma gr^ace en attendant que vous le fassiez `a mon 'egard.
Les pr'eliminaires finis, je commence `a vous raconter ce qui m’est arriv'e pendant ce temps, comme on fait en se revoyant apr`es une longue s'eparation.
Alexis a pu vous dire quelque chose sur ma mani`ere de vivre, mais rien d’int'eressant si ce n’est le commencement de mes amourettes avec M-lle Souchkoff, dont la fin est bien plus int'eressante et plus dr^ole. Si j’ai commenc'e par lui faire la cour, ce n’'etait pas un reflet du pass'e – avant c’'etait une occasion de m’occuper, et puis lorsque nous f^umes de bonne intelligence, ca devint un calcul: – voil`a comment. – J’ai vu en entrant dans le monde que chacun avait son pi'edestal: une fortune, un nom, un titre, une faveur… j’ai vu que si j’arrivais `a occuper de moi une personne, les autres s’occuperont de moi insensiblement, par curiosit'e avant, par rivalit'e apr`es.
– La demoiselle S. – voulant m’attraper(mot technique), j’ai compris qu’elle se comprometterait pour moi facilement; – aussi je l’ai compromise autant qu’il 'etait possible, sans me compromettre avec, la traitant publiquement comme `a moi, lui faisant sentir qu’il n’y a que ce moyen pour me soumettre… Lorsque j’ai vu que ca m’a r'eussi, mais qu’un pas de plus me perdait, je tente un coup de main. Avant je devins plus froid aux yeux du monde, et plus tendre avec elle pour faire voir que je ne l’aimais plus, et qu’elle m’adore (ce qui est faux au fond); et lorsqu’elle commenca `a s’en apercevoir et voulut secouer le joug, je l’abandonnai le premier publiquement, je devins dur et impertinent, moqueur et froid avec elle devant le monde, je fis la cour `a d’autres et leur racontais (en secret) la partie, favorable `a moi, de cette histoire. – Ellefut si confondue de cette conduite inattendue – que d’abord elle ne sut que faire et se r'esigna – ce qui fit parler et me donna l’air d’avoir fait une conqu^ete enti`ere; puis elle se r'eveilla – et commenca `a me gronder partout – mais je l’avais pr'evenue – et sa haine parut `a ses amies (ou ennemies) de l’amour piqu'e. – Puis elle tenta de me ramener par une feinte tristesse et en disant `a toutes mes connaissances intimes qu’elle m’aimait – je ne revins pas – et profitai de tout habilement. Je ne puis vous dire combien tout ca m’a servi – ca serait trop long, et ca regarde des personnes que vous ne connaissez pas. Mais voici la partie plaisante de l’histoire: quand je vis qu’il fallait rompre avec elle aux yeux du monde et pourtant lui para^itre fid`ele en t^ete-`a-t^ete, je trouvai vite un moyen charmant; – j’'ecrivis une lettre anonyme: «M-lle: je suis un homme qui vous connait et que vous ne connaissez pas, etc… je vous avertis de prendre garde `a ce jeune homme: M. L. – il vous s'eduira – etc… voil`a les preuves (des b^etises) etc…»une lettre sur 4 pages!.. Je fis tomber adroitement la lettre dans les mains de la tante; orage et tonnerre dans la maison. – Le lendemain j’y vais de grand matin pour que en tout cas je ne sois pas recu. – Le soir `a un bal, je m’en 'etonne en le racontant `a mademoiselle; mad<emoiselle> me dit la nouvelle terrible et incompr'ehensible; et nous faisons des conjectures – je mets tout sur le compte d’ennemis secrets – qui n’existent pas; enfin elle me dit que ses parents lui d'efendent de parler et danser avec moi, – j’en suis au d'esespoir, mais je me garde bien, d’enfreindre la d'efense de la tante et des oncles; – ainsi fut men'ee cette aventure touchante qui certes va vous donner une fort bonne opinion de moi. Au surplus les femmes pardonnent toujours le mal qu’on fait `a une femme (maximes de La Rochefoucauld).Maintenant je n’'ecris pas de romans – j’en fais.
