L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Au secours ! Au secours !
En m^eme temps, quatre portes s’ouvrirent, quatre hommes en sortirent, tenant des revolvers `a la main, pr^ets `a faire feu, et entourant Juve si rapidement que celui-ci n’eut gu`ere le temps de se reconna^itre.
— On a vol'e la troisi`eme clef, c’est Fant^omas !
`A bout d’'energie, 'epuis'e par les 'emotions qu’il venait de vivre, M. Ch^atel-G'erard ne savait plus que dire cela, et il le r'ep'etait inlassablement. Mais, tandis que le gouverneur de la Banque se lamentait, il arriva que, dans la pi`ece o`u cinq hommes maintenant menacaient Juve de leurs revolvers braqu'es, des 'eclats de rire 'eclat`erent.
Juve et ceux qui s’'etaient pr'ecipit'es sur lui 'etaient pris de fou rire, et cette gaiet'e intempestive 'etait si bizarre que M. Ch^atel-G'erard, ne comprenant plus rien `a ce qui survenait, se taisait subitement. Juve, le premier, retrouva son sang-froid :
— Monsieur, d'eclara le policier en se levant, votre sourici`ere 'etait bien tendue, mais vraiment elle 'etait inutile.
Et Juve serra la main `a l’un de ses agresseurs :
— Monsieur Havard, vous allez bien ?
— Tr`es bien, mon bon Juve.
— Et vous, L'eon et Michel ?
— Tr`es bien, monsieur l’inspecteur.
— Vous voyez, concluait Juve en se tournant vers le gouverneur, qu’il vous faut renoncer `a croire que je suis Fant^omas.
Et Juve riait de plus belle.
M. Ch^atel-G'erard, lui, demeurait grave.
— Mais je deviens fou, murmura-t-il.
Et se tournant vers le chef de la S^uret'e, il interrogeait :
— Monsieur Havard, c’est donc bien Juve, ce n’est pas Fant^omas ?
— Mais naturellement.
— Alors, comment se fait-il… ?
— Du calme, interrompit Juve, je vais tout expliquer.
Le roi des policiers s’assit `a nouveau et, tranquillement, reprit :
— Voyons, monsieur Ch^atel-G'erard, pourquoi diable avez-vous convoqu'e ici M. Havard et mes coll`egues, ces inspecteurs ?
— Mais parce que je doutais de vous, affirma sans sourciller le gouverneur de la Banque.
— Bien. En doutez-vous encore ?
— Non, bien s^ur, et pourtant…
— Et pourtant ?
— Et pourtant, reprenait apr`es une courte h'esitation M. Ch^atel-G'erard, je vous avoue que je ne comprends pas comment, si vous ^etes r'eellement Juve, vous plaisantiez comme vous venez de plaisanter en vous amusant `a me dire que la clef vous a 'et'e vol'ee.
Or, Juve, d’un geste, interrompit le gouverneur :
— Croyez bien, monsieur, faisait-il, que je ne me permettrais pas, en effet, de plaisanter ainsi. Si je vous ai dit que la clef m’a 'et'e vol'ee, c’est qu’elle l’a 'et'e. J’ajoute : heureusement.
Alors la stup'efaction de M. Ch^atel-G'erard atteignit son comble. Il se passa la main sur le front, en homme qui cherche `a se d'efendre contre un vertige effroyable.
— Vous avez l’air content que l’on ait vol'e la clef. Qu’est-ce que cela veut dire ?
— Rien, affirma Juve.
— Comprenez-vous, monsieur Havard ?
— Non, r'epondait le chef de la S^uret'e. Mais j’ai confiance en Juve.
Et M. Havard ajouta, souriant lui aussi :
— C’est bien Juve, soyez-en persuad'e.
Le gouverneur de la Banque commencait `a se demander s’il n’avait point le cauchemar, s’il n’'etait pas victime d’un r^eve, tant les attitudes des agents de la S^uret'e et de Juve lui paraissaient bizarres, lorsqu’`a nouveau, on frappa `a la porte du cabinet.
— Il est dix heures et demie, remarqua Juve tranquillement, cependant que, de son c^ot'e, M. Ch^atel-G'erard ordonnait :
— Entrez !
L’huissier qui avait introduit Juve fit de nouveau son apparition.
— Monsieur le gouverneur, d'eclara cet homme, on vient de faire porter ce petit paquet en priant de vous le remettre d’urgence. Il para^it que c’est excessivement press'e.
— J’avais dit qu’on ne me d'erange^at point ! tonnait M. Ch^atel-G'erard. Laissez cela l`a, ca n’a point d’importance. Je ne sais m^eme pas ce que c’est.
L’huissier se retira. Juve, en souriant, se leva :
— Monsieur Ch^atel-G'erard, disait-il, je vous en prie, ne vous g^enez pas pour nous, ouvrez donc ce paquet.
Et, en m^eme temps, le policier prit sur un meuble la petite bo^ite que l’huissier venait d’abandonner.
— Ouvrez donc, monsieur le gouverneur.
L’insistance de Juve surprenait bien un peu M. Havard, mais, `a un clignement d’oeil du policier, il comprit que Juve ne parlait point au hasard.
— Ouvrez donc, r'ep'eta M. Havard.
M. Ch^atel-G'erard s’ex'ecuta.
— Ah, murmurait rageusement le gouverneur, je vous assure que je me moque pas mal, en ce moment, de ce qu’il peut y avoir dans cette bo^ite. Quelque cadeau, je pense…
Il d'efit un papier blanc, du meilleur aspect, coupa une ficelle rouge scell'ee avec de la cire, arracha encore un autre papier et parvint `a reconna^itre qu’il s’agissait d’un petit coffret d’acajou cir'e.
— Cela n’a pas d’importance, murmura encore M. Ch^atel-G'erard.
— Ouvrez donc, insistait Juve.
Une seconde plus tard, le gouverneur hurlait de surprise.
— Ah, mon Dieu !
Le coffret ouvert lui 'echappa des mains. Sur le sol, trois clefs, les trois clefs vol'ees venaient de tomber.
Juve, cependant, ne paraissait nullement surpris ; simplement, au moment o`u les trois clefs s’'etaient 'eparpill'ees, il avait eu un bon sourire et s’'etait frott'e les mains.
En revanche, M. Havard, tout comme L'eon et Michel, semblaient eux, stup'efi'es.