L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Que va-t-il se passer ? se demandait Juve.
Et une sueur froide lui perlait aux tempes.
Les caves de la Banque de France ! Depuis qu’il avait `a s’occuper de les prot'eger, Juve avait appris combien on avait accumul'e les dispositifs sp'eciaux pour les mettre `a l’abri de tout accident : le feu ne pouvait rien contre elles. Une r'evolution avec la tourmente qu’elle d'echa^ine d’ordinaire, n’aurait peut-^etre pas r'eussi `a les forcer. Les murs des locaux auraient r'esist'e `a la dynamite. On pouvait les noyer, les ensabler, les remplir de gaz asphyxiants, et pourtant, Juve savait que Fant^omas pourrait, s’il le voulait, trouver moyen de p'en'etrer jusqu’`a elles, en d'epit de tout cela, en d'epit des quadruples portes `a triples serrures qui fermaient leur entr'ee.
Juve et les trois porteurs de clefs arriv`erent quelques secondes plus tard `a l’entr'ee des caves.
— L'eon ! Michel !
`A l’appel du policier, les deux inspecteurs de la S^uret'e accouraient.
— Mettez-vous ici, ordonnait Juve, et ne laissez sortir personne.
— Tr`es bien, chef.
C’'etait le dernier ordre `a donner avant la p'erilleuse descente.
— Messieurs, commenca Juve, quand vous voudrez ?
— Allons, r'epondit M. Ch^atel-G'erard d’une voix qui tremblait,.
Ayant franchi la porte donnant dans le hall, la porte que le public peut voir, Juve et ses trois compagnons p'en'etraient dans la caisse ordinaire, au centre de laquelle se dresse, imposant, le gigantesque coffre-fort o`u se trouvent enferm'ees les esp`eces n'ecessaires aux op'erations quotidiennes. `A droite et `a gauche, sur de lourdes 'etag`eres faites de grosses barres de fer, des colis, des bo^ites, de petits coffres s’entassaient.
— C’est ce que nous appelons la
— Parfaitement.
— Et voici l’entr'ee de la cave secr`ete.
M. Ch^atel-G'erard venait de s’arr^eter devant une grille accol'ee `a la muraille.
Aid'e de ses deux compagnons, le gouverneur de la Banque fit jouer les triples serrures. Les portes s’ouvrirent, tournant sur elles-m^emes. Or, ces portes d'emasquaient une sorte de puits, fort 'etroit, dans lequel 'etait taill'e un petit escalier en colimacon si 'etroit que Juve eut quelque peine `a y passer.
— Faites attention, recommanda M. Tissot, l’escalier a en tout quarante-trois marches. `A la dixi`eme, vous allez trouver une porte, `a la vingti`eme une autre, puis `a la trenti`eme, et enfin au bas.
Juve ne r'epondit pas. Il descendit, faisant le moins de bruit possible et s’attendant presque `a heurter `a l’improviste quelque obstacle terrible.
Il n’en fut rien cependant.
`A la dixi`eme marche, Juve trouva la porte ferm'ee qu’on lui avait annonc'ee. Les trois serrures jouaient, la porte s’ouvrit.
— Descendez, monsieur Juve.
C’'etait M. Tissot qui venait de parler.
— Je descends, riposta le policier. Mais ne fermez-vous pas la porte derri`ere vous.
— Fichtre non, on ne peut pas ouvrir de l’int'erieur, nous serions enferm'es.
— Tr`es bien, monsieur.
Juve descendit encore. La seconde porte fut ouverte sans m'esaventure. La descente continuait toujours. `A la trenti`eme marche, pourtant, Juve s’arr^eta.
— Monsieur le gouverneur, appela-t-il.
— Monsieur Juve ?
— Qu’avez-vous au juste `a faire dans les caves ?
— Je dois y prendre un portefeuille bourr'e de coupures de mille francs, une liasse de un million et demi.
— Fort bien. Et o`u est ce portefeuille ?
— Tout au fond de la cave, monsieur Juve, dans la seconde salle m^eme.
— Il y a donc deux caves ?
— Oui et non. Le souterrain, `a vrai dire, mesure cent quarante-deux m`etres de long, il est d’un seul tenant, mais en son milieu, il y a une cloison.
— Et nous allons dans le second compartiment ?
— Oui, monsieur Juve.
— Allons !
Juve descendit les trois derniers degr'es et se heurta `a la derni`ere porte :
— Ouvrez, messieurs.
Les trois serrures grinc`erent : la porte s’ouvrit.
Mais, tandis que Juve et ses compagnons avaient jusqu’alors descendu l’escalier dans une compl`ete obscurit'e car, par mesure de pr'ecautions, pour 'eviter tout risque d’incendie il n’y a point d’'eclairage dans les sous-sols de la Banque, Juve vit le souterrain s’illuminer splendidement devant lui au moment o`u la derni`ere porte s’entreb^aillait. Un m'ecanisme ing'enieux en effet a 'et'e pr'evu dans les caves m^eme, qui fait que la derni`ere porte en s’ouvrant 'eclaire les r'eserves en faisant jouer un commutateur 'electrique.
Juve alors recula 'ebloui.
Il p'en'etrait dans la grande cave secr`ete de la Banque et demeurait stup'efait des richesses inou"ies qu’elle contenait. Sur des chevalets de bois, d’abord, de grands cartons gonfl'es, bourr'es de billets de banque, s’entassaient les uns sur les autres, class'es avec ordre et contenant des fortunes `a affoler Cr'esus. Plus loin, `a demi enfonc'es dans le sol, on apercevait d’'enormes barils faits d’acier, doubl'es de plomb, bourr'es de pi`eces d’or.
Sur chaque baril 'etaient appos'ees des 'etiquettes impressionnantes :
Pi`eces de vingt francs `a l’effigie de 1889, un milliard et demi. Ou encore : Louis de vingt francs `a l’effigie de 1907, deux milliards [10].
C’'etait tout au long du souterrain un ruissellement d’or inou"i, fantastique.
— Mazette ! s’exclama Juve.
Mais ce n’'etait pas l’heure de plaisanter. La premi`ere surprise pass'ee, Juve ne songeait plus qu’au danger encore menacant.
— Faisons vite, murmura-t-il.