L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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— Personne, s’'ecria Sonia joyeusement, nous avons de la chance. Vous, dit-elle encore `a Ellis, mon cher ami, vous m’avez l’air tout indiqu'e pour redescendre dans le couloir et faire le guet pendant que je p'en`etre dans cette chambre. J’imagine que Juve et Fandor ne vont pas tarder `a revenir. Je ne tiens pas `a ^etre surprise par eux en flagrant d'elit de perquisition. Allez, montez la garde, vous dis-je. Si jamais vous les aperceviez, vous n’auriez qu’`a siffler l’air de la Marseillaise.
— Aoh, dit l’Anglais, ce ne serait point convenable. On ne siffle pas la marche nationale d’un pays. Je ferai le chant du hibou.
Et, comme Sonia haussait des 'epaules narquoises, Ellis Marshall, gravement, quitta le toit pour aller faire le guet dans le couloir de l’auberge.
Bient^ot, il entendit Sonia redescendre. La jeune femme 'etait radieuse.
— Vite, murmurait-elle en se pr'ecipitant dans la chambre qu’elle occupait avec Ellis Marshall. Ne perdons pas une seconde.
Et Sonia Danidoff agitait le portefeuille rouge qu’elle avait d'ecouvert dissimul'e dans la chambre de Juve et de Fandor.
Sonia avait compt'e sans son h^ote.
Elle n’avait pas sit^ot montr'e `a Ellis Marshall le fameux portefeuille, en effet, que soudain l’Anglais sortit de son apathie.
— Je vous somme, madame, de me remettre ce portefeuille, dit-il.
Et tr`es tranquillement, comme s’il e^ut 'et'e certain que Sonia allait acc'eder `a ses d'esirs, Ellis Marshall tendait la main.
La jeune femme fit un bond en arri`ere.
— C’est moi qui l’ai trouv'e, il m’appartient.
Mais Ellis Marshall s’obstinait :
— Mille regrets, madame. Il est possible que ce soit vous qui ayez pris ce portefeuille, mais il est certain que Sa Majest'e mon Roi sera heureux de l’avoir. Je suis plus fort que vous, j’ai besoin de ce document, vous l’avez, je le prends.
La jeune femme tira un poignard de son corsage.
— Il est possible que vous soyez le plus fort, cria-t-elle, mais ce n’est pas certain.
Malheureusement, si Sonia, son poignard en main, pouvait tenir Ellis Marshall en respect, celui-ci n’en 'etait pas moins le ma^itre de la situation.
Il 'etait, en effet, adoss'e `a la porte de la chambre, et ne paraissait pas dispos'e `a reculer.
— Vous ne sortirez pas avant que je connaisse le contenu de ce portefeuille rouge.
— Et d’abord, vous vous conduisez comme un sot, Ellis, en exigeant que je vous remette cette serviette de maroquin. Rien ne nous dit que nous ne nous trompons pas, que c’est bien l`a le portefeuille qui nous int'eresse tous les deux.
— Si. Je suis certain de le reconna^itre, Madame.
— Vraiment ?
Brusquement, Sonia, du bout de son poignard introduit en guise de levier, venait de faire sauter la serrure du portefeuille.
Et, `a peine eut-elle jet'e un coup d’oeil, qu’elle 'eclata d’un grand rire :
— Nous sommes jou'es, Juve et Fandor se sont moqu'es de nous. Voyez plut^ot, Ellis.
Et la jeune femme brandit une feuille de papier blanc prise dans la pochette de s^uret'e, une feuille de papier blanc sur laquelle on pouvait lire :
« Il y a portefeuille et portefeuille. Il y a documents et documents. Avis aux amateurs. »
11 – LA REMPLACANTE
Tandis qu’Ellis Marshall, en compagnie de Sonia Danidoff, s’emparait du portefeuille rouge que Juve et Fandor promenaient depuis leur d'epart de Brest, les deux amis, embusqu'es au sommet du viaduc de Morlaix, ne perdaient pas un geste des deux agents diplomatiques.
Et Juve et Fandor, enthousiasm'es par le succ`es de leur ruse, ne se tenaient pas de joie, en v'erit'e, en constatant combien la jolie repr'esentante du gouvernement russe, tout comme le policier anglais, 'etaient tomb'es facilement dans le pi`ege tendu `a leur simplicit'e.
— Ma foi, Juve, s’'ecriait Fandor, qui venait de rire aux larmes, c’est une sc`ene digne du Palais-Royal que celle `a laquelle nous venons d’assister. Sonia volant un portefeuille qui n’a aucune valeur, se disputant poignard en main avec Ellis Marshall pour garder sa conqu^ete, puis, enfin, s’apercevant qu’elle est illusoire.
— Tu avoueras, Fandor, que j’ai 'et'e fort bien inspir'e en inventant cette ruse du portefeuille vide et en te parlant comme je l’ai fait, `a haute et intelligible voix, dans la cour de l’h^otel de Brest. Sonia et Ellis Marshall sont compl`etement d'epist'es. Apr`es avoir r'eussi `a nous voler ce portefeuille qui ne contenait rien, ils ne vont 'evidemment plus savoir o`u donner de la t^ete. N’en doute pas, tous deux, ils imagineront que nous n’avons jamais eu en notre possession le v'eritable portefeuille, et je gage qu’en cons'equence nous aurons la paix avec eux d’ici notre retour `a Paris.
— Vous avez raison, Juve ; il y a de grandes chances pour qu’Ellis Marshall et Sonia Danidoff nous laissent en paix, mais cela n’arrange pas d'efinitivement nos affaires. M^eme s’il ne leur prend pas fantaisie de nous attaquer encore pour s’assurer que nous ne cachons pas ailleurs le v'eritable portefeuille, nous ne devons pas oublier que nous avons toujours Fant^omas `a nos trousses. Il ne se serait pas laiss'e prendre `a votre invention du faux portefeuille, lui. Juve, que pensez-vous faire ?
— Pour une fois, confessa Juve, tu raisonnes avec un sang-froid parfait, mon brave Fandor, tu es bien inspir'e, en effet, en disant que, d'ebarrass'es d’Ellis Marshall et de Sonia, nous demeurons expos'es aux attentats de Fant^omas. Mais tu vas voir.
Juve et Fandor causaient toujours en haut du viaduc de Morlaix.
Le policier tira de son gousset la vieille montre d’argent, `a laquelle il tenait fort, car, un jour, la balle d’un bandit s’'etait 'ecras'ee sur son bo^itier, ce qui lui avait 'evit'e une horrible blessure. Il regarda l’heure, et annonca `a Fandor :