Enfin vous voyez que je me suis bien veng'e des larmes que les coquetteries de m-lle S. m’ont fait verser il y a 5 ans; oh! Mais c’est que nos comptes ne sont pas encore r'egl'es: elle a fait souffrir le coeur d’un enfant, et moi je n’ai fait que torturer l’amour propre d’une vieille coquette, qui peut-^etre est encore plus… mais n'eanmoins, ce que je gagne c’est qu’elle m’a servi `a quelque chose! – oh c’est que je suis bien chang'e; c’est que, je ne sais pas comment ca se fait, mais chaque jour donne une nouvelle teinte `a mon caract`ere et `a ma mani`ere de voir! – ca devait arriver, je le savais toujours… mais je ne croyais pas que cela arriv^at si vite. Oh, ch`ere cousine, il faut vous l’avouer, la cause de ce que je ne vous 'ecrivais plus, `a vous et `a M-lle Marie, c’est la crainte que vous ne remarquiez par mes lettres que je ne suis presque plus digne de votre amiti'e… car `a vous deux je ne puis pas cacher la v'erit'e, `a vous qui avez 'et'e les confidentes de mes r^eves de jeunesse, si beaux – surtout dans le souvenir.
Et pourtant `a me voir maintenant on dirait que je suis rajeuni de 3 ans, tellement j’ai l’air heureux et insouciant, content de moi-m^eme et de l’univers entier; ce contraste entre l’^ame et l’ext'erieur ne vous para^it-il pas 'etrange? –
Je ne saurais vous dire combien le d'epart de grand’maman m’afflige, – la perspective de me voir tout-`a-fait seul la premi`ere fois de ma vie m’effraye; dans toute cette grande ville il ne restera pas un ^etre qui s’interesse v'eritablement `a moi…
Mais assez parler de ma triste personne – causons de vous et de Moscou. On m’a dit que vous avez beaucoup embelli, et c’est M-me Ouglitzki qui l’a dit; en ce cas seulement je suis s^ur qu’elle n’a pas menti, car elle est trop femme pour cela: elle dit encore que la femme de son fr`ere est charmante… en ceci je ne la crois pas tout-`a-fait, car elle a int'er^et de mentir… ce qui est dr^ole c’est qu’elle veut se faire malheureuse `a tout prix, pour attirer les condol'eances de tout le monde, – tandis que je suis s^ur qu’il n’y a pas au monde une femme qui soit moins `a plaindre… `a 32 ans avoir ce caract`ere d’enfant, et s’imaginer encore faire des passions!.. – et apr`es cela se plaindre? – Elle m’a annonc'e encore que mademoiselle Barbe allait se marier avec M. Bachm'etieff; je ne sais pas si je dois trop lui croire – mais en tout cas je souhaite `a M-lle Barbe de vivre en paix conjugale jusqu’au c'el'ebrement de sa noce d’argent, –et m^eme plus, si jusque-l`a elle n’en est pas encore d'ego^ut'ee!..
Maintenant voici mes nouvelles,
Dites `a Alexis que sa passion M-lle Ladigenski devient de jour en jour plus formidable!.. Je lui conseille aussi d’engraisser encore pour que le contraste ne soit pas si frappant. Je ne sais pas si la mani`ere de vous ennuyer est la meilleure pour obtenir ma gr^ace; ma huiti`eme page va finir et je craindrais d’en commencer une dixi`eme… ainsi donc, ch`ere et cruelle cousine, adieu, et si vraiment vous m’avez remis dans votre faveur, faites le moi savoir, par une lettre de votre domestique, – car je n’ose pas compter sur un billet de votre main.
Adieu donc, j’ai l’honneur d’^etre ce qu’on met au bas d’une lettre…
votre tr`es humble
M. Lermantoff.
P. S.Mes respects je vous pris `a mes tantes, cousines, et cousins, et connaissances…
Милая кузина!
Я решил уплатить вам долг, который вы не соблаговолили с меня требовать, и надеюсь, что мое великодушие тронет ваше сердце, с некоторых пор ставшее таким жестким ко мне. Я не прошу другого вознаграждения, кроме нескольких капель чернил и двух или трех штрихов пера, которые известили бы меня, что я еще не совершенно изгнан из вашей памяти; иначе мне придется искать утешения у других (ибо и здесь у меня есть кузины), а как бы мало женщина ни любила (это известно), она не очень-то любит, чтобы искали утешения вдали от нее. Затем, если вы будете еще упорствовать в своем молчании, я могу вскоре прибыть в Москву – и тогда мое мщение не будет иметь границ. На войне (вы знаете) щадят сдавшийся гарнизон, но город, взятый приступом, без сожаления предают ярости победителей.
После этой гусарской бравады я падаю к вашим ногам, чтобы вымолить себе прощение, в ожидании, что вы мне его даруете.
После этого вступления я начинаю рассказ о том, что со мною случилось за это время, как это делают при свидании после долгой разлуки.
Алексис мог рассказать вам кое-что о моем образе жизни, но ничего интересного, разве что о начале моих приключений с m-lle Сушковой, конец которых несравненно интереснее и забавнее. Если я начал ухаживать за нею, то это не было отблеском прошлого – вначале это было для меня просто развлечение, а затем, когда мы поняли друг друга, стало расчетом: и вот каким образом. Вступая в свет, я увидел, что у каждого был какой-нибудь пьедестал: богатство, имя, титул, покровительство… я увидел, что если мне удастся занять собою одно лицо, другие незаметно тоже займутся мною, сначала из любопытства, потом из соперничества.
Я понял, что m-lle С., желая изловить меня(техническое выражение), легко скомпрометирует себя ради меня; потому я ее и скомпрометировал, насколько было возможно, не скомпрометировав самого себя: я обращался с нею в обществе так, как если бы она была мне близка, давая ей чувствовать, что только таким образом она может покорить меня… Когда я заметил, что мне это удалось, но что еще один шаг меня погубит, я прибегнул к маневру. Прежде всего в свете я стал более холоден с ней, а наедине более нежным, чтобы показать, что я ее более не люблю, а что она меня обожает (в сущности, это неправда); когда она стала замечать это и пыталась сбросить ярмо, я в обществе первый покинул ее, я стал жесток и дерзок, насмешлив и холоден с ней, я ухаживал за другими и рассказывал им (по секрету) выгодную для меня сторону этой истории. Онатак была поражена неожиданностью моего поведения, что сначала не знала, что делать, и смирилась, а это подало повод к разговорам и придало мне вид человека, одержавшего полную победу; затем она очнулась и стала везде бранить меня, но я ее предупредил, и ненависть ее показалась ее друзьям (или врагам) уязвленною любовью. Затем она попыталась вновь вернуть меня напускною печалью, рассказывала всем близким моим знакомым, что любит меня, – я не вернулся к ней, а искусно всем этим воспользовался. Не могу сказать вам, как всё это пригодилось мне, – это было бы слишком долго и касается людей, которых вы не знаете. Но вот смешная сторона истории: когда я увидал, что в глазах света надо порвать с нею, а с глазу на глаз все-таки еще казаться ей верным, я живо нашел чудесный способ – я написал анонимное письмо: «M-lle, я человек, знающий вас, но вам неизвестный и т. д… предупреждаю вас, берегитесь этого молодого человека: М. Л. Он вас соблазнит и т. д… вот доказательства (разный вздор) и т. д…»Письмо на четырех страницах! Я искусно направил это письмо так, что оно попало в руки тетки; в доме гром и молния. На другой день еду туда рано утром, чтобы, во всяком случае, не быть принятым. Вечером на балу я с удивлением рассказываю ей это; она сообщает мне ужасную и непонятную новость, и мы делаем разные предположения – я всё отношу насчет тайных врагов, которых нет; наконец, она говорит мне, что ее родные запрещают ей разговаривать и танцевать со мною, – я в отчаянии, но остерегаюсь нарушить запрещение дядюшек и тетки. Так шло это трогательное приключение, которое, конечно, даст вам обо мне весьма лестное мнение. Впрочем, женщина всегда прощает зло, которое мы причиняем другой женщине (афоризмы Ларошфуко).Теперь я не пишу романов – я их делаю